The Chemical Brothers sortent leur nouvel album

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Avec The Prodigy et Underworld, pas de doute, The Chemical Brothers ont construit le son électro britannique des temps modernes. Résidents historiques du The Heavenly Social Club de Londres, les DJ fondateurs Tom Rowlands et Ed Simons se sont biberonnés aux Beastie Boys, à Kraftwerk et à New Order pour surfer sur le naissant Big Beat à l’aide de leurs platines. Aujourd’hui une institution, les albums sont moins attendus que lors des années 1995 – 2000, parce que moins excitants. Il en est pas moins que l’oreille n’est jamais déçue, tout au pire critique, envers leurs nouvelles productions. Qu’en est-il de ce Born In The Echoes ?

The Chemical Brothers
The Chemical Brothers

Manchester, 1989 : l’épicentre de la vague musicale folle de cette décennie, le Madchester, bat son plein, avec des groupes comme les Happy Mondays ou les Stones Roses, qui fusionnent parfaitement rythmes électroniques et guitares pop, le tout avec des chanteurs excentriques. Les Chemical Brothers sont alors jeunes et sont DJ, et entendent tout cela en background, en ayant l’autre oreille en Amérique : c’est que là bas, le hip hop sent très bon, les Beastie Boys étant le groupe qui insuffle aux blanc-becs l’insolence et le style qui leur manquait cruellement. La production d’un de leurs albums, Paul’s Boutique, a été faite par les Dust Brothers, duo de DJ mythique outre-Atlantique et maitres dans l’art du sample. Cet album est un détonateur dans leur manière de travailler, et c’est ainsi qu’ils s’appellent, les Dust Brothers, lorsqu’ils débutent dans le club de Naked Under Leather de Manchester, alors étudiants. Rapidement, ils doivent changer de nom, et c’est plutôt bon signe : les bonnes ventes de leurs singles et EP, et la renommée grandissante de leurs prestations relayés par bon nombre de DJ locaux, leur offre alors une possibilité d’une vraie carrière, et doivent signer leurs oeuvres avec le nom de Chemical Brothers, pour éviter toute confusion juridique.

Et c’est parti : avec « Exit Planet Dust » (1995) et l’ébouriffant « Leave Home« , un grand classique du Big Beat. Big quoi? C’est ainsi que l’on appelle cette musique de club inspiré des beats hip hop lo-fi mêlés à des samples syncopés et répétitifs et à des facettes rock et pop. Death In Vegas à leurs débuts, et surtout Fatboy Slim en seront les autres ambassadeurs. Mais ca sera avec « Dig Your Own Hole » (1997) et son single ravageur « Block Rockin’ Beats« , qui est le meilleur exemple de la patte Chemical : un savant cocktail de techno, de hip hop et de house, mâtiné de pop,  avec déjà un featuring de choix. Noel Gallagher, alors en véritable lévitation avec Oasis, prête sa voix dans « Setting Sun« , morceau immense, de part son intention (une relecture d’un morceau hyper visionnaire des Beatles « Tomorrow Never Knows », où Noël ne fait aucun effort pour qu’il réincarne un instant John Lennon) et sa qualité.

Le suivant « Surrender » sorti en 1999 contient aussi son lot de bombes, que ce soit le très deep house et ludique « Hey Boys Hey Girl« , ou l’autre collaboration avec Noel Gallagher, « Let Forever Be » (clip magistral réalisé par Michel Gondry), ou bien celle non moins réussie avec la chanteuse Hope Sandoval, « Asleep From Day » (qui a servi de fond sonore aux pubs Air France un moment). Un album très soigné et très planant à la fois, en témoigne cet épique morceau, « The Sunshine Underground« , fait de 3 parties, et qui même sans prise de drogues s’avère être un voyage sonique sidérant :

Un peu en retrait lors des années 2000, on peut quand même noter l’album « Come With Us » de 2002, et le très fluide « Star Guitar« , qui va crescendo et qui fuse tout droit dans les hauteurs des tubes électro (Michel Gondry à nouveau à la réa du clip, un exercice de style mathématique hallucinant qui consiste à coordonner de manière exacte le rythme du morceau avec les éléments du chemin de fer).

Pour « Born In The Echoes » qui sort ces jours-ci, à l’écoute, on fait un peu la moue tant les références des années 90, celles qui les ont instituées, ont moins de caractères : le Big Beat est occulté par des morceaux plus sobres, aux sons plus polis, avec une partie vocale quai-systématique. On s’accroche malgré tout au single « Go« , presque dance, assez hip-hop (avec à la voix, Q-Tip, membre du groupe de rap A Tribe Called Quest), et à l’ambiance franchement plus tamisée de l’ensemble. On lorgne vers le psychédélisme (« Reflexion », sympa avec  son arrangement oscillatoire à la Caribou), et même vers le minimalisme pop guilleret (le morceau titre « Born In The Echoes« ) et la rêverie électro (« Wide Open« , avec Beck). Leur discographie n’en ressort pas transcendée pour autant, les Chemical Brothers n’ont pas réinventé la roue, et sont aujourd’hui estampillés fer de lance de l’électro…  des années 90. Les artistes qui se renouvellent sont rares, ceux-là n’en font pas (encore?) partie.

The Chemical Brothers seront en concert à Rock en Seine (Domaine de Saint-Cloud) le 30 août prochain.