Rencontre avec Desmond Myers : un artiste charnel

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Auteur et compositeur américain, Desmond Myers, est un nom à retenir ! Avec son charisme, sa voix pleine de charme et son groove langoureux naturel, c’est avec un immense plaisir que nous vous partageons notre entretien avec lui sur JustFocus.  

Desmond Myers

Just Focus : C’est en 2017 que le grand public te découvre à travers le prisme du groupe de soul français Her. Tu effectuais à ce moment-là des remplacements de Simon Carpentier (voix et guitariste) dont sa disparition des suites d’un cancer à l’âge de 27 ans a marqué les esprits. Peux-tu nous en dire plus sur tes débuts ?

J’ai grandi en Caroline du Nord et j’ai commencé à jouer là-bas très jeune vers 13/14 ans. Quelques années plus tard, durant mes années lycée, j’ai rencontré un producteur qui m’a invité à enregistrer mes titres dans son studio en Allemagne et c’est ainsi que je suis arrivé en Europe. J’ai joué dans des petites salles en Allemagne jusqu’à ce que je prenne contact avec des gens sur Paris qui m’ont encouragé à auditionner pour le Lido de Paris. J’ai eu la chance et le plaisir d’être pris là-bas et j’ai donc déménagé sur Paris. Je suis passionné autant par la création que la performance, c’est pourquoi, j’ai cherché des artistes avec qui je pouvais collaborer sur Paris. J’ai alors rencontré Victor Solf de Her juste avant que le groupe ne sorte ses premiers morceaux, et j’ai travaillé un peu sur les paroles de Victor, en mode « correcteur américain ». On est resté en contact et nous avons continué à collaborer même sur ma musique. Quand Simon commençait à avoir besoin d’être remplacé sur scène, Victor m’a appelé. Nous avons partagé sur scène des moments très intenses et puissants.

Un premier single « Playing with fire », un second « Chinatown » et un futur album. Pouvons-nous en savoir davantage au sujet de ce dernier tant attendu ? Et nous réserves-tu encore d’autres surprises ?

On espère bien vous surprendre ! Le choix des singles est fait pour créer une sorte d’attente et de montée en puissance. Ces deux premiers titres sont très influencés par le soul R&B qui m’est tellement précieux, mais on espère élargir l’image et l’histoire du projet au fil des sorties de single. D’ici à l’album, il y aura pas mal des titres qui seront dévoilés et, petit à petit, j’en dis un peu plus de mon histoire, de mes pensées et finalement de mon être. J’espère intensifier un peu les choses d’ici là.

Concernant l’album, on le construit à distance en raison de la Covid-19. Je parle tous les jours avec mes musiciens en France, je leur envoie des morceaux et ils me font part de leurs avis, ils enregistrent leurs parties et mixent aussi le travail (notre guitariste Louis Marin Renaud mixe tous mes titres). On dit souvent que c’est le premier album fait sur What’s App ! Il y aura 10 titres à l’intérieur et pour le résumer en un mot, ce sera celui de la « confession ».

Tu as vécu 5 ans à Paris avant de regagner Atlanta. Quelles influences ou expériences ont eu ces deux villes dans ta vie ? Un souvenir qui t’a marqué dans chacune d’entre elles.

Même si je ne viens pas d’ici, Atlanta tient depuis toujours une place particulière dans ma vie et dans mon cœur. Mon frère y habitait et il avait un studio d’enregistrement dans sa maison. Quand je lui rendais visite, je voyais des guitares sur les murs, les micros, les amplis ; tout ce matériel pour la première fois et ça me fascinait. Pour moi Atlanta voulait toujours dire musique. On y rendait visite pour des concerts et, plus tard, les miens, car j’ai joué mes premiers concerts hors ma ville natale ici.

J’ai d’abord visité Paris grâce à la musique et la scène musicale m’a laissé un souvenir qui ne va jamais s’estomper dans ma musique, mais Paris m’a apporté beaucoup plus que ça. Atlanta, c’est la grande métropole du Sud, mais Paris c’est une capitale et une vraie métropole. Au-delà de ça, Paris est très spécifique en comparaison avec des villes américaines comme New York ou L.A. Le style de vie parisien me plaît beaucoup même quand c’était dur. Parfois, je pouvais quitter mon petit appartement et marcher, voir des gens dans la rue ; venant d’une très petite ville américaine avec de grands espaces où il faut constamment prendre la voiture, ça m’a beaucoup plu.

« Chinatown », un titre dans lequel tu déclares ta flamme au quartier chinois de Paris. Un souvenir secret à nous livrer, une expérience marquante qui est à l’origine de ce titre ?

Aucune expérience spécifique, mais la nourriture est certainement très bien et pas très chère dans ce quartier. Je ne pouvais pas me permettre un restaurant à cette époque. Du coup, des traiteurs vietnamiens, c’était mon équivalent. Je bossais beaucoup au Lido ou en studio avec des artistes à cette époque et je rentrais souvent tard la nuit. Quand j’y habitais, les bars fermaient très tard et c’était réconfortant de voir qu’il y avait toujours des gens dans la rue. Le nom Chinatown se chantait un peu mieux que Belleville et pouvait faire référence au quartier Chinatown de New York également.

Desmond Myers
@retross.e

Aujourd’hui, tu es entouré de musiciens en qui tu as confiance ; Mathieu Gramoli à la batterie, Louis Marin Renaud à la guitare et Pierre Elgrishi à la basse. Comment décrirais-tu votre relation ?

On se parle tous les jours. La blague qui revient tout le temps entre nous, c’est qu’il s’agit sûrement du premier album réalisé à distance, via What’s App ! J’écris énormément et, du coup, dès qu’un titre est fini, je l’envoie aux musiciens et on vote pour voir si on trouve démocratiquement qu’il a du potentiel ou non. L’idée, c’est de mettre en avant les meilleures idées. Dès qu’on est décidé d’un titre, tout le monde commence à enregistrer leurs parties, puis on rassemble tout, et on envoie à Louis qui en plus d’être le guitariste mixe tous les titres.

Tu continues de développer ton style et son « indé » mélange de soul/R&B et « French Touch ». Quels sont les artistes qui t’inspirent ou que tu admires ?

Les artistes actuels qui me marquent énormément sont : Frank Ocean, Perfume Genius et bien sûr Tame Impala, Weyes Blood et ROSALIÀ aussi.

Comme références plus classiques, j’adore The Iseley Brothers, Smokey Robinson, Jeff Buckley, Prince, Joni Mitchell et la chanson française aussi ; surtout Françoise Hardy dont je suis un grand fan.

Tu as réalisé un Zoom pour fêter la sortie de ton nouveau clip, comment vis-tu cette année qui a complètement bousculé l’univers artistique et culturel ?

Je le vis assez bien malgré tout ce qu’on a dû annuler comme tout le monde. Je me considère très chanceux de pouvoir continuer à bosser, il y a beaucoup de gens dont ce n’est pas le cas et j’essaie d’être conscient de ça quand c’est dur. On fait de grands efforts pour avancer malgré la situation, et je trouve qu’on le fait assez bien.

Parce que nous sommes curieux, nous aimerions savoir si le projet d’un titre en français est envisageable ?

J’ai essayé plein des fois ! J’ai des titres prêts avec un mélange des deux langues. Je pense qu’un jour ou l’autre, je vais en sortir un.

Enfin, nous terminons toujours nos interviews par la question suivante : si tu devais te définir en un adjectif, quel mot te correspondrait le mieux ?

Poisson ! Haha étant un enfant du mois de mars, je suis très attaché à mon signe astrologique.

On remercie Desmond Myers pour cette interview et on vous invite à découvrir son clip « Chinatown » réalisé par Lucille Descazaux et Francis Courbin. Laissez-vous aller et libérez vos phéromones le temps d’un weekend ou d’une chanson !