[Report] Orchestral Manoeuvre in the Dark à Varsovie

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Dans le sillage de leur 13 ème album et juste avant leur passage au Bataclan, le groupe de Liverpool est passé par la capitale polonaise. Ayant talonné Depeche Mode, Duran Duran et New Order dans la compétition du meilleur groupe de new wave dans les années 80, le groupe est tombé pour pas mal d’esprits dans les oubliettes. A tort.Orchestra Manœuvre in the Dark

 

Du post punk et du « Enola Gay »

Si certains jubilent à l’écoute de leur premiers albums, une version plus électro de Joy Division, avec des nappes de synthé gothiques dedans, d’autres seront tout aussi jouasses de réécouter leurs tubes 80s qui font la joie des soirées rétro. Quand l’électro-dark « Almost », sorti en 1980 dans l’album éponyme, va faire fondre de mélancolie gothique le fan des Cure ou des plus confidentiels de Sad Lovers and Giant, « Enola Gay » a toute sa place dans un top rétro de TF1 avec Arthur. Ca brasse plutôt large, et au Progresja de Varsovie, ils l’ont bien compris. Si en effet le fan insouciant et fêtard va se dandiner au son du tube sus-nommé ou faire un slow au son de « Souvenir », le davantage pessimiste et romantique va apprécier les quelques morceaux crépusculaire de leurs débuts. Quant à celui qui ne sait pas trop où donner son esprit tiraillé entre spleen et idéal, un bon petit « Electricity » pour mettre tout le monde sur le même fil (électrique) s’imposait comme le titre le plus représentatif de leur carrière.

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« Vous inquiétez pas, c’est juste de la pop à la con »

Mais ce n’est pas tout. De par leur soixantaine approchante, les deux compères originels que sont Paul Humphreys et Andy McCluskey n’ont eu de cesse de transmettre leur vieille complicité communicative, à base de clin d’oeil kitchs, d’attitudes de crooner ou de blagues sarcastiques. En pleine posture de distance par rapport à l’industrie musicale, comme une sorte de nique. Cette industrie qui selon l’interview donnée à Gonzaï leur a fait vivre la misère, les a mis à la botte des majors, contrairement à Depeche Mode, toujours maitres de leurs créations. Ce 11 février 2018, c’est un public bon enfant, plutôt quadra que millenial, qui est venu s’amuser au refrain dandinant de « Pandora’s box » par exemple. N’ayant plus rien à perdre et ne se prenant pas au sérieux, le fan occasionnel sera ainsi agréablement surpris par la posture de show man sans prétention, mêlant excentricité et kitch assumée. Quand ce n’est pas l’auto dérision qui ponctue les intertitres : avant d’entonner un morceau aux couleurs techno de leur dernier album, Andy prévient de pas se soucier de leur « son pop à la con », avouant avoir pacté avec Hollywood au bout de quelques albums pour se « faire du putain de fric »  . Le tout prenant un sens assez ambivalent quand on sait qu’ils étaient malgré tout fauchés après leurs tournées mondiales des années 80. Bref, le public varsovien pouvait oublier la grisaille hivernale dans ces paillettes électro-pop, qui, il est vrai penchaient plutôt pour les facilités du top 50 que dans leurs trouvailles kraftwerkiennes de leurs débuts.

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Album « Luxury Of Punishment »

Texte et photos : Piotr Grudzinski

OMD est en tournée européenne et mondiale actuellement