LUH à la Maroquinerie : l’amour brut

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Duo sur scène, couple à la ville, LUH s’empare de la mélancolie amoureuse et l’exulte en live, en témoigne la performance à la Maroquinerie.

Le fantôme de Wu Lyf

Avec un membre échappé de Wu Lyf, Luh revient sur le devant de la scène, après le passage éphémère du groupe. Souvenez-vous : l’album Go tell fire to the moutain résonnait en 2011 où on découvrait alors les résonances inédites live de Wu Lyf. Le mystère entoure encore le groupe anglais, dont on ne connaît que peu.

Reconnaissable d’entre mille, la voix est écorchée vive, rageuse, brute, et rappelle un Wu Lyf qui nous avait bien manqué. Le projet est placé sous le signe de l’amour, comme le rappelle le slogan Love Unites Humanity. Formé avec sa petite amie Ebony Hoorn, Ellery James Roberts rend sa musique sincère et travaillée. Lors d’une interview aux Inrocks, il explique : « LUH, c’est un projet pour les amoureux. Ce que j’avais perdu, c’est-à-dire l’instinct et le réel besoin de faire de la musique, je l’ai retrouvé en voulant chanter l’amour. »

LUH-Sophie_Lenhardt

Ellery James Roberts, la puissance brute

Ce qui frappe chez Ellery James Roberts, c’est d’abord sa voix rugueuse, brute, criée dans un souffle, qui ne faiblit pas et qui garde cette trace indélébile tout au long du set.  Véritable hymne et tube en devenir, Beneath révèle des bases hip-hop dynamique, tandis que Roberts. agressif et juste, balance ses mots en cadence.

La voix écorchée, les muscles saillants, la perle de sudation au coin du front, il s’avance sur la scène de la Maroquinerie comme un athlète sur un ring de boxe. A l’instar de son projet basé sur l’amour, le rock se transpose dans sa plus pure forme.  First Eye to the New Sky  montre son étendue, à la fois calme et puissant, tandis que S.O.R.O., en total autotune, peut paraître totalement étranger au reste de l’album.  Sur scène, ce titre reprend une forme normale, tout en s’approchant de ce à quoi la musique actuelle peut ressembler.

LUH-Sophie_Lenhardt

Ebony Hoorn maintient l’équilibre

Ebony Hoorn, à l’aise sur la scène, laissant sur son passage clins d’œil et pulsation rock, saute, tourne et reprend son souffle. Poussée sur scène par Ellery James Roberts, elle semble harmoniser l’animalité de son camarade, tout en étant sa plus belle réussite. On entrevoit la présence néanmoins discrète d’Ebony Hoorn tout au long de l’album, elle qui porte parfois des chansons en solo, s’en tire bien face à l’étendue musicale que peut développer Roberts. Une voix grave résonne dans le fond de l’oreille. Dans Unites, décrit par le groupe comme une ‘chanson d’amour’,  ce titre est à la fois projeté sur leur couple sur scène, mais aussi tente de  démontrer la complexité du monde et les choix humains.

L’amour au cœur du projet

Les guitares grincent, tandis que la batterie reste impassible. Il ne s’agit pas pour LUH de s’encombrer de la force des instruments, mais de cracher un intérieur qui gêne. Exulter paraît être le seul remède à leurs maux. La complicité évidente du duo ne parvient pas à arrondir les angles, même si toutefois la ballade Future Blues recouvre un registre surprenant pour Ellery James Roberts. Conduit par Ebony Hoorn, le titre est doux et sensuel. En sortant de son carcan de back-up vocal, la voix grave et posée de Hoorn est mise en valeur par les longs accords de la guitare. A de nombreuses reprises, des bouts de phrases accrochent le public, des messages plein d’espoir sur les hommes et l’amour. Dans I&I, LUH présente une ballade intense, où la voix d’Ellery James Roberts est rejointe par un écho féminin. Ici s’illustre avec brio la dualité du groupe, brute et mélodieuse. C’est d’ailleurs sous cette forme qu’apparaît la voix suave d’Ellery James Roberts, langoureuse et aérienne, transformant un concert stimulant en une belle pièce rock, punaisée d’une guitare carillonnante.  

LUH-Sophie_Lenhardt

Au-delà du couple formé sur scène, LUH, , ce sont aussi les initiales de Lost Under Heaven et de Love Unites Humanity. Une quantité de messages pour ces deux artistes confirmés.