[Live Report] We Love Green : Après la pluie, le beau temps

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Si les intempéries de la veille ont empêché de maintenir les concerts prévus, le festival We Love Green a pu maintenir sa programmation pour la fin du weekend.

Après trois ans d’absence, le festival We Love Green est revenu en force pour une nouvelle édition maintenue avec un mot d’ordre : nouveau monde. À l’heure où la question écologique peine à se faire une place dans les grands débats, le festival a permis de mettre en lumière les enjeux climatiques à travers un programme riche et diversifié, entre conférences, tables rondes et interventions engagées.

14H20 – Le début des festivités

A peine arrivée sur la plaine qu’on est directement happés par le set de la dj Salomé le chat qui accueille les festivaliers et festivalières.

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Si je comptais faire un aller-retour express au Think Tank, je me suis vite retrouvé assise avec le public du podcast « A bientôt de te revoir » animée par Sophie-Marie Larrouy, écoutant religieusement ses invitées : les journalistes Salomé Saqué et Paloma Moritz, ainsi que la militante écologiste Camille Étienne. On y a parlé journalisme évidemment, militantisme, mais aussi la place de la question climatique dans les grands médias et la difficulté à l’imposer, notamment en tant que femme. La question de la formation des journalistes à ces enjeux s’est également posé (faire en sorte que « l’écologie ne soit plus une rubrique »), la manière dont on partage les information à son échelle, et ce malgré les réactions que cela provoque. Ainsi, entre conseils pour ne pas se sentir submergé, sororité et une tentative de pitch (foireux) de Matrix, la discussion s’est terminée par un tonnerre d’applaudissements du public, et a permis de commencer la journée sur les chapeaux de roue.

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Enregistrement du podcast « À bientôt de te revoir »

Direction la Canopée pour aller voir le groupe Half Pipe. Découvert avec le Tremplin Rock 2019 des Hauts de Seine, les parisiens ont déjà pu côtoyer le monde des festivals à Rock en Seine la même année, et ont donc pu se confronter au public de We Love Green. Et autant dire que la rencontre fut réussie. Avec une musique rock aux accents punk et jazzy, Oscar, Mayeul, Benjamin et William ont retourné la scène de la Canopée avec de pures moments de jouissance digne des grands shows de rock. Le clou du spectacle fut le pogo auquel s’est joint le chanteur, William, pour entrer en pleine communion avec le public.

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Half Pipe


15h00 – Mysticisme

À la fin d’Half pipe, une grande partie des festivaliers se dirige sous la tente de la Clairière pour y voir Ibeyi. À l’occasion de la sortie de leur album Spell 31, les deux sœurs nous ont fait le plaisir d’être présente sur la scène de We Love Green. Dès les premières notes retentissantes, on est envouté par les voix des sœurs franco-cubaines qui, comme d’habitude, donne l’impression d’être un groupe entier de vocalistes. « We bring magic » ont-elles clamé au début du show, chose que les deux ont confirmée tout le long du spectacle, entre mysticisme et pur turn-up en terminant sur leur hit « River ».

En même temps que le concert battait son plein, c’est la même chose pour le reste du bois de Vincennes où les stands sont en ébullition, où ça chante du Johnny à la green room, et où d’autres concerts ont lieu comme celui de Mandarine.

Si vous ne connaissez pas ce groupe et que le nom vous interloque, ce sera sûrement la même chose vis-à-vis de sa musique. Et pour cause, « On aime bien faire des choses qui surprennent les gens » a déclaré Palmero, le rappeur toulousain. Mélange de rap, de jazz et pop planante, ce groupe de rap offre une nouvelle forme au genre musical avec des prods dansantes, des textes à la limite de l’absurde et un spectacle (très) chorégraphié. Et le mélange fonctionne : on se laisse aller timidement sur « Kung fu twister » puis on finit par rejoindre le groupe dans sa « danse macabre » qui a tout d’une danse de groupe joyeuse.

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Mandarine

 

16h10 – À l’international

Changement d’ambiance radical, cap vers la scène de la Prairie où performait la londonienne Greentea Peng. Entre soul et RnB enrichies par les accords de kora, spiritualité et amour, la chanteuse a charmé le public du bois de Vincennes avec une voix réconfortante et irrésistible, tellement irrésistibles que même le soleil a fini par pointer le bout de son nez.

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Greentea Peng

Un autre britannique était de la partie, Central Cee, la star de la drill UK. 16h30 et l’espace de la Clairière est plein à craquer. Son dj parvient à faire monter la pression avant l’arrivée du rappeur, avant que ce dernier arrive déterminé à retourner le festival. Ainsi, Central Cee apparaît comme un joueur olympique avec une concentration sans faille et en ne laissant aucun répit à son public, enchaînant les titres les uns après les autres. Pourtant, le jeune drilleur de 24 ans laisse afficher un sourire franc à son public, le remerciant plusieurs fois pour finalement célébrer avec lui l’obtention de son disque d’or français pour « Obsessed with you ».

 

16h56 – Le temps est bon, le ciel est (presque) bleu

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Festivaliers heureux

Je ne saurais dire si c’était l’euphorie du festival ou la joie de se retrouver malgré les problèmes de la veille, mais une ambiance bienveillante imprègne tout le festival. Les gens dansent, chantent, prennent des photos, se baladent, bref, profitent de l’espace du bois, se laissant aller à ce bien-être généralisé après une période sous covid difficile. Ainsi, en plein milieu du bois, vous pouvez tomber sur un groupe de personnes chanter à tue-tête « Freed From Desire ». Le set du dj australien, Partiboi69, bat également son plein et offre un joyeux retour dans le passé avec un remix de Linkin Park, mais je préfère me diriger vers l’une des artistes attendues du weekend, j’ai nommé Arlo Parks.

17h15 et le public de la jeune chanteuse est déjà là à l’attendre pour 17H30. La scénographie est fleurie, à l’image de sa musique, similaire à une rose fragile dont les épines peuvent tout de même vous blesser. Et pour cause, l’arrivée d’Arlo Parks se fait douce et joviale, avec des salutations dans un français parfait (« je suis désolée si mon français n’est pas terrible » s’excusera plusieurs fois la modeste britannique). Arlo Parks nous bercera de sa douce voix en chant son album Collapsed in Sunbeams avec des titres phares comme Eugene ou encore Black Dog, avec de moments plus ardents. Je ne peux malheureusement rester jusqu’à la fin mais j’en garde un agréable souvenir et me dirige vers la Prairie pour y retrouver le groupe Wet Leg.

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Arlo Parks

 

18H10 – Quand y’en a plus…

Complète découverte me concernant, le groupe de rock anglais Wet Leg explose les charts à chaque nouveau hit. Pourtant, quand on les voit habillées comme deux poupées de porcelaines et la liberté du groupe, on est seulement marqué par leur talent brut. Du rock pur et dur comme on l’apprécie, des paroles catchy, et une énergie libératrice, telle est la recette du succès scénique de Wet Leg, et ce, sans mauvais jeu de mot, avec la pluie qui aura, malheureusement, été un obstacle à l’appréciation complète du show.

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Wet Leg

Après une petite balade pour aller voir les sets de la chanteuse Juliette Armanet et de la dj Shygirl, direction le concert d’Angèle à la Prairie où se sont agglutinés ses plus fidèles admiratrices/admirateurs. Me frayant une place au-devant de la scène dans l’espoir de capturer de jolies images, la météo en a décidé autrement avec de violentes averses peu après le début du concert. Impossible de sortir sa caméra, mais possible de profiter du spectacle avec une Angèle meneuse de troupe accompagnée de son crew de danseurs et danseuses. La belge enchaîne les morceaux de son dernier album Nonante cinq, mais aussi ses hits dont le fameux « Balance ton quoi », « Tout oublier » et « Fever ».

 

20H45 – Une fin en apothéose

Ça serait vous mentir que de vous dire que je n’ai pas attendu 1 heure debout dans la fosse pour PNL. Tout comme une large partie du public d’Angèle qui, à la fin du show, reste pied ferme, prêts à patienter une heure aussi. Alors on essaye de passer le temps : on regarde les installations de la scène, on se zieute pour savoir qui sont les gens qui apprécient autant Ademo et Nos que nous pour voir ce qui nous assemble et nous différencie. On passe également le temps à observer les malaises qui se multiplient alors que l’heure du concert approche, à regarder avec dégoût le jeune garçon blême qui vomit au visage du premier rang au moment où il est évacué de la fosse. On chantonne aussi, en s’imaginant les morceaux qui seront joués (« Imagine qu’ils chantent « Da » ??). Mais malgré les plaintes, les disputes, les pronostics approximatifs, tout ceci se suspend dans l’air lorsque les lumières s’éteignent. Les téléphones et les cris se lèvent, l’écran montre deux lumières, rose et bleu, deux étoiles virevoltant au-dessus de la scène pour finalement atterrir dessus et laisser apparaître les deux frères. Si le public de PNL à We Love Green se caractérise par ses différences notables, il est en parfaite osmose à ce moment-là. Il est en osmose lorsqu’il hurle les paroles de « Deux Frères », « Onizuka » ou encore le « Ma vie, ma vie » du single « A l’ammoniaque ». Si les deux frères sont arrivés en retard à 22 heures et quelques, ils nous ont très vite emportés, de là à en oublier qu’on était en festival.

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Ademo
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Nos

 

Le festival s’est donc achevé pour moi sur cette apothéose. Sur le chemin vers la sortie, on pouvait entendre que la fête battait son plein avec une Bianca Costa au think tank, ou encore Maceo Plex au Lalaland. Quoi qu’il en soit, We Love Green sera revenu en force pour cette nouvelle édition, et on espère que l’année prochaine sera plus indulgente pour eux.