Baltimore Rising de NATION ou la Future Soul à la française

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NATION, alias Guillaume Destot, a sorti un premier EP, Baltimore Rising, en octobre dernier. Alors qu’un deuxième est prévu pour le mois de mars 2018, Justfocus revient sur cet artiste français prometteur. 

Histoire de bien commencer l’année, Justfocus part à la pêche aux nouveaux artistes. Et on commence avec Nation qui s’apprête à sortir un Ep de 6 titres en mars prochain. En attendant, on revient sur son premier single, Baltimore Rising.

Future Soul

Si le terme Future Soul vous semble un peu obscur il est pourtant très en vogue depuis 2010. Plus ou moins inventé au départ par l’auteur-compositeur-interprète britannique Daley, c’est un savant mélange de Soul et de RnB qui aujourd’hui bénéficie en plus d’apport musicaux encore plus riche comme la pop, l’électro, le dubstep, mais aussi le jazz ou la funk. Très souvent mélancolique, la Future Soul s’est largement déversée sur les ondes ces 5 dernières années et profite d’un bel espace d’expression. 

Baltimore Rising, le premier single de Nation

Mais aujourd’hui on se penche sur le travail de Guillaume Destot, ex-leader de Vim Cortez, connu désormais sous le nom du projet NATION. Avec son single Baltimore Rising, il pose les bases d’un style qu’il se réapproprie pour y ajouter une french touch qui fait la différence. Quelque chose de retenu et de très relâché en même temps. Sensible, sans sensiblerie. Fort en émotion mais pas larmoyant. C’est beau et touchant !

Musicalement, ça sonne un peu rétro avec quelques sonorités dans la tendance revival 80’s. Vocalement, c’est très en place, ça vibre. Le timbre est chaud et ça s’envole aisément dans les aiguës, jusqu’à cette rupture rythmique qui s’agite et s’emballe, créant comme un effet de panique. A la reprise, le thème devient un peu plus dramatique avec une guitare électrique en fond qui vient gratter le tout. Une très belle réussite pour ce titre !

Baltimore Rising, un single engagé

Mais pourquoi ce titre ? y a-t-il un lien avec les événements de Baltimore de 2015 ?

Guillaume Destot a répondu à nos questions :

Oui complètement, ces événements sont bien la source d’inspiration de cette chanson.

Est-ce un hommage à Freddie Gray ?

A Freddy Gray, mais aussi à la communauté Afro-américaine de Baltimore, à sa souffrance et à sa dignité en réponse à ces violences. Ces événements m’ont profondément touché et perturbé, comme celle de Trayvor Martin en 2012, Eric Garner en 2015…

Est-ce une revendication ? Un soutien ?

Je n’ai pas de revendication particulière, même si je rejoins bien sûr celles du mouvement Black Lives Matter. Ce ne serait pas ma place de toute façon, je suis un observateur extérieur, mais je ne peux pas m’octroyer le droit de parler à la place des gens directement concernés, qui en souffrent au quotidien et au premier degré. C’est pourquoi je n’en parle pas sur un mode ‘revendicatif’, mais poétique, disons, indirect.

Les paroles alternent entre plusieurs points de vue, plusieurs voix. Le point de vue de départ, c’est celui d’un flic qui se trouve face aux manifestants, et qui prend conscience qu’il doit oublier son humanité, la laisser tomber comme un costume s’il veut obéir aux ordres. Alors il ne sait plus trop quoi faire. Et les autres voix, c’est celles des manifestants, la communauté, qui cherchent à se donner du courage et du réconfort dans l’adversité. Et puis il y a ma voix à moi qui se fait entendre, pour exprimer cet étrange deuil, qui n’est pas le mien, et qui est quand même le mien.

Quel est ton opinion face au retour inquiétant de la « ségrégation » aux Etats Unis ? Comment te sens-tu impliqué ?

La ségrégation n’a jamais disparu, elle s’est simplement retrouvée plus dans les médias ces dernières années, et bien sûr, l’arrivée de Trump au pouvoir a désinhibé les groupuscules racistes extrémistes. Depuis plusieurs années, notamment le mandat de Rudy Giuliani à New York, la police américaine semble aussi s’autoriser plus de violences qu’auparavant. Je me rappelle très bien de l’affaire Rodney King, et des émeutes qui avaient suivi l’ acquittement des policiers qui l’avaient passé à tabac. A l’époque déjà ça m’avait beaucoup perturbé, donc c’est un sujet qui m’importe depuis longtemps.

Mon implication est émotionnelle et artistique: cette chanson est un témoignage de ce que je ressens à propos de cette situation, et ma façon d’y répondre, c’est en l’absorbant dans mon imaginaire, pour en parler avec mes mots. C’est avant tout une façon d’exorciser quelque chose de douloureux.

Sublime projet lorsqu’on en perçoit le sens et la profondeur !!!

Ce premier single s’accompagne d’un autre titre : Computer Purple

Ici, il s’agit plus d’une histoire d’amour sur fond presque psychédélique qui pourrait se situer dans un univers proche de Blade Runner. Quelque chose d’irréel et fictionnel se dégage des paroles  ; il y a une poésie complètement futuriste et perturbante qui rend Computer Purple complètement envoûtant.

Rendez-vous en mars prochain pour découvrir la suite de l’aventure musicale de NATION.

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