Connue pour son look extravagant et son style de vie décalé, le talent d’Amy Winehouse est trop souvent oublié ou mis de côté. De son premier album Frank en 2003 à sa mort le 23 juillet 2011, revenons sur cette carrière hors du commun.
2003 : Frank, son premier album
En 2006, Amy Winehouse sortait Back to Black, l’album soul qui l’a propulsée au rang de star internationale. Pourtant, en 2003 sortait Frank, son premier album. Est-il le digne prédécesseur de Back to Black ?
Les racines d’Amy Winehouse
Frank est incontestablement un album plus posé, plus smooth que Back to Black. Les débuts d’Amy Winehouse sont ancrés dans un style de jazz et soul classique. Après tout, la chanteuse n’a jamais caché ses influences, telles que Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald. L’introduction est donc chantée en scat, ce style de jazz vocal rendu populaire dans les années 20. I Heard Love Is Blind, au rythme lent accompagné de guitare jazz laisse la voix d’Amy Winehouse s’exprimer comme la pure chanteuse de jazz et soul qu’elle était.
Moody’s Mood For Love, la reprise du standard de jazz devient ainsi presque une bossa nova, accompagnée de cuivres et se finissant par une outro sans chant. You Sent Me Flying démarre par une balade où la voix est portée par un piano très jazz. Cependant, au milieu du morceau, un rythme plus moderne vient soutenir la musique. Amy s’éloigne petit à petit du jazz vocal classique.
Vers Back to Black
Stronger Than Me, le deuxième morceau de l’album, présente déjà Amy Winehouse comme une femme puissante (« You should be stronger than me/You’ve been here seven years longer than me/Don’t you know you supposed to be the man? Not pale in comparison to who you think I am »). In My Bed est bien plus moderne, tant dans la rythmique que dans le phrasé de la voix. Des influences à la Erykah Badu se font ressentir et Amy s’approprie très bien ce style plus soul/hip-hop.
La ligne de piano qui sert d’introduction à Take the Box est elle aussi plus moderne, ainsi que le reste du morceau. A la première écoute, le titre semble presque insipide, comme une énième balade jazzy. Cependant, le clavier presque 70’s, les lentes montées de cuivre et les chœurs laissent s’exprimer la voix d’Amy, avec douceur et puissance.
Les paroles d’Amy Winehouse sont aussi très personnelles et les textes déjà percutants. What It Is About Men (« I’m nurturing, I just wanna do my thing/And I’ll take the wrong man as naturally as I sing /And I’ll save my tears for uncovering my fears ») annonce déjà les déboires amoureux de la chanteuse pendant la période Back to Black. Amy Winehouse reste cependant une femme forte et sûre d’elle : dans Help Yourself, les paroles ne trompent pas : « You’ve got the degree in philosophy/So you think you’re cleverer than me ’cause you so smart/But I’m not just some drama queen ». Amy Amy Amy (Outro), le dernier morceau, suivi de Brother et Mr.Magic, des titres cachés, finissent l’album en laissant la place à une évolution musicale que la chanteuse saura effectuer lors de l’enregistrement de Back to Black.
Il est assez incroyable de noter qu’Amy Winehouse avait seulement 20 ans à la sortie de Frank. L’album sonne comme si elle avait déjà chanté dans tous les clubs de jazz d’Angleterre. Amy Winehouse possédait déjà une vraie maturité dans la voix, qui prendra tout son sens dans Back to Black, beaucoup plus abouti musicalement que Frank.
Auteur : Léa Fernandez
2006 : la sortie de Back To Black
En octobre 2006, Amy Winehouse sortait son second album studio. Intitulé Back to Black et aux antipodes de son premier album Frank sorti 3 ans auparavant, cet album allait être consacré l’album soul de la décennie 2000. Retour sur un chef d’œuvre musical qui contait la descente aux enfers d’une artiste au talent indiscutable, et qui lui valut le Grammy de « meilleur album pop » en 2008.
La révélation soul du millénaire
En dehors des contrées britanniques, Amy Winehouse est restée pour le moins méconnue du grand public jusqu’à l’automne 2006. Son premier album Frank, sorti en 2003, et sublime galette jazz avait ravi les aficionados de musique sans pour autant faire son chemin jusqu’à la reconnaissance ultime qu’un tel talent pouvait espérer. Alors que le monde de la musique populaire s’extasiait des prouesses technologiques qui émanaient des tubes d’un Timbaland qui avait retrouvé goût à la production musicale depuis le décès de la sublime Aaliyah 5 ans auparavant, rien ne semblait présager un retour vers les sources d’une musique habitée par la peine et les sentiments les plus profonds.
C’était sans compter sur une jeune chanteuse londonienne du nom d’Amy Winehouse qui prit le monde de court avec son single Rehab. Comme beaucoup de chansons soul, Rehab raconte une histoire peu glorieuse et empreinte de peine. Avec le succès mondial de ce titre, le public découvre une chanteuse torturée, emprise à des démons puissants qui ne demandent qu’à être apaisés. Le reste de l’album est d’autant plus touchant qu’il arbore des thèmes véritablement intimes. Dans la chanson Back to Black qui donnera son titre à l’album, Amy se livre comme jamais. Elle raconte le moment où son petit-ami Blake Fielder-Civil l’a quittée pour son ex petite-amie, ce qui la rendit accro à l’alcool et à l’héroïne.
A vrai dire, cet album aurait pu passer pour l’album de la rédemption, celui qui aurait pu faire passer les anciens démons d’Amy Winehouse derrière elle. En vain… Il est établi que la chanteuse à la voix en or est restée bloquée dans son désarroi qui l’a conduit à sa perte. A l’écoute des titres tels que Tears Dry on their Own ou encore Love is a Losing Game, on entre au plus profond de ce qu’une chanson peut révéler de son auteur. A la fois magistral et poignant, Back to Black marque les années 2006 et 2007 par sa justesse incomparable.
Un trio qui a un temps touché la perfection
Talentueuse sans aucun doute, Amy Winehouse doit aussi cet album à Mark Ronson et Salaam Remi, les 2 co-producteurs de Back to Black. Déjà présent sur Frank, Salaam Remi produira Me & Mr Jones, Just Friends, Tears Dry on their Own, Some Unholy War et Addicted. Le reste de l’album (Rehab, You Know I’m no Good, Back to Black, Love is a Losing Game, Wake up Alone et He Can Only Hold Her) sera produit par Mark Ronson. La magie de Back to Black réside peut-être aussi dans l’élaboration de cet album. Alors que la plupart des artistes de sa génération courent après les plus grands producteurs pour truffer leurs albums de tubes, Amy Winehouse la joue simple et plus personnel.
Pourquoi cette vieille tambouille a toujours aussi bien fonctionné ? Peut-être parce qu’au-delà de la recherche du tube à tout prix, les meilleures chansons sont réalisées quand il y a une véritable alchimie entre un artiste et son producteur. Ici, le cas est plus que réel. Mark Ronson, qui a travaillé avec Lily Allen, et depuis avec Bruno Mars et Lady Gaga pour ne citer qu’eux, a souvent évoqué que sa collaboration avec Amy Winehouse était basée sur la connaissance profonde qu’il avait d’elle. L’idée derrière Rehab est venue d’une discussion où Amy Winehouse lui expliqua que son père voulait l’envoyer en cure de désintoxication après son chagrin d’amour. Refusant, Amy lui raconta l’histoire comme le ferait une personne à un ami. Bingo, en un rien de temps, la chanson était née.
Le partage et la proximité auront permis de mettre en musique les détails les plus sombres de la vie d’Amy Winehouse. On peut se sentir peinés du destin tragique de cette jeune femme perdue et incomprise, mais nous pouvons aussi remercier sa voix, sa manière de conter les histoires et sa vulnérabilité qui auront fait éclore un album pour lesquels les superlatifs ne seront jamais assez.
Auteur : Grégory Alleaume
Ses nominations et récompenses aux Grammy Awards
60 nominations et 23 prix toutes cérémonies confondues, c’est le nombre astronomique de récompenses que la légende londonienne a accumulé tout au long et au-delà de sa vie. Depuis 1958, les Grammy Awards sont considérés comme la cérémonie de remise de prix la plus prestigieuse de l’industrie musicale. Et si Amy Whinehouse a marqué les esprits, elle a également conquis l’Académie : sa carrière a été récompensée de neuf nominations et sept prix.
On le sait, c’est en 2007 que sa production a touché la majorité pour la première fois, il paraissait donc logique que les Grammy Awards de 2008 soient portés par de nombreuses nominations. Six au total, pour un nombre final de cinq prix reçus cette année-là. Le single Rehab était simultanément « meilleur enregistrement », « meilleur morceau » et « meilleure performance pop de l’année » tandis que Back To Black gagnait le titre de « meilleur album pop ». Une soirée qui se terminera sur le titre de « meilleur nouvel artiste », puisque seul manquait à l’appel le prix du « meilleur album » gagné par le jazzman Herbie Hancock. Pour couronner le tout, un record admis par l’organisation du Guinness World Records : la chanteuse devenait l’artiste britannique la plus récompensée par l’Académie des Grammy Awards…
De son vivant, Amy Whinehouse ne gagnera qu’un seul autre Grammy, celui de la « meilleure performance pop en duo/groupe » de l’année 2011, accompagnée de Tony Bennett avec Body and Soul.
Si la chanteuse nous quittait plus tard cette année-là, sa disparition ne signait pas celle de sa présence dans les remises de prix. Plus d’un an après son décès, Cherry Wine, morceau en collaboration avec Nas était nominé en tant que « meilleure collaboration rap/chant ». Dernier Grammy posthume, le film biographique AMY gagnait en 2016 le prix du « meilleur film musical », une récompense indirecte, qui complimentait de manière poignante l’entièreté de sa vie et de sa carrière.
Auteur : Emma Da Palma
Des collaborations musicales variées
La discographie d’Amy Winehouse n’est certes pas longue comme le bras, mais elle a le mérite d’être intemporelle et rien n’est à jeter. Il est vrai que nous aurions adoré avoir plus à écouter, mais qui peut se lasser de chansons aussi sublimes que l’on peut trouver sur les albums Frank et Back to Black ?
Si le cœur nous en dit, allons explorer les collaborations qui ont aussi façonné la carrière musicale de cette chanteuse qui restera à jamais dans cœurs. Retour sur 3 collaborations aussi variées soient-elles, qui nous démontrent une nouvelle fois l’étendue du talent d’Amy Winehouse.
Mark Ronson – Valerie (2007)
Quelques mois après avoir aidé à la collaboration de l’album Back to Black d’Amy Winehouse, le producteur anglais Mark Ronson fait une nouvelle fois appel à la soul lady du millénaire pour son deuxième album studio, Versions. Et pourquoi changer une recette qui fonctionne sublimement ? Ici, Mark Ronson propose un opus entièrement composé de reprises de titres phares revisités à la sauce soul. On passe de chansons de Coldplay à Britney Spears et on atterrit sur une reprise surprenante du groupe de rock britannique de la chanson Valerie, chantée par The Zutons en 2006.
https://www.youtube.com/watch?v=4HLY1NTe04M
On oublie les grosses guitares et le style je-m’en-foutiste des groupes de cette époque pour réchauffer l’atmosphère grâce aux trompettes, batteries et la voix rauque et indescriptible d’Amy. Si l’originale semble caustique, cette version prend nettement plus d’ampleur grâce à la réorchestration de Mark Ronson et bien sûr à l’interprétation d’Amy Winehouse.
Tony Bennett – Body and Soul (2011)
Avant de créer l’album Cheek to Cheek en 2014 avec Lady Gaga, la légende du jazz Tony Bennett a eu l’idée pour son album Duets II (composé de reprises jazz) d’inviter Amy Winehouse à l’accompagner sur Body and Soul, une chanson datant de 1939 et interprétée à l’origine par Coleman Hawkins.
A l’écoute de ce titre, on est véritablement frappé par la maturité qui se dégage de la voix d’Amy Winehouse. Comment une artiste de seulement 27 ans peut-elle nous transporter autant ? Décédée depuis plusieurs mois lorsque la chanson sort en single, on ne peut que se sentir ému de voir la jeune Amy rayonnante, aux côtés d’une autre légende de la musique. Tel un ange que l’on pourrait croire meurtri, on voit surtout une artiste en phase avec ce qu’elle savait le mieux faire. On réécoute encore ce titre aujourd’hui, avec la même sensation d’émerveillement comme au premier jour.
Nas – Cherry Wine (2012)
Pour beaucoup d’artistes, passer d’un genre à l’autre peut s’avérer périlleux et inutile, soyons honnêtes. Quand Nas annonce en 2012 que son album Life is Good contiendra un duo avec la défunte Amy Winehouse, l’étonnement est grand. Une légende du rap et Amy Winehouse réunis sur un titre ne pouvait que créer l’événement.
Sorti tout droit des sessions d’enregistrements de Back to Black avec Salaam Remi, Cherry Wine fait revivre l’âme torturée d’Amy Winehouse à travers un titre singulier, où la voix de la principale intéressée semble moins présente que sur la plupart de ses titres, comme si elle chantait de l’au-delà. Le clip de la chanson portera ce sentiment jusqu’à son paroxysme en faisant apparaître Amy Winehouse tel un fantôme sur grand écran, dont la voix nous hante à jamais.
Auteur : Grégory Alleaume
Ses relations amoureuses
Tyler James : le premier amour
Si Amy Winehouse a osé devenir chanteuse, c’est aussi un peu grâce à son petit copain de l’époque Tyler James qui l’avait poussée à présenter une maquette chez Island Records. Il s’agissant de Frank son premier album qui est sorti en 2003. Ce dernier rencontra un succès outre-manche et de nombreuses critiques élogieuses.
Blake Fielder-Civil : la sombre histoire d’amour
Amy Winehouse et Blake Fielder-Civil ont commencé à sortir ensemble en 2005 pour se marier ensuite le 18 mai 2007 à Miami. Un mariage qui apporta à Amy un amour passionné, l’inspiration pour de nombreux morceaux désormais devenus des hits mais surtout sa descente aux enfers. En effet, c’est ce dernier qui fit sortir le plus mauvais d’Amy. La plupart diront que si Amy est morte, c’est la faute de Blake. Si le couple divorça en 2009, leur idylle ne s’arrêta pas pour autant cette année-là.
Reg Traviss : un amour plus paisible
C’est auprès du réalisateur Reg Traviss que la chanteuse retrouva le bonheur en 2010, ils parlèrent même de mariage et enfants. Cependant, ne supportant plus les addictions d’Amy, il la quitta en mai.
Pete Doherty : la relation mystérieuse
C’est dans un entretien avec le Daily Mail que Pete Doherty a avoué qu’Amy et lui étaient amants, mais qu’il l’aimait. Il lui a rendu hommage avec son titre émouvant Flag of the Old Regime.
Auteur : Camille Eleonor
Sa famille
Chez les Winehouse, la musique est une histoire de famille. Dès son plus jeune âge, la petite Amy fut bercée par les mélodies jazzy jouées par ses oncles maternels. Le côté parternel n’était pas en reste car, avant de devenir chauffeur de taxi, Mitch Winehouse, le père d’Amy, s’est essayé à une carrière de chanteur. Il reprenait les grands classiques du jazz dans les bars et autres minuscules salles de concerts qui sont légion à Londres. La jeune Amy a donc très rapidement connu les plus grands tubes de Frank Sinatra, Ella Fitzgerald ou Billie Holiday, qui influencèrent beaucoup le début de sa carrière.
Lorsque l’on s’attarde un peu sur la vie de famille d’Amy Winehouse, on se rend compte que la jeune femme a sûrement été longtemps tiraillée entre ses deux parents. En effet, Mitch et Janis Winehouse divorcèrent lorsque leur fille unique eut 9 ans. Comme pour beaucoup d’enfants, cela fut une épreuve pour elle. Mais, avec ses talents musicaux indéniables qui grandissaient, Amy se retrouva entre l’ambition de son père qui souhaitait voir sa fille réaliser les rêves qu’il n’avait pu satisfaire, et une mère protectrice qui souhaitait que son enfant ait la vie la plus normale possible.
D’ailleurs, cette différence de point de vue entre les deux parents s’est encore exacerbée avec la mort tragique d’Amy Winehouse. Mitch s’est construit une réputation d’accro des médias, courant presque entre les interviews, sous couvert de vouloir continuer à faire vivre la mémoire de sa fille. Ce qui ne l’a pas empêché de profiter de la gloire autour du nom Winehouse pour tenter de (re)lancer sa carrière de crooner. Échec cuisant pour le patriarche, qui continue donc à gérer l’oeuvre posthume d’Amy. Janis Winehouse, au contraire, s’est montrée très discrète pendant et après la carrière de sa fille. D’elle, on se rappelle surtout l’embrassade émue avec Amy lors des Grammy Awards 2008.
Auteur : Soraya
Ses concerts en France
Si la chanteuse anglaise est notamment décriée pour ses performances de qualité aléatoire, nous n’avons eu que peu d’occasions de témoigner de ses concerts en France. En 2007, sur quatre dates prévues, Amy Winehouse n’en assure que deux. Tout d’abord, le Trabendo, prévu en mars, est annulé. Cependant, au début de l’été, elle délivre une performance excellente aux Eurockéennes de Belfort à retrouver intégralement sur YouTube. Puis, fin août, elle doit se produire sur la Grande Scène de Rock en Seine mais annule une nouvelle fois, quelques jours auparavant. Enfin, un nouveau concert au Zénith de Paris en octobre, transféré à la dernière minute de l’Olympia au Zénith pour ravir les insatisfaits. Sur Internet, les avis divergent, faisant les louanges de sa voix puissante mais déplorant son attitude ridicule sur scène.
En 2008, la chanteuse est à nouveau à l’affiche de Rock en Seine. Tête d’affiche du vendredi, les festivaliers sont nombreux à attendre ce moment avec impatience, en espérant que la diva ne leur pose pas un lapin de la même manière que l’année d’avant. Ainsi, toute la journée, de nombreuses rumeurs fusent dans le Parc de Saint-Cloud. Certains y croient, d’autres non.
21h30. 45 minutes avant l’heure prévue du début du concert, l’annonce est faite au micro et le verdict est sans appel : Amy Winehouse ne se produira toujours pas sur la Grande Scène de Rock en Seine cette année. La désillusion gagne le festival et les sifflets se font entendre. Plus tard, dans un communique, Rock en Seine explique : « Amy Winehouse devait arriver sur le site ce vendredi en début de soirée. Nous avons été informés à 20h00 par son agent présent sur place qu’elle ne serait finalement pas là ».
Auteur : Simon Brazeilles
Sa dernière tournée chaotique
A l’été 2011, Amy Winehouse prépare son retour avec une tournée des festivals européens. Espagne, Suisse, Italie, Grèce, Hongrie : la diva doit se produire dans tous les plus grands festivals. La tournée débute alors à Belgrade le samedi 18 juin. Malheureusement, c’est un fiasco. Ivre, elle peine à tenir debout et refuse de chanter. Elle essaie même plusieurs fois de quitter la scène. Son groupe décide tout de même de jouer les instrumentales alors qu’Amy fait de son mieux, malgré son état, pour délivrer quelques notes. Le public la hue, elle croise les bras, tourne le dos et le concert se termine au bout de neuf titres, joués quasiment intégralement en instrumental. Quelques jours plus tard, l’intégralité de la tournée est annulée.
Dans le documentaire AMY de Asif Kapadia, il est révélé que la chanteuse ne voulait plus faire cette tournée. Son père et son équipe de production l’ont forcée à aller jusqu’en Serbie puis à monter sur scène. Amy a ainsi bu tout ce qu’elle pouvait pour essayer d’obtenir l’annulation, en vain…
Sur les vidéos du concert, Amy Winehouse est donc loin d’être une femme bourrée et pitoyable. Elle est uniquement une femme brisée et désespérée prise pour une bête de foire, dans le but de générer le maximum de profit, sans se préoccuper de son état. Un mois plus tard, l’épilogue de sa vie le prouve…
Auteur : Simon Brazeilles
Drogue et alcool : les addictions d’Amy
Parmi les réputations qui ont poursuivi la chanteuse tout au long de sa carrière, il y en a deux dont elle a difficilement pu se détacher jusqu’au dernier jour : la drogue et l’alcool. Lot commun de tous les artistes les plus torturés, Amy ne déroge pas à la règle et en consomme régulièrement. Cocaïne, héroïne, cannabis… tels sont ses amis fidèles dans ses moments de faiblesse, de désespoir, de solitude ou de débauche. Généreuse, elle avait pour habitude de partager ce vice avec un certain nombre de ses amis et petits amis. Amy cherchait sans cesse à s’en sortir, penchant alors vers les sucreries pour compenser les manques, mais replongeait toujours de plus belle. Se détacher de la drogue fut parmi ses combats les plus durs.
Paradoxalement, elle a aidé et permis à quelques uns de ses proches de sortir de ce cauchemar dont elle n’a pu se défaire. Ainsi, son ami couturier Alex Foden raconte comment la jeune femme a dépensé 130 000 livres pour une cure de désintoxication. Il est triste de constater que de son côté, rien de l’ait aidé dans ce sens. Retrouvée de nombreuses fois au bord du gouffre, miraculeusement sauvée de l’overdose à maintes reprises, ce n’est curieusement pas ce qui causera sa perte.
A chaque tentative de sevrage, Amy se raccrochait désespérément à une autre addiction : l’alcool ! Et c’est certainement celle dont elle avait le plus conscience et qui la blessait le plus psychologiquement. A chaque fois que l’alcool la mettait dans un état pitoyable, le retour à la réalité était encore plus douloureux et elle ne manquait pas de s’en accabler d’avantage, se promettant de ne plus boire… en vain ! Accablée par ses propres échecs, Amy Winehouse semblait pourtant avoir décidé de s’en sortir. C’est du moins ce que tout le monde sembla dire après sa mort qui survint tragiquement le 23 juillet 2011.
Auteur : Noucky
23 juillet 2011 : la mort d’Amy Winehouse
Lorsque les médias révèlent le décès d’Amy Winehouse dans son appartement de Londres, c’est la stupeur et l’effondrement du côté de ses proches et de ses fans, mais aussi la triste constatation d’une fin qui paraissait de plus en plus évidente. La chanteuse n’arrivait pas à s’en sortir. La cause du décès, longtemps restée floue, a laissé libre cours à bien des hypothèses et tergiversations sur l’état mental et physique d’Amy. Si beaucoup estimaient qu’elle allait mal et qu’elle était de nouveau dans une phase descendante, certains affirment qu’elle voulait s’en sortir et que sa part d’ombre n’avait pas pris le dessus lors de son décès.
Suicidaire ? Non. Son médecin raconte qu’Amy Winehouse avait des projets. Elle voulait faire un nouvel album et remonter sur scène : « J’ai encore des choses à faire dans la vie. » : c’est ce qu’elle lui aurait dit la veille de sa mort dans un état éthylique déjà bien avancé. Nous n’entrerons pas dans les détails morbides de son autopsie et ne parlerons pas de sa dernière journée. Nous savons simplement qu’elle a eu l’occasion de dire une dernière fois « Je t’aime » à sa mère et qu’elle s’est endormie ivre morte dans sa chambre. Son garde du corps l’a ensuite retrouvée inanimée.
Les réactions ont été vives et rapides. De nombreux fans se précipitent à son domicile pour y déposer des fleurs, des témoignages d’amour, de gratitude et de ferveur. Les messages se multiplient sur les réseaux sociaux et la pop anglaise est en deuil. De nombreux artistes lui rendent hommage, comme George Michael et Adele… Amy Winehouse rentre tristement dans la légende en rejoignant le Club 27.
Volonté ou malédiction ? Il semblerait que la chanteuse ait évoqué le fait qu’il lui serait sûrement difficile de vivre un an de plus, espérant rejoindre ce fameux Club en 2011. Le fait est qu’elle en fait désormais partie. Le nom d’Amy Winehouse s’est ajouté à ceux de Janis, Jimmy, Jim, Kurt… Autant d’artistes maudits et talentueux qui laissent derrière eux des chefs-d’oeuvre de blues ou de rock. Parmi les critiques, journalistes et grands noms du monde de la musique, beaucoup affirment encore aujourd’hui que les albums d’Amy Winehouse resteront longtemps dans les annales.
Auteur : Noucky
Lioness : Hidden Treasures
Six mois après le décès de notre chère Amy Winehouse, les fans ont connu une compilation de prises alternatives et pistes inédites dans son album posthume Lioness : Hidden Treasures, par ses anciens collaborateurs Mark Ronson et Salaam Remi.
Des reprises
Tout d’abord, nous avons le standard jazz Body and Soul avec Tony Bennett, apparu dans son album Duets II. L’émotion pure et sincère d’Amy Winehouse entoure le morceau ainsi que dans la reprise de Will You Still Love Me Tomorrow, une version moins upbeat que celle du groupe des années 60 The Shirelles. En effet, même si cette reprise n’était pas censée être dévoilée dans un album, ce choix nous expose l’âme troublée d’Amy Winehouse; cette femme victime de l’alcool, des drogues, de la boulimie et une porte-parole pour tous les cœurs brisés. Tout cela explique la dimension dévastatrice dans sa voix qui impressionnait les auditeurs de ses albums : Amy Winehouse chantait depuis une base réelle, une souffrance constante exorcisée d’une manière thérapeutique et par conséquent authentique.
Nous avons aussi The Girl from Ipanema, une des chansons brésiliennes de bossa nova les plus connues au monde par Antonio Carlos Jobim et Our Day Will Come où nous découvrons une Amy Winehouse beaucoup plus joyeuse et loin de cette douleur omniprésente sur Back To Black. Finalement, nous avons une version moins énergétique de Valerie, qui selon le producteur Mark Ronson, était celle qu’Amy aimait le plus.
Les paroles
En dehors du talent vocal de la chanteuse, les paroles poignantes étaient un autre élément caractéristique d’Amy Winehouse, notamment dans la collaboration avec le rappeur Nas dans Like Smoke qui commence par « I never wanted you to be my man, I just needed company » (Je n’ai jamais voulu que tu sois mon homme, J’avais juste besoin de compagnie).
Parallèlement, dans la chanson mélancolique Between The Cheats avec des touches doo-wop, nous avons encore un autre aperçu de l’absence de lumière dans la vie de la chanteuse : « I’d take a thousand thumps for my love” (Je prendrais mille coups pour mon amour). En effet, Between The Cheats est la seule chanson inédite qui nous donne véritablement un avant-goût de la direction thématique dans lequel son troisième album studio allait se diriger : une tristesse amère et compliquée, très proche de Back To Black en particulier Love Is a Losing Game « Love is a losing game, One I wish I never played » (L’amour est un jeu perdant, Celui que j’aurais aimé ne jamais jouer).
Lioness : Hidden Treasures est un album qui confirme encore une fois le talent incommensurable d’Amy Winehouse en tant que chanteuse et parolière. Cependant, Lioness : Hidden Treasures laisse aussi les auditeurs se demander tristement où une Amy moins troublée aurait pu prendre son incroyable talent. Malgré toute l’obscurité de sa vie, la diva avait la musique et nous en avons profité énormément.
C’est sûrement la musique qui lui a donné le temps nécessaire pour dévoiler deux albums sublimes avant sa mort sans se jeter immédiatement à un destin fatal. Amy Winehouse était un trésor et les morceaux inédits de Lioness : Hidden Treasures sont là pour que l’adieu soit beaucoup moins difficile à faire.
Auteur : ItsCanek
AMY, le documentaire signé Asif Kapadia
Les lampes de la salle s’éteignent, l’écran s’anime. Amy, pas Winehouse, mais juste Amy, est assise sur les marches d’un escalier. Elle a 14 ans et en fait au moins 16. Elle a une sucette dans la bouche. Elle se lève, et derrière la caméra, entonne « Joyeux anniversaire ». Enfin, ses amis entonnent. Elle, elle chante. Et sa voix n’a pas 14, ou 16 ans. Sa voix n’a pas d’âge, et possède toutes les couleurs du monde. Sa voix est jazz, sa voix est blues, sa voix est rock. Sa voix est aussi soul, parce qu’elle est âme. Elle est Amy, 14 ans, à l’anniversaire d’une copine, une sucette dans la main, alors que sa voix est déjà Amy Winehouse.
AMY est un film documentaire réalisé par Asif Kapadia en 2015. Il est exclusivement composé de vidéos d’archives et d’interviews de son entourage. Il a été primé 10 fois et a reçu entres autres l’Oscar du meilleur film documentaire ainsi que le Grammy Award du meilleur clip vidéo de format long. Au magazine de cinéma Première, Asif Kapadia livre les mots suivants :
« Amy est une Londonienne, une fille que j’aurais pu croiser dans ma jeunesse ; j’aurais pu aller à l’école avec elle, la rencontrer dans un bus. Ce qui m’intéressait, c’était de repartir du début et de voir comment elle avait explosé. Qu’est ce qu’il s’était réellement passé ? C’était quelqu’un comme moi ou comme mes amis, une fille devenue célèbre, trop vite, trop fort, parce qu’elle était géniale. Mais à un moment, tout s’est cassé. »
Pendant les deux heures de film, on voit Amy sous tous ses angles. On la voit sur scène, sobre, ou pas, chez elle, sans maquillage (et elle n’a jamais été aussi belle), avec son père, avec ses amants.
On y voit Amy, ses grands talons et ses épais traits d’eye-liner qui habillent ses paupières fatiguées, marcher sur les trottoirs usés de Londres. On y voit Amy, entre deux flashs psychotiques, qui tente de rejoindre sa voiture, encadrée de gardes du corps. On y voit Amy, les yeux immenses et la joie qui perle de tout son être lorsqu’on lui remet un Grammy Award pour Rehab, avec sa robe noire très courte, et des fleurs dans ses cheveux de Raiponce gothique. Elle apparaît à l’écran comme autrefois sur scène, en princesse trash pourvue d’une sensibilité à fleur de peau (ornée de tatouages bien sûr).
On voit Amy et ses victoires, Amy et ses défaites, Amy et ses émotions. Force et fragilité, tout cela est capturé en exactement 122 minutes et 36 secondes. Lorsque tout s’arrête, les images et le son, on en ressent ni honte, ni haine. Tout ce dont on a envie, c’est serrer Amy dans nos bras. Peu importe qu’elle soit Winehouse ou pas. Ce qui compte, c’est qu’elle n’a pas eu assez de temps.
En tout cas, peut-être Asif Kapadia a-t-il rallongé son existence de 122 minutes et 36 secondes…
Auteur : Aline Gaffiot
Enfin, récemment, le producteur anglais Gil Cang a dévoilé sur YouTube la démo d’un vieux titre jamais sorti de la star : My Own Way. Âgée de seulement 17 ans à l’époque de l’enregistrement, toute l’étendue de son potentiel est déjà perçue. Retrouvez le titre ci-dessous :
https://www.youtube.com/watch?v=YZrtSdRS3cs
Crédits photo : Jason Bell