Interview de Leo Fifty Five pour la sortie de son album 55

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Leo Fifty Five en concert au Pop Up à Paris / Photo by : Nestie Prod

Vague de fraîcheur pour le RnB francophone et véritable féru d’amour, l’artiste belge Leo Fifty Five a sorti son premier album 55 le 28 avril dernier, un projet de 14 titres qui enivre et qui fait danser, chanter, aimer. Il a répondu à nos questions en vue de cette sortie. 

LEO 1 Interview de Leo Fifty Five pour la sortie de son album 55
Photo by : Nestie Prod

Est-ce que tu peux te présenter ?

Moi c’est Leo Fifty Five, je viens de Bruxelles. Je fais des chansons d’amour, je produis et je suis un artiste aussi. Là ça fait un moment que je fais ça mais c’est le premier album que je fais. Je fais un peu du RnB soul de base, après on explore un peu tout ce qu’il y a en ce moment, mais ça reste mes racines quoi.

Tu peux me parler de ton parcours ?

Avant de faire du son j’étais joueur de hockey sur glace professionnel pendant 4 ans, en France. Même si je viens de Bruxelles je suis venu en France pour faire ça, de base. Mais ouais, je faisais vraiment que ça de ma vie, j’avais fait les championnats du monde avec la Belgique plusieurs fois, c’était ma vie quoi… Et après je me suis blessé quand je jouais dans le Sud à Valence, c’est là que j’ai commencé à faire du son parce que j’avais beaucoup de temps libre d’un coup. C’est parti de là. Et un peu par chance pendant que je jouais dans le Sud y’a des opportunités qui sont tombées magiquement en place et du coup j’ai pu venir jouer à Paris, et en même temps travailler sur du son à Paris. Et ça fait 1 an que je suis revenu à Bruxelles pour un peu m’imbiber de ce qui se passe ici. Et nous voilà, quoi.

Tu peux me parler de tes inspirations musicales et esthétiques dans ton image d’artiste ?

Je pense que c’est une question un peu difficile parce qu’on a beaucoup d’inspirations aujourd’hui, surtout dans l’ère des playlists où on est tellement exposés à tout, tout le temps… Donc c’est dur de délimiter ce qui vient de quoi, mais en tout cas à la base je viens quand même du RnB soul. J’ai appris à jouer à l’église, ma mère chantait à l’église, mon père faisait le son… Toute mon enfance j’étais là à écouter. On était là avant que tout le monde arrive pour les répétitions avec mes frères, on se faisait chier à l’église à attendre à huit heures… Fin’ c’est la vie au final, je suis content de l’avoir fait. Ca quoi que je fasse ça fera toujours parti, je pense, de là d’où je viens et comment je perçois ce que je fais. Je pense pas que ça va partir.

Et après dans les influences que y’a un peu aujourd’hui… Je pense que y’a beaucoup de gens qui viennent de ce que je fais (rnb, soul, jazz etc) pour qui c’est assez courant d’être assez hermétique à la musique actuelle. Je m’estime chanceux que ce soit pas trop mon cas et du coup je suis quand même assez ouvert à ce qui se fait. Après je pense que c’est aussi important en tant qu’artiste de délimiter ce qu’on aime bien et qui on est. Parce que, parfois y’a des musiques que je vais kiffer mais c’est pas pour autant que je vais faire des trucs comme ça, quoi. En vrai, je pense aussi que y’a un truc qui est chouette dans ce que je fais en français c’est que, surtout quand tu viens du RnB… Aujourd’hui tu dis aux gens que tu fais du RnB les gens  pensent à Tragédie tu vois. Ca c’est un délire. (rire) Mais le challenge qui est cool c’est que comme y’a pas beaucoup de références culturelles – pas que Tragédie ne soit pas une référence culturelle mais les gens ont pas forcément les repères…

J’ai l’impression qu’un des défis que j’ai, et je pense que beaucoup d’artistes francophones l’ont, c’est que tu dois un peu construire ton truc de toutes pièces et être ouvert et sincère avec toi-même dans ton projet ; et vraiment créer un truc, je vais pas dire nouveau parce que ce serait un peu prétentieux mais essayer de créer un truc le plus unique possible. Même si j’ai beaucoup d’influences d’un peu partout, je pense comme tout le monde, le but c’est vraiment de garder qui je suis et d’en faire un truc vraiment singulier, en tout cas du mieux que je puisse faire.

LEO 2 Interview de Leo Fifty Five pour la sortie de son album 55
Photo by : Nestie Prod

Tu parles beaucoup d’amour, est-ce que tu peux me dire déjà pourquoi et comment tu veux en parler ? Et aussi, est-ce que c’est un exutoire pour toi, quelque chose que tu ressens et que tu as besoin de libérer ?

Pour l’exutoire… Je sais pas si tu vois y’a des artistes, y’a quelqu’un qui va mal leur parler dans le bus et ils vont être là « ah ouais pas de problème je vais commencer à écrire un son dessus pour relâcher mes émotions directement. » Moi je suis pas trop un gars comme ça. J’ai l’impression, j’ai envie en tout cas d’apporter une perspective que je trouve intéressante et souvent c’est pas la première. Quand il m’arrive un truc j’ai besoin d’un peu refléter dessus, y réfléchir et essayer d’aborder le point de vue des autres et tout, essayer d’avoir quelque chose d’important à dire dessus… Ca l’est mais je mets du temps. Parfois j’écris sur des choses qui me sont arrivées y’a des années parce que je pense que c’est le temps que j’ai mis à vouloir en parler. Après tu vois je pense pas que j’ai raison de faire ça parce que je pense aussi que y’a une valeur dans la spontanéité. Ca m’est déjà arrivé aussi, juste je pense pas que je fais mes meilleurs trucs quand j’écris à chaud.

Et oui, je parle beaucoup d’amour parce que je trouve que c’est une bonne manière de parler de tout. Je trouve qu’en parlant d’amour je peux parler de tellement de facettes de la vie et c’est juste un truc hyper… Moi les histoires d’amour ça me pèse, quand il m’arrive un truc ça occupe ma pensée, je pense qu’à ça, donc fatalement ça se ressent un peu dans ma musique. Et aussi oui, c’est une bonne manière de parler de plein de choses différentes parce que c’est quelque chose que tout le monde a ressenti et c’est un bon outil pour pouvoir parler de trucs qui ont rien à voir avec l’amour, mais je te parle d’amour pour que tu vois mon point de vue, comme ça tu vois d’où je veux venir. Donc même y’a des chansons qui parlent concrètement moins d’amour mais je te prends quand même par cet angle pour te montrer le chemin que j’ai pris pour arriver là où je veux te raconter.

Du coup ce qui t’inspire c’est des ressentis, du vécu ?

Que ça, hein. On dit toujours on est que la somme de nos influences. Moi je peux pas faire plus que ce que je connais, et finalement c’est très bien comme ça.

Tu peux me parler de ton album ?

Je pense que pour tous les artistes quand tu dis que tu fais un album ça paraît un peu « big deal » parce que y’a un aspect concret à faire un album qui peut être un peu intimidant. Ca l’était pour moi pendant un moment et puis j’ai vraiment pris la décision de lâcher la pression du truc et de me faire plaisir dessus. Et c’est comme ça que j’ai approché ce projet parce que dans l’ère où on est aujourd’hui c’est pas comme si les gens allaient se dire « ah t’as sorti un album, vas-y je vais me poser 1 heure et demie et l’écouter du début à la fin. » J’ai vraiment pris du plaisir à faire un album que je kiffe du début à la fin et aussi je trouve que quelque soit la track que t’écoutes en premier, je pense que tu peux rentrer dans l’album. Et une fois que j’ai commencé à faire ça c’était un processus beaucoup plus fun, ça a un peu lâché le côté monolithique de l’affaire. Quand tu prends du plaisir à faire de la musique c’est rare que tu fasses des sons nuls. J’essaye de garder cette énergie-là au maximum.

LEO 5 Interview de Leo Fifty Five pour la sortie de son album 55
Photo by : Nestie Prod

Qu’est-ce que tu penses de l’évolution du RnB, qui semble commencer à reprendre doucement une place avec des artistes émergeants qui ont leur univers ?

Le RnB en France c’est spécial parce que c’est quelque chose qui est très exotique. Je trouve, par rapport au public français qui est pas forcément fan de base – parce que faut un peu être plus proche de la musique américaine pour kiffer le RnB, pendant un moment en tout cas… Ce que je ressens par rapport au RnB c’est que les gens ont toujours de la bienveillance, je pense que les français kiffe ça donc quand y’en a en live souvent les gens ils aiment bien, quand je leur fais écouter ils aiment bien… Mais ce que je trouve c’est que dans leur culture, dans la vie de tous les jours du Français y’a pas d’espace dédié au RnB comme il y a en Amérique, c’est un truc culturel quoi. Ça commence un peu à s’ouvrir, c’est ce que je disais on est tellement exposé à tout aujourd’hui. La ville où t’habites, la langue que tu parles, tes amis, ta famille vont pas forcément influencer ce que t’écoutes parce que t’as facilement accès à tout maintenant. Je pense c’est un peu ça qui fait que, pas que le RnB mais tous les genres sont capables de trouver leur public parce que le public est capable de les trouver. J’espère que le RnB va vraiment se concrétiser en France. Est-ce que le « RnB pur et dur » va avoir sa place ? Ca, je sais pas.

Des projets dont tu veux parler ?

L’album sort le 28 avril, bien sûr. Je faisais aussi une petite série sur Instagram qui s’appelait les 55 secondes avec Léo, qui va faire son retour et je suis très content de ça. C’est un projet que j’ai beaucoup apprécié faire et partager avec tout le monde. C’était une série que j’avais fait à l’été 2019 et c’était des collabs, j’invitais des artistes dans cet univers RnB et c’était assez léger. Du fait que ce soit sur les réseaux ça a permis que ce soit un projet vraiment pour le fun et pour le plaisir de faire du son. C’est une série que j’ai fait pendant longtemps, 2/3 ans je pense. J’en sortais pas un toutes les semaines mais pas loin. C’était un projet dans le partage que j’ai vraiment aimé faire. Je pense que beaucoup des gens qui me connaissent me connaissent plus de ça que de mes nouveaux sons. J’avais besoin de faire un break parce que pour mon album j’avais besoin de couper le truc, un peu. Et là on revient et ça me fait très plaisir.

55 est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Le clip de Marie j’arrive, extrait de l’album, est sorti récemment et est disponible juste ici. 

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