Découvrez une pianiste d’exception sur Justfocus, Maria Karakusheva

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Maria, tu es d’origine bulgare et pianiste depuis ton plus jeune âge, parle-nous de ton histoire.

Née à Ruse, en Bulgarie, j’ai commencé à jouer du piano à l’âge de 5 ans. A l’âge de 9 ans, j’ai remporté le 1er prix spécial du Concours International de Piano de Paris « U.F.A.M ».  J’ai donné mon premier concert en solo dans le prestigieux Bulgaria Hall à Sofia à l’âge de 12 ans. Plus tard, j’ai fréquenté l’École nationale de musique pour recevoir l’enseignement du professeur Ivan Drenikov, diplômé d’Arturo Benedetti Michalengeli. À 16 ans, je suis devenue le lauréat du Festival international de musique de Bellaria, en Italie, et j’ai remporté l’année suivante le premier prix des Concours internationaux de pianistes « Montigny le Bretonneux » et « Claude Cannes », en France, avant de me produire à la célèbre salle Gaveau, à Paris.

Je suis diplômée de l’École nationale de musique de Bulgarie (avec mention) et j’ai obtenu une bourse complète pour obtenir ma licence en piano à l’Académie nationale de musique « Prof. Pancho Vladigerov », à Sofia. Dans ma vingtaine, j’ai décidé de me tourner vers la musique contemporaine, mais j’aime mélanger toutes sortes de genres – musique classique avec house et jazz, adaptations classiques. Actuellement, je commence un programme de master en musique de film à Berklee.

D’où tiens-tu ta passion pour le piano et  pour la musique ?

J’ai trouvé ma vocation en jouant du piano à un très jeune âge. J’ai toujours ressenti une connexion avec la musique. Lorsque j’ai vu un piano pour la première fois à l’âge de 5 ans, j’ai été totalement fascinée par la grandeur de cet instrument.

En ce qui concerne la musique, je suis surtout inspirée par la pianiste argentine Martha Argerich, le célèbre Philip Glass, le compositeur John Williams ou l’approche non conventionnelle du pianiste et compositeur Niels Frahm.

Tu semblais donc avoir un destin tout tracé, sur les pas de l’excellence, pourquoi être sortie de la compétition ?

Avide de liberté, j’imagine toujours une communauté de musiciens travaillant ensemble plutôt que les uns contre les autres.

Ton truc à toi c’est la musique fusion. Quelles sont tes plus grandes inspirations et pourquoi sortir des sentiers battus ?

Je m’engage hors des sentiers battus, dans une musique de fusion, afin de toucher le plus de monde possible. Surtout les jeunes… mes premiers projets ont été créés avec l’idée de préserver la beauté intemporelle de la musique classique en la présentant de manière moderne et proche des jeunes. Le classique académique est moins accessible à tous que la musique contemporaine.

En tant que femme, c’est rare d’être compositrice dans le monde de la musique classique. Comment abordes-tu cette position ?

C’est l’un de mes projets visant à donner aux femmes les moyens de devenir ce qu’elles veulent, en particulier de devenir compositrices. Mon objectif est de montrer mon potentiel dans l’industrie musicale, en tant que femme compositrice, et de promouvoir l’équité entre les sexes.

karakusheva maria

Dans ton jeu, tu cherches une musique accessible à tous. Tu aimes transmettre, et surtout aux futures générations de pianistes femmes. Parles-nous de ta démarche.

Parmi les quelques créatrices et le grand nombre d’interprètes, j’espère voir apparaître une multitude de femmes compositrices dans les prochaines années, au sein d’une petite communauté qui a absolument besoin de s’agrandir. C’est donc à la nouvelle génération de femmes que je donne des cours, afin d’être un modèle de fraîcheur et de modernité dans le monde du piano.

Dans tes concerts, les images jouent un grand rôle, c’est le show complet. Parles-nous de la direction artistique lors de tes concerts.

Mélanger le piano en direct avec des visuels numériques est une expérience scénique qui complète mes compositions. Pour moi, l’art de la scène est synonyme de modernité. L’encrage de mon piano rend mes compositions aussi originales qu’accessibles, afin d’engager véritablement le public.

Dans tes précédents albums, tu mélanges la musique classique à la house ou encore au rock. C’est plutôt osé. Qu’est-ce que tu aimes dans cette musique fusion ?

C’est ma façon de communiquer avec la musique, d’apprendre à la connaître dans tous ses styles et genres. J’aime découvrir de nouvelles formes, les développer et les modeler à ma façon. Plus le champ d’expression est large, plus vous avez de chances de créer quelque chose d’original.

Après avoir revisité les classiques du jazz, de la house et du rock, tu t’attaques à un album plus intimiste, plus classique. Pourquoi ce choix ?

Je pense que le parcours d’un artiste est l’histoire la plus intéressante qu’il/elle puisse raconter. Au moins parce qu’il/elle sera complètement authentique et honnête avec le public. Je suis arrivée à ce point de ma vie où j’ai accumulé beaucoup d’émotions que j’ai exprimées au piano et surmontées grâce à la musique. Dans ces œuvres personnelles, j’ai laissé mon âme et mon cœur raconter ce qu’ils ont vécu. Et le son « classique » – il coule tout simplement dans mes veines.

“Hearteclipse” c’est ton tout dernier album. Il a mis du temps à sortir, c’est un peu ton journal intime. Qu’avais-tu envie de nous dévoiler ?

Composé et imaginé sur plusieurs années, il est aussi intime que personnel. C’est comme un journal intime à partager, dans la transparence des sentiments et une authenticité convaincante. Chacune des neuf histoires qui composent cet album a un message adressé au public. Il a été inspiré par les émotions que je ressentais à l’intérieur de moi, que je considérais comme un « monde » de l’intérieur, jusqu’au « monde » le plus lointain auquel je puisse penser. Dans cet album, je me suis lancée un défi : celui de la conscience de soi, de l’élimination de tout filtre à mon sujet et donc de la révélation de mon âme au public. En ce qui concerne les hauts et les bas et tous les rebondissements inattendus de la vie, le piano et l’orchestre à cordes jouent toute la palette des émotions et des sentiments que j’ai éprouvés. C’est pourquoi mon cœur s’éclipse.

maria karakusheva pianiste

Dans cet album tu parle des points de Lagrange, quel est le lien que tu fais avec cette théorie, la musique et ta vie personnelle ?

Nous avons tous nos points d’équilibre et c’est notre propre mission dans la vie d’apprendre à les connaître et à les utiliser comme il se doit. Ce n’est qu’alors que nous devenons nous-mêmes. Lagrange Points est une composition basée sur ce que je suis, ce que je peux être et ce que je devrais être. La musique, la famille, l’amour, la scène – ce sont les choses qui me façonnent.

On voit en toi une artiste très moderne et pleine d’ambitions artistiques pour remettre du piment dans l’instrument qu’est le piano. C’est quoi la prochaine étape pour toi ?

Après mon premier concert à Paris dans la série de concerts à faire cette année, je prévois de donner d’autres concerts en France et au Royaume-Uni. En attendant, j’ai déjà écrit un single qui n’est pas encore sorti. Avec l’aide d’un producteur de musique qui est prêt à collaborer avec moi, je prévois de le sortir dès qu’il sera terminé.