The Brian Jonestown Massacre (BJM) était de passage au Trianon ce 27 juin, en France pour la première fois depuis 2 ans. Le groupe de psyché et de rock indé américain ne compte plus les albums. Les derniers avaient exploré des terrains novateurs : que ce soit dans les interludes instrumentaux dignes de films fantastiques, ou bien une bande originale d’un film imaginé, les repères étaient brouillés, pour le meilleur et surtout pas pour le pire. C’est pourtant les morceaux au registre plus classique shoegazing / psyché / dream-pop que le collectif mené par Anton Newcombe aura abordé en cette soirée parisienne, devant un public d’avertis, entre babas cools et pogoteurs volés aux Dandy Warhols. Les ennemis jurés étaient passés par cette même salle quelques semaines auparavant.
« Comment étaient les Dandy Warhols ? »
C’est ce que demande d’entrée Anton Newcombe au public, l’ex inséparable de Courtney Taylor-Taylor, le leader du groupe rival, dont la relation d’amour-haine qui s’est définitivement soldé par un divorce est racontée avec talent dans le documentaire « Dig ». L’obsession n’est donc pas complètement passée, mais elle n’aura duré que 5 secondes, lorsque le collectif entame ce concert qui va durer 2 heures environ. On observe avec amusement le joueur de tambourin, dont l’expression enfantine trahit soit un caractère naïf intrinsèque, soit une prise préalable de substances hilarantes. On écoute ensuite ces morceaux, joués avec une moue de plaisir, un aguichage naturel. La formation (Anton au chant et à la guitare, accompagné par un autre guitariste, un bassiste, un clavier, un batteur, et donc un joueur de tambourin) change au gré des passages et des disponibilités des musiciens gravitant autour de la galaxie Newcombe, mais assure toujours les mêmes arrières instrumentales typiques du BJM. De longues partie de guitare mélodieuses, répétitives, des refrains non moins entêtants, des parties orientalisantes, des gimmicks Americana et country. Un happening musical à l’aspect sensuel qui n’aura pas échappé aux ravissantes groupies-serpents qui se déhanchent au balcon à l’écoute de ces sons charmeurs.
« Ils ne me laissent pas fumer ma putain de clope ! »
On connaissait Anton Newcombe pour ses frasques provocatrices et son comportement irascible, incluant des concerts abandonnés au bout de 5 minutes ou bien des blessés par jets de bouteilles de verre. C’était avant, pusiqu’entre temps, l’homme s’est assagi, et à part une mini diatribe vers le milieu du concert contre le staff de la salle qui interdit la consommation de tabac sur scène, c’est un Anton à la bonhommie aussi généreuse que son allure d’hippy est bouffie par ses grosses rouflaquettes. La scène semble avoir été investie par une sorte d’aura hédoniste et destroy à la fois, ce genre de scène où les fils, les nombreuses pédales et la grosse caisse sont submergés au fur et à mesure que les bouteilles de bières sont vidées, où les membres sont disposés comme dans une salle de répète sans trop se soucier de leur bonne visibilité sur la scène. La magie vaporeuse des titres comme « What You Isn’t » ou « Never Ever » opère malgré tout comme un élixir, alors que les morceaux à haute voltige, comme une potion pour pogoteurs. Un étrange vieil homme maigre au t-shirt de Batman (est-ce un de ces compagnons marginaux récupérés qu’on imagine vagabonder sur la route) va même faire figure d’autorité, en dégageant vertement un de ces badauds sauteurs ayant monté sur la scène.
Près de 2 heures de show
Crédits photos : Piotr Grudzinski