Samedi au Pitchfork 2016 : entre belles surprises et déception sous la Grande Halle de la Villette

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Le samedi 29 octobre 2016 dans le 19e arrondissement de Paris marquait le clap final du Pitchfork Festival de cette année. Après trois jours de concerts sous la Grande Halle de la Villette, il était temps de s’abreuver de musique et gros sons avec une programmation des plus pointues. Retour sur une soirée surprenante ! 

18h55 – Whitney

Après le tour du propriétaire qui permettait de voir les nombreux stands de jeunes créateurs, tatoueurs et disquaires éphémères, voici venue l’entrée dans le sujet. On commence avec Whitney, un groupe d’indie rock de Chicago qui apaisera les oreilles et les esprits avant les guitares et basses lourdes qui vont suivre. Le groupe formé en 2015, et déjà créateur d’un album divin intitulé Light Upon the Lake, Whitney joue les titres de cet opus sans fausse note. Il n’y aura pas d’explosion ou de moments électrisants, mais il est toujours bon de voir un groupe de cette veine éclore de la sorte. L’espoir se porte sur la suite pour les 7 garçons de Chicago. Affirmeront-ils les promesses de ce premier essai, réussi avec brio ? Suivront-ils les pas de leurs prédécesseurs comme Jefferson Airplane ou The Byrds ? Whitney a du boulot mais le talent y est.


Whitney au Pitchfork Music Festival 2016

19h45 – Shame

Shame, c’est un tout jeune groupe venant du sud de Londres. Débarqués il y a peu sur la scène musicale, les trublions rock ont balancé leur son lourd et puissant à une salle qui ne s’y attendait pas. Pleins d’énergie, les membres de Shame ne cachent pas leurs opinions politiques et sociétales, dans la grande lignée des groupes de punk rock les plus célèbres. Ambiance électrique à tout casser !


Shame au Pitchfork Music Festival 2016

20h35 – Minor Victories

Minor Victories est l’un des groupes les plus attendus de cette édition du Pitchfork 2016. Leur premier album éponyme, sorti en juin dernier avait d’ailleurs reçu un accueil plutôt chaleureux des critiques. Entre dream pop et influences soft rock, Minor Victories propose une musique aérienne, et très bien interprétée sur scène. Lors du Pitchfork, on ressent tout de même des efforts scéniques à améliorer. Les voix ne sont parfois pas en harmonie, légèrement fausses, mais l’ensemble reste tout de même prometteur. 

22h25 – Abra

Encore méconnue du grand public, Abra a la tâche difficile de passer avant M.I.A. la star de ce festival, celle qui fera passer la Grande Halle de la Villette de semi pleine à prête à exploser. Cette petite nana venue d’Atlanta, que l’on imagine en fin d’adolescence (Abra n’a ni prénom, ni âge, juste un pseudonyme de scène), se révèle avoir une présence folle. Seule avec un micro, elle se lâche et danse comme si personne ne la regardait. Alors que le public s’agglutine vers la scène opposée en attendant l’arrivée de M.I.A., Abra continue le show et réussit à faire danser bon nombres de spectateurs, qui ont compris qu’un festival ne se cantonnait pas qu’à une tête d’affiche. Son premier album Princess, sorti cette année, est salué par toutes les critiques et est sublimement interprété en live. Pas de fioritures, et une véritable force scénique, Abra sera peut-être le visage du Pitchfork dans quelques années, et cette fois, la déception ne sera sûrement pas au rendez-vous.


Abra au Pitchfork Music Festival 2016

 

23h10 – M.I.A.

L’apothéose du Pitchfork 2016 est enfin arrivée. Il suffit de scruter le hangar au style nord-américain pour se rendre compte que tous les artistes qui se sont produits avant 23h10 faisaient office de première partie. Et pour une fois la première partie a surpris, le show culminant va décevoir. Dès l’entrée sur scène de l’anglaise « inventrice » d’un rap électro bien unique, on sent que quelque chose cloche. Tout d’abord, les balances sons sont extrêmement mauvaises. Il faut parfois de très longues secondes pour reconnaître une chanson. Ensuite, si M.I.A. a beau avoir des albums à la production impeccable, elle ne fait pas partie de ces artistes qui époustouflent sur scène. Aidée par une MC à l’énergie débordante, l’artiste principale manque de peps voire même de passion. Parfois en playback et l’air complètement blasée d’être là, cette dernière s’excusera d’avoir la grippe, son manque d’implication se faisant trop flagrant. Toutefois aidée par une discographie qui continuera d’animer la salle, on se rend vite compte qu’au-delà du chef d’œuvre Paper Planes et du désormais classique Bad Girls, la frénésie du moment tombe vite à plat.

00h35 – Acid Arab

The night is still young, aurait-on dit à Chicago et alors que bien des festivaliers sont désormais dans des états avancés de planage, le duo parisien Acid Arab va clairement élever le niveau. Sur scène ils mixeront les titres de leur premier album Musiques de France, sorti cette année, qui compte la participation d’artistes renommés de la musique orientale comme Rachid Taha et les soeurettes israéliennes d’A-Wa. Le mélange pur électro/rythme orientaux est un combo absolument délicieux et des plus envoûtants. On est comme transportés un instant aux Dunes Electroniques de Tunisie, le festival qu’on aimerait voir renaître et réussir, tant de potentiels il subsiste dans le mariage des cultures, ici sublimées par Acid Arab. Les jeux de lumières sont réussis avec une sorte de globe sur lequel des lumières bleues sont projetées et de la fumée blanche qui vient l’embraser par moments….

01h40 – Motor City Drum Ensemble

Energie funk et beats bien lourds viendront entamer la dernière nuit du Pitchfork pour les plus ambiancés des spectateurs. Mise en bouche avec Motor City Drum Ensemble, aka l’allemand Danilo Plessow. Bien qu’il se fasse tard après plus de 6 heures passées debout à arpenter les concerts, stands et buvettes environnantes, ce set donnerait l’envie de danser à n’importe qui. Si les productions du DJ se veulent parfois plus jazz et lounge, le mix de batteries, voix soul et instrus électro, nous donne une musique des plus funky, sans que jamais l’ambiance ne retombe.