Liset Alea, Bristol & Jay Jay Johanson à la 5 ème édition du festival Clap Your Hands

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Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5

La 5ème édition du festival Clap Your Hands aura encore tenu ses promesses, avec une fine sélection de groupes en marge du gros circuit de la scène musicale. Que ce soit la « tête d’affiche » Of Montreal, une référence indé importante, ou bien les revenants Tahiti 80, très en vogue en France à la fin des années 90, le programme pointu n’a pas pour autant découragé les curieux, notamment lors de cette avant-dernière soirée et la venue de Bristol.

Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5
Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5

Le café de la danse ne désemplit pas ce soir-là, que ce soit ceux qui ont prévu de s’y rendre de longue date, ou bien les badauds de passage à la recherche d’une sensation musicale impromptue . Et ils ne le regretteront pas : sur le papier, lorsqu’on sait qui se cache derrière les artistes annoncés, la soirée est en effet alléchante. Bristol? Le nouveau projet de reprise du producteur et musicien Marc Collin, à l’origine du projet Nouvelle Vague. Le concept était de reprendre à une sauce résolument différente les tubes punk, post punk et new wave des années 80 (ici, la bossa nova a inspiré ces réinterprétations, d’où le nom du groupe qui est la traduction française de ce mot portugais et de « new wave »). Grâce à eux, et à 4 albums distribués dans les années 2000, on pouvait obtenir une version acoustique et autrement plus suave de « This is not a love song« , l’hymne post punk de Public Image LTD. Les groupes comme Depeche Mode, The Cure, Sex Pistols ou Joy Division, ou bien les français Plastic Bertrand et Taxi Girl ont eu le droit à des versions plus ensoleillées. Le groupe, bien implanté dans l’hexagone, est porté par la chanteuse Liset Alea : celle-ci nous honorera d’une première partie au Café de la Danse, où elle interprétera son répertoire original. Après Nouvelle Vague, Marc Collin pense alors à la suite et aux années 90, et la musique qui illustre le mieux sa vision de la pop est alors le trip-hop. D’où le nom Bristol, ville britannique qui est à ce genre musical ce que Liverpool est aux Beatles, un peu la Mecque pour les pionniers Portishead et Massive Attack.

Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5
Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5

Bristol, c’est donc la chanteuse Dawn, qui lorsqu’elle entame la version très 60’s de « 6 Underground », un tube trip hop de Sneaker Pimps, nous montre une présence scénique d’une grande classe, rythmant énergiquement son corps aussi bien que la salle, accaparée tout de suite par la prestation. La posture des autres musiciens est tout aussi théâtrale. Parmi ces musiciens, le guitariste Jim Bauer, fils du chanteur des années 80 Axel Bauer, impressionne littéralement les yeux et les oreilles dans l’interprétation du « Roads » de Portishead. Si à un moment on pense qu’il surjoue un peu sa gestuelle, c’est pour mieux appuyer les variations vocales très subtiles de ce morceau splendide et prenant. « Roads » est un bon exemple pour illustrer la réussite de Bristol qui est de retenir des morceaux trip-hop la substantifique moelle, en en enlevant les caractéristiques électro comme la boite à rythmes ou les samples, et d’en faire des versions plus intemporelles. Cela se confirme avec « Mad about you » de Hooverphonic« , qui à l’origine ne peut pas dépasser les années 90 tant le son trip hop y est caractéristique, et que Bristol transforme en rockabilly guillerette qui peut très bien avoir été composé par un swing band de Broadway. Ou encore avec le classique « Gabriel » de Lamb, dont le chant est plus profond encore, et la solennité de la musique plus accentuée : frissons garanties.

Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5
Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5

Bristol s’attaque aussi à Jay Jay Johanson, qui, bien que suédois, fait pleinement partie de cette scène trip hop : d’aucuns disent que son album « Whiskey » à la fin des années 90 en est un des plus illustres. Et pour cause, parmi ses chansons, toutes portées sur la quête amoureuse d’un éternel romantique, il y a « It Hurt Me So » qui avait le don à l’époque d’ajouter une tonalité piano-bar des plus appréciables. La version de Bristol en fait quelque chose de plus subtil et insaisissable, ce qui donne à ces reprises une dimension autrement plus attachante. Le brio de l’arrangement a fait mouche auprès du chanteur, qui donne le privilège de venir interpréter avec le groupe ce titre, et l’on sourit à la vue de ce grand blond un peu timide au début, puis qui entonne le refrain de concert avec la chanteuse. Une autre interprétation remarquable est celle du « Nothing Else » de Archive, la ballade trip hop par excellence. C’est cette fois Martin Rahin qui est au chant : cette voix au timbre discret et chaud à la fois, accompagné de Jim Bauer qui reprend le motif délicat de l’orgue à la guitare, donnent une version masculine de la chanson des plus réussie.

Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5
Bristol au Café de la Danse pour le festival Clap Your Hands # 5

Un rappel pour rejouer le dansant « Mad About You« , dans une salle animée et traversée souvent par les allers et venues des consommateurs de bières et de cocktails servis dans le bar à l’étage, et tout juste le temps de se dire que Bristol est assurément un projet au moins aussi excitant que Nouvelle Vague, et que le festival en aura été un excellent ambassadeur, tant la performance scénique des membres du groupes aura été talentueuse. Nouvelle bonne pioche pour Marc Collin !

Bristol se produira encore au Tourdaten De à Berlin le 26 mai et au Jazz Café de Londres le 15 juin.
Merci à Anouck pour les photos.