Test « Loop Hero » : de l’importance du souvenir dans un rogue-lite

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Décidément, les boucles temporelles (coucou le confinement) auront inspiré beaucoup de créations captivantes ces derniers temps : après le délicieux Palm Springs pour le cinéma et le désormais incontournable Hadès, c’est au tour du studio Four Quarters de créer sa boucle temporelle hyper addictive avec Loop Hero. Un jeu hommage aux classiques des années 80 et 90, qui se démarque par sa modernité et son gameplay captivant.

Une apocalypse qui plonge le monde dans les ténèbres et tout un univers à reconstruire : voici le point de départ du nouveau jeu produit par Devolver, à qui l’on doit notamment Hotline Miami, Gods Will Be Watching ou encore Enter the Gungeon. Comme l’indique son nom, Loop Hero reprend les principes des rogue-likes, ce genre où la mort n’est plus une fatalité mais un moyen de progresser boucle après boucle, pour l’adapter à sa sauce et en faire l’un des jeux indés le plus passionnant et chronophage de ce début d’année.

La boucle est bouclée à l’infini

Alors qu’un chemin vide où errent quelques slimes se dessine sous nos yeux, on rencontre lors d’un bref tutoriel notre terrain de jeu des prochains jours : cette route entourée de ténèbres sera bientôt en proie à de nombreux villages ennemis, châteaux vampires et autres marais et cimetières maléfiques remplis d’ennemis dont le créateur ne sera d’autre que… nous, joueur tout-puissant façonnant le monde et ses souvenirs à notre façon.

Car le principe de Loop Hero est somme toute assez simple, et très facile à prendre en main : notre héros parcourt23 sans cesse cette boucle au départ vide, sur laquelle l’exercice est de rajouter des tuiles (certaines apportant des monstres, d’autres des bienfaits pour notre personnage et des ressources) afin d’acquérir de meilleurs équipements pour pouvoir continuer à avancer. Mais à chaque tour, les ennemis deviennent plus puissants, et les choses se corsent très rapidement. À nous alors de décider quand quitter la boucle, pour mieux se préparer et l’affronter de nouveau cette route diabolique le jour suivant.

Le tuto nous explique très simplement le mode Planification / Loop Hero
Le tuto nous explique très simplement le mode Planification / Loop Hero

Si jusqu’ici le principe ressemble à tous les rogue-lite habituels, Loop Hero a cette particularité qui le différencie des autres : en tant que joueur, nous ne contrôlons pas notre héros, mais le monde qui l’entoure. Les combats et l’avancée de notre personnage se feront automatiquement, sans que nous puissions avoir quelque emprises sur ceux-ci ; la seule chose que nous contrôlons, c’est cette route que l’on remplit petit à petit grâce aux tuiles qui forment notre deck (celles-ci pouvant s’assembler, donnant bonus ou malus, souvent les deux à fois, pour une incroyable diversité de combinaisons). On se prend ainsi très vite pour un Dieu architecte du trajet de notre héros, dressant devant lui les obstacles qui serviront à l’améliorer.

La route se remplit petit à petit / Loop Hero
La route se remplit petit à petit / Loop Hero

Dans Loop Hero, tout se joue donc à la stratégie de savoir placer les bons éléments aux bons endroits, de faire apparaître assez de monstres à chaque journée qui passe pour looter les meilleurs équipements, mais pas trop pour ne pas être submergés et devoir partir au milieu d’une boucle en laissant derrière soi les précieuses ressources. Tout est question d’équilibre dans ce titre qui se veut aussi passionnant que très bien dosé dans sa difficulté, avec quelques boss qui vous donneront très certainement du fil à retordre.

On alterne ainsi les stratégies pour trouver la meilleure : placer dans son deck les tuiles les plus avantageuses en esquivant les ennemis les plus féroces pour conserver toute sa santé pour le boss, ou au contraire envoyer notre héros au charbon pour s’équiper au mieux, et voilà que déjà quatre heures sont passées sans qu’on ait eu le temps de s’en rendre compte…

Et le premier boss fut / Loop Hero
Et le premier boss fut / Loop Hero

Au fur et à mesure des runs, différents bâtiments, cartes, classes pour notre héros se déverrouillent : dans ce monde plongé dans les ténèbres et l’oubli, les souvenirs se reconstruisent petit à petit, donnant tout son sens au genre du rogue-lite, qui fait son retour en force ces dernières années avec toute une sélection de jeux indés aussi innovants et modernes les uns que les autres.

Se souvenir pour progresser : les bases mêmes du rogue-lite

Dead Cells, Rogue Legacy, Hadès ou encore Loop Hero dont on vous parle ici : ces titres ressemblent à des rogue-likes et pourtant portent le nom de rogue-lites : alors quelles différences majeures y a-t-il entre ces genres et en quoi le souvenir, élément central de Loop Hero, est-il essentiel dans la narration du jeu ?

Contrairement à un rogue-like où la difficulté est constante et où c’est au joueur de s’améliorer, un rogue-lite voit sa difficulté baisser au fur et à mesure des runs : à chaque passage dans la boucle, notre héros acquiert des équipements et des bonus qui vont faciliter les prochaines expéditions. Dans Loop Hero, ces avantages se matérialisent sous forme de souvenirs, qui aident les personnages à se rappeler leur monde d’avant l’apocalypse.

Le souvenir est au coeur de Loop Hero / Loop Hero
Le souvenir est au coeur de Loop Hero / Loop Hero

C’est en se souvenant de ses erreurs, de ses associations et de ses avantages, mais surtout en rapportant ces souvenirs dans notre camp après chaque expédition, que le monde se reconstruit. Tel Noé qui assemble son arche, notre héros affronte le courroux des divinités grâce au pouvoir de l’apprentissage.

Grâce à sa narration au coeur du gameplay, Loop Hero remonte à l’essence même du genre, aussi bien dans sa forme que dans son scénario : comme notre personnage qui assiste à la destruction et la reconstruction de son univers, nous joueurs regardons, impuissants lors des combats, le monde créé interagir et maltraiter notre héros sans que nous puissions rien y faire.

Home sweet home / Loop Hero
Home sweet home / Loop Hero

Du côté de la forme, Loop Hero adopte cet aspect rétro déjà bien écumé par les jeux indés : un pixel-art hyper maîtrisé brumeux et sali, avec ces mobs designés comme ceux d’une Atari 2600, renforcé par les lignes de balayages (optionnelles depuis les réglages du jeu) qui donnent cet effet cathodique bien rétro digne d’une vieille télé des années 90. Rajoutez à cela un 4ème mur brisé, et vous avez là la recette d’un jeu prenant qui restera dans vos souvenirs très longtemps.

Une run bien avancée, on se rapproche du but / Loop Hero
Une run bien avancée, on se rapproche du but / Loop Hero

Loop Hero cumulait déjà 500 000 copies écoulées dès sa première semaine de vente, et on lui souhaite encore un beau succès pour la suite, avec pourquoi quelques DLC qui viendraient enrichir l’expérience. Une très belle découverte, qui nous assure quelques dizaines d’heure à s’acharner sur cette route où tout reste à construire.

Gameplay de mistermv de Loop Hero :