On a tous l’image d’Arnold Schwarzenegger en peau de bête gambadant dans la pampa. Si c’est le cas pour vous alors c’est que vous avez certainement vu au moins un extrait de l’excellent film Conan le barbare de John Milius sorti en 1982, ou l’image du deuxième film oscillant entre le moyen et le nanardesque. Cependant, même si le film a été le point de départ de la carrière de l’acteur qui fût gouverneur de Californie (quand même) il ne faut pas oublier que Conan puise des origines bien plus anciennes. En effet, Conan le Cimmérien est un personnage créé par Robert E. Howard dans les années 30, à l’origine pour les magazines pulp. De la bonne série B donc, néanmoins teintée d’un certain pessimisme envers l’humanité, et notamment sur la capacité des hommes à s’organiser en société. Assez loin de l’image du barbare bourrin qui découpe ses ennemis en deux. N’ayez pas peur, ce n’est pas incompatible. Côté jeux vidéo, on n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Un jeu de THQ que j’ai eu le grand honneur de recevoir à l’un de mes anniversaires (oui mes amis me détestent). Dans ce jeu, Conan balance des punchlines épiques comme “Tu te bats comme une jeune vierge”, la classe cimmérienne dans toute sa splendeur. Depuis, un MMO de Funcom, Age of Conan, qui aura nettement moins marqué les esprits que The Secret World il faut le dire, et Conan Exiles qui va nous intéresser aujourd’hui. Après le jeu d’action un peu nanar et le mmo intimiste, le jeu de survie en monde ouvert est donc à l’ordre du jour. Choix assez étrange mais pourquoi pas. Le jeu était déjà sorti en early access et avait pu rencontrer pas mal de soucis techniques. Voyons ce que cela donne après la sortie officielle avec une grosse mise à jour.
ATTENTION : ce test contient des boobs. Merci de passer votre chemin si vous êtes allergique. Passez votre chemin aussi si vous voyez des blasphèmes partout.
PLUS SÉRIEUSEMENT : ce jeu est pour adultes, et le test aussi.
Un univers extrêmement réussi
Les premières constatations graphiques sont purement et simplement excellentes. Le moteur de jeu rend très bien les paysages enchanteurs et variés de Conan Exiles. Déserts, jungles, étendues enneigées, tout est là pour éviter la monotonie. Bon par contre vous allez vous bouffer pas mal de désert puisque c’est votre environnement de départ et qu’il sera conseillé de ne pas aller trop loin pour commencer. Le bestiaire, quant à lui, ajoute un peu au dépaysement tant les ennemis rencontrés peuvent être connus de notre monde (des gazelles, des crocodiles, des hyènes) ou propres à l’univers. Le character design, lui, est plutôt réussi, même si l’on aurait aimé un peu plus d’options à la création du personnage. Mais que certains se rassurent, le côté voyeurisme est loin d’avoir été oublié.
Un jeu résolument pour adultes
S’il ne s’avère pas une excellente idée de laisser votre enfant de 8 ans jouer à GTA, il semble pire de le laisser toucher à Conan Exiles. Le premier indice se trouve à la fin de la création de votre personnage. On peut modifier la taille des boobs, ça c’est plutôt classique, surtout si vous êtes habitués aux MMO asiatiques. Par contre, ce qui l’est moins, c’est que trois options sont proposées : nudité partielle, totale, ou sans nudité (appelons ça le mode “prude”). J’anticipe la question, oui ça marche aussi avec les hommes. Et oui, ceux qui ont quelque chose à compenser pourront régler leurs attributs masculins au maximum, parce que chez Conan, on est bien membrés. Au-delà de ça, on n’est pas chez les bisounours. Au départ, vous avez le choix entre plusieurs dieux dont le fameux Crom, sur lequel est spécifié qu’il n’en aura absolument rien à faire de votre gueule, et ce même si vous le vénérez toute votre vie. Pour les autres, il y en a un sympathique (celui que j’ai choisi forcément) qui incite à consommer de la chair humaine pour le vénérer. Il est donc de bon aloi de dépecer des cadavres avant de bénir certains morceaux pour obtenir de la “Chair humaine pure” qui vous accordera une énorme régen de points de vie. Oh et puis vous pouvez aussi démembrer un ennemi, et ramasser sa jambe pour vous en servir comme arme. Vous comprenez pourquoi il est conseillé de laisser votre gosse sur Fortnite ou Minecraft pour éviter des années de thérapie.
Jésus le Cimmérien
Comme stipulé précédemment, vous commencez en plein désert mais pas pour n’importe quelle raison. Comme dans la série The Elder Scrolls, vous commencez après avoir été puni par la justice, par erreur ou non, à vous de l’imaginer. Honnêtement, vu que ma barbare se trimbale partout à poil, le dieu qu’elle vénère et la gueule qu’elle se se coltine, on va imaginer que c’était un peu mérité quand même. Mais dans le monde sombre et violent de Conan, pas de remises de peine, de sursis, ou de plaidoyer de Maître Badinter qui t’évite la guillotine. Ici on te laisse sur une croix en mode Jésus pour que tu te fasses bouffer par des corbeaux. Et il est même stipulé qu’il est interdit à quiconque de nous décrocher sous peine de subir le même sort. Cette notion de l’humanisme vient tout droit du siècle des lumières, sans aucun doute. Mais soyez heureux, Conan passe par là, et lui les écriteaux, il s’en branle parce qu’il est badass ! (ma théorie, c’est qu’il ne sait juste pas lire), et il vous décroche ! Qu’il est sympa ce Conan ! Ah et puis il se barre et vous laisse à poil dans le désert, mouais… en fait il est modérément sympa. Disons qu’il est pile poil au milieu entre Eric Zemmour et Eddy Malou sur l’échelle de la sympathie.
Jeu de survie oblige
Ça c’est pour le pitch de base. Il va falloir survivre dans les terres désolées, c’est-à-dire vous démerder à trouver à boire, à manger, à vous confectionner une tenue faite avec des fibres etc. Le craft est progressif et assez immersif. On accueille nos premières armes et armures avec une certaine fierté, et on a envie d’améliorer notre stuff, surtout que les skins des vêtements et autres rendent très bien visuellement. Sachant que le niveau de votre personnage va de 1 à 60 et que plus vous avancez, plus vous pourrez construire des trucs sympas qui vous prendront toujours plus de ressources, système classique mais efficace. Côté combat, c’est cool, les enchaînements et esquives sont plutôt intuitifs. La carte, elle, n’est pas générée aléatoirement comme c’est possible dans 7 Days to Die. De ce fait, il est impossible d’influer sur le terrain, creuser des trous, virer des herbes qui vous ennuient ou vous aménager une grotte. Cela rend la construction assez superficielle, surtout qu’il s’agit d’ériger des murs entiers, et pas des blocs. Un peu dommage. Le bon côté, c’est que la carte est extrêmement réussie avec de multiples donjons, grottes, tanières des monstres, temples maléfiques, ect… D’autant qu’avec trois difficultés, il est possible d’adapter son expérience de jeu et de pouvoir amplement profiter du solo pour ceux qui seraient solitaires dans l’âme. Par contre, en solo, une question me taraude : pourquoi Conan Exiles n’est pas un Action RPG ? Sérieusement, il y a tout dedans ! L’univers réussi, la direction artistique, le moteur graphique qui rend bien, le côté mature, les donjons et autres points d’intérêts, il ne manquait que des quêtes (les objectifs ne sont que des étapes de progression du genre : faire une potion, récolter du minerai, ect) et des pnj avec de vrais backgrounds et dialogues. Parce que là… vous croiserez surtout des cannibales qui convoiteront votre chair (alors qu’au final c’est moi qui les bouffe), et une fois j’ai croisé un type pas hostile dans un campement qui m’a sorti une phrase du genre “dans le désert, il fait chaud …” la philosophie cimmérienne, sans doute.
Des serveurs multi variés
Si on se fait chier en solo parce que ce n’est pas un action Rpg (snif), c’est sans doute là qu’il est conseillé de partir en multi. Et ici, forcément, il y en a pour tous les goûts. Du PVE, du PVP sauvage qui vous poussera à être le plus traître possible, et même du full RP (expérience de rolliste qui consiste à parler et agir en tant que son personnage). Bref il y en a pour tous les goûts. Surtout que certains serveurs se sont même payés le luxe de créer leur propre collection de mods dédiée, histoire de personnaliser encore plus l’expérience de jeu. Côté mods par contre, il y a un peu de tout, mais beaucoup de perversité, forcément. On notera la finesse des créateurs avec le fameux Conan Sexiles, dont la fonction n’échappera pas à grand monde.
Des bugs encore et toujours
Conan Exiles a été assez bâché pour ses bugs, et il en a toujours même s’il y a du mieux. Personnellement, j’ai eu des outils qui ne fonctionnaient pas. Impossible par exemple (dans ma partie) de planter des graines, impossible aussi d’utiliser la roue de souffrance. Ah oui, j’ai oublié de vous mentionner que, théoriquement, vous pouvez vous faire un petit élevage d’esclaves tranquilou. Pour ça, il vous faut assommer un pnj puis le traîner au lasso jusqu’à la roue de souffrance où il apprendra à être docile, le bougre. Bon, ça c’est la théorie. La pratique est autre vu que chez moi, ça ne marchait pas. Est-ce l’esclave même qui est bugué ? Le dispositif ? Difficile de le savoir à moins de procéder à des tests assez coûteux en temps et en ressources. J’ai eu aussi des étapes des chapitres qui ne se débloquaient pas, comme le fait de s’équiper d’une armure légère. Au bout de deux armures complètes différentes craftées, l’étape n’est toujours pas tombée, ce qui est assez frustrant.
Conan Exiles, un jeu de survie qui ne m’a pas perdu au bout de deux heures. J’avoue que d’habitude, c’est compliqué pour moi d’accrocher, à moins de tomber sur une communauté top (ce qui est dur, forcément). Et, vu que le solo est en général assez punitif (pour pousser vers le multi), eh ben je décroche très vite. Pour la peine, Conan Exiles propose un univers très réussi, renforcé par un côté mature (peut-être un peu exagéré) et une direction artistique efficace. Les graphismes très réussis ajoutent grandement au plaisir de jeu. Si vous voulez vous plonger en groupe dans Conan Exiles (et que vous êtes patients face aux bugs) alors foncez, vous ne serez pas déçus.