Assassin’s Creed Syndicate : Le Test

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Il y a certains tests assez compliqués à appréhender. Déjà parce que le sujet est délicat, et qu’on sera de toute manière attendu au tournant. La série Assassin’s Creed a fait couler beaucoup d’encre depuis l’année dernière et ce depuis le lancement très chaotique d’Assassin’s Creed Unity. Depuis les critiques vont bon train et la condamnation d’un opus, dont la finition laissait clairement à désirer, a entraîné chez de nombreux joueurs (guidés par une certaine branche de la presse spécialisée sur internet) de nombreuses questions sur la pertinence globale de la série et de son avenir. Un faux pas a visiblement suffi pour passer du sucés d’estime et critique de Blackflag à une remise en question de l’annualité de la licence, par la même presse que nous ne pointerons pas du doigt . Pour eux, y’en a marre d’Assassin’s creed qui ne connait (soi-disant) aucun changement majeur, et surtout tous les ans ! C’est assez étrange que d’autres séries annualisées telles que Call Of Duty ou encore Fifa ne suscitent pas le même genre de questionnement, surtout que là aussi, pour la révolution, on repassera. Je commence déjà à m’égarer. Vous l’aurez compris je suis un fan de la saga Assassin’s Creed. Je vous rassure, je suis bien un fan, pas un fanatique. J’ai aimé certaines choses, d’autres moins, et comme la plupart des gens je n’ai pas apprécié la finition d’Unity à sa sortie, mais maintenant il s’agit d’Assassin’s Creed Syndicate. Et ce qui devrait être un nouveau jeu entraîne la même rengaine, on parle même d’un « Assassin’s Creed de trop ». Réellement ? Ok, je suis un fan mais pas seulement, je suis aussi un testeur de jeux vidéo qui n’hésite pas à râler quand ça va pas, même quand je suis fan d’une série (dédicace spéciale à Hideo Kojima). Alors, Syndicate ? L’Assassin’s Creed de trop ? Jeu bugué ? Jeu nul parce que c’est d’Ubisoft cet argument est avancé par certains, sans rire) ? Je vous propose de démêler le vrai du faux. Rien que ça.

Un lancement moins chaotique

On ne va pas encore revenir sur le désastre du lancement d’Unity, tout le monde est d’accord pour dire que ce n’est pas excusable pour un éditeur de l’importance d’Ubisoft. Maintenant qu’en est-il d’Assassin’s Creed Syndicate ? Il est important de noter la maladresse manifeste d’Ubisoft. Déployer un patch day one corrigeant la plupart des bugs, c’est bien mais le déployer avant de distribuer les versions presses aurait été mieux. Personnellement, j’ai joué au jeu après avoir téléchargé le patch, et niveau bugs, on va dire qu’on est loin de l’infestation d’Unity. Il y en a quelques-uns de constatés notamment liés aux sauts de l’ange, et surtout lors de l’utilisation du grappin (on y reviendra plus tard) mais rien de bien scandaleux. La finition est honnête, et Assassin’s Creed Syndicate a le bon goût d’éviter les chutes de framerate horribles de son prédécesseur. En revanche question graphismes, je suis un peu plus partagé. On est devant le même moteur qu’Unity, la technique est donc assez identique si l’on excepte de légères améliorations de textures au sol et de reflets. On a donc des animations de visage en demi-teinte, et des graphismes qui laissent un goût de « on a déjà vu mieux sur current gen ». C’est pas faux, certains disent que c’est « très moche », je n’irai pas jusque-là, mais on a déjà vu mieux c’est sûr. Heureusement, Syndicate a bien d’autres arguments à faire valoir.

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Réunion au sommet ?

God save the brotherhood !

Assassin’s Creed Syndicate nous place directement devant la triste réalité : Londres est un haut bastion templier. Complètement sous l’emprise du grand maître Crawford Starrick (qui a une fringante moustache, tel Galahad de The Order), Londres est rongée par les gangs alors qu’elle est en prise à de nombreux bouleversements socio-économiques. Après cette petite introduction diablement efficace, on fait connaissance avec nos deux assassins : les jumeaux Evie et Jacob Frye. Cette fois-ci, pas de jeune noob découvrant la confrérie et apprenant les ficelles de l’assassinat en deux semaines, les deux intéressés sont déjà dans le bain, et l’histoire a le mérite de pouvoir être lancée beaucoup plus vite. Après deux missions d’assassinat nous démontrant que l’Angleterre est bel et bien en plein essor industriel, nos deux héros partent pour Londres sous l’insistance (un poil trop impulsive) de Jacob. En effet, les jumeaux sont très différents. Là où Jacob se révèle impulsif, Evie fait preuve de plus de tempérance, voulant suivre la voie tracée par leur père. Jacob, lui, n’en a cure de ces balivernes familiales et préfère péter des dents. Et j’aurais pu continuer à vanter longtemps les mérites de ce tandem, certes un peu classique sur les bords, mais très attachant. On suit l’histoire avec grand plaisir, qui a le mérite d’être en lien avec le passé, et notamment avec l’héritage d’un certain Edward Kenway (le pirate de Blackflag, pour celui qui suit pas au fond) mais je ne vous en dis pas plus. Sachez juste que l’histoire se laisse suivre avec un grand plaisir, l’écriture et l’ambiance étant très soignées.

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Le GPS me dit de continuer tout droit.

Gangs of London

Ce n’est pas New York cette fois, mais l’ambiance est bien proche du film de Martin Scorcese. Londres est infestée par les Blighters, et, si l’on excepte les récits londoniens qui sont l’occasion de bosser un peu pour des figures connues telles que Charles Dickens, l’essentiel des activités annexes consistera à récupérer des morceaux de quartiers de l’emprise des Blighters. Pour combattre ce gang à la solde de Starrick, Jacob fonde les Rooks, et ça va castagner sec ! Assassinat de templiers en territoire ennemi, prise de place forte, chasse à la prime, libération d’enfants exploités pour fabriquer des chaussures (ah non, ça c’est en Chine, pardon. Les enfants londoniens eux bossent à l’usine) : au final tout cela revient un peu au même puisque vous devrez infiltrer une zone sécurisée et de vous occuper de votre/vos cible(s). Il y a donc pas mal de choses à faire, mais même si l’ambiance du titre reste cohérente, ces activités seront hélas assez redondantes. Rien de bien alarmant : on libérera les quartiers avec un certain plaisir malgré tout, d’autant que les récits londoniens sont, eux, très plaisants et immersifs. S’ajoutent à cela, des activités annexes telles que la boxe ou les course de carrosses. Par contre, grosse incompréhension sur l’absence de mode coop. Alors entendons-nous bien, ce n’est pas en soi l’absence de multi qui me dérange. Par contre, on dirait presque que le jeu a été conçu pour pouvoir accomplir vos missions à deux. Les deux protagonistes apparaissent dans les cinématiques de la plupart des missions, et parfois, même, Evie dira à son frère quelque chose du genre « Occupe-toi des sentinelles ». Bien entendu, vous devrez vous débrouiller seul, Jacob ayant sans doute préféré aller boire une bière pendant ce temps. On dirait presque que la coop avait été prévue, puis abandonnée faute de temps. Ce point est particulièrement décevant.

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Les Rooks pèsent dans le game, t’as vu ?

Batman’s Creed ?

Époque industrielle oblige, Evie et Jacob seront en possession d’un arsenal plus moderne (à peine) comprenant un grappin. Là encore, beaucoup de critiques ont été formulées. La plus récurrente étant : « Autant carrément jour à Batman« . Faut pas déconner non plus ! Le grappin réagit plutôt bien mais fait plutôt office de « mode flemmard ». Vous ne voulez pas vous embêter à escalader Big Ben ? Appuyez sur un bouton et c’est plié. Un peu dommage. Après ce n’est pas une purge complète non plus. Cette fois-ci, les rues de Londres sont élargies, et fini les fils à linge reliant les maisons. Le grappin sera plutôt utile à certains moments pour vous déplacer de bâtiments en bâtiments en tyrolienne. On repassera sur le réalisme, effectivement, de toute manière un mec qui évite une chute mortelle en tombant dans du foin, ça n’a jamais eu beaucoup de sens non plus. Côté armes, on a un peu moins de choix que d’habitudes, mais les trois styles sont assez différents. Vous aurez donc le choix entre le Kukri (une lame courte incurvée originaire d’Asie), la canne-épée (classe et typique), et le poing américain (Thug life!). Le système de combat a d’ailleurs été dynamisé au niveau du rythme. Les coups s’enchaînent vite, et les finish en imposent. Cela se vérifie également par la boxe, très orientée défouloir. Le système de progression ressemble assez à celui d’Unity, à cela près que vous devrez dépenser des points dans les arbres de compétences comprenant quelques différences entre les personnages.

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Apollo’s Creed ?

Londres à l’époque victorienne

Cette fois-ci encore, l’époque est remarquablement bien présentée, que ce soit la ville et ses monuments, ses rues, mais aussi l’époque industrielle omniprésente. En passant par la Tamise, vous pourrez voir de nombreux bateaux transporter des cargaisons à un rythme effréné. Vous pourrez en profiter pour vous faufiler d’un bateau à l’autre, et pourquoi pas piller une cargaison appartenant à votre ennemi juré. Les rues apportent également leurs nouveautés. Plus larges, elles ont été pensées pour accueillir une circulation constante de carrosses. La jouabilité est assez perturbante au départ, et vous finirez vite par exploser le décor si vous allez trop vite et perdez le contrôle de votre véhicule. Les courses sont donc (bien qu’un peu anachroniques) un ajout logique. A pied, en véhicule, en grappin, à vous de voir par quel moyen vous voulez vous déplacer. Quel que soit votre choix, Londres est magnifique, bien représentée, variée et surtout vivante. Les Pnj sont animés chantent, dansent, se battent, frappent aux portes, et rendent le jeu vivant et ajoutent encore plus de cohérence.

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Londres, What else ?

L’heure du bilan est arrivée. S’agit-il d’un « Assassin’s Creed de trop » ? Non. L’histoire est prenante, bien écrite, dans un univers cohérent et remarquablement retranscrit. Par contre, on regrettera les objectifs secondaires un peu trop redondants, et un gameplay qui n’a pas immensément évolué. Quelques petits ajustements, certes, notamment par rapport à certains gadgets (qui ne font pas l’unanimité) et sur le système de combat. Syndicate est bon, mais pas révolutionnaire. Le problème avec cette absence de prise de risque, c’est que ceux qui se sont déjà lassés ne renoueront pas cette année même si les autres seront ravis de suivre les aventures des jumeaux. Le vrai souci, c’est qu’il ne faudrait pas longtemps pour que l’on se lasse réellement. De quoi sera fait le futur ? D’un nouveau souffle pour la série, en tout cas on l’espère vivement ! Les cartes sont entre les mains d’Ubisoft. En tout cas, il serait injuste de cracher sur Syndicate et, franchement, s’il était arrivé directement après Blackflag, aurait-il été autant controversé ? A méditer…