Un pas de côté dans le tome 6 de Chiruran

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Depuis cinq tomes, la série Chiruran suit un groupe de mercenaires en quête de pouvoir. Mais, dans ce nouveau volume, Shinya Umemura et Eiji Hashimoto proposent un retour en enfance.

Le gang de Chiruran revient

Un mercenaire de Chiruran

Edité par Mangetsu, Chiruran suit le Shinsen Gumi, une milice de samouraïs devenus légendaires en 1859. On a pu voir le groupe s’unir, subir des attaques de gangs rivaux et subir une trahison dans le dernier tome. Tout cela nous ait raconté par Shinpachi Nagakura quand, en 1912, une jeune journaliste interviewe cet ancien capitaine. Les membres du Shinsen Gumi sont nombreux et ce tome ajoute dans le passé un nouveau personnage, Ryôma Sakamoto, samouraï de Tosa. Cependant, sans dominer le récit, Hijikata reste le personnage fil rouge de la série. Ce jeune homme est prêt à mourir pour gagner un duel. Cette entièreté rend ce personnage fort.

Shinbee est fier de son métier d’assassin car ainsi il laisse une trace dans l’histoire. On sent alors son origine modeste et le mépris des pauvres dans la société japonaise déjà très inégalitaire. Le lecteur découvre dans ce tome l’enfance d’Hijikata. Ses premières armes et sa précoce ambition d’être le meilleur combattant de l’archipel. On le découvre peu attentif à l’école et un incident avec son professeur le fait réfléchir sur ce qu’est un homme. Dans le présent, les nouvelles aventures de Chiruran reprennent à cent à l’heure avec un combat entre Hijikata et Shinbee. Ce duel est un spectacle pour les apprentis du clan. On s’amuse des techniques comme celle du sacrifice de la queue du dragon puis de la frappe de la libellule. Les école de sabre sont multiples et en conflit. La mise en scène de ces combats sur fond noir par Eiji Hashimoto est toujours aussi réussie.

Comment devient-on un tueur ?

Le duo au coeur de Chiruran

Dans ces nouveaux épisodes de Chiruran, on découvre le passé d’Hijikata et son amitié avec Izô Okada. Ce jeune homme est contraint de voler pour se nourrir. Ignorant ses amis, ce jeune naïf qui rêvait du métier de samouraï découvre la sombre réalité : derrière les belles paroles, il n’y a pas de morale car chaque clan est prêt à tout pour le pouvoir. Le jeune homme perd son humanisme lorsque les premières gouttes de sang de son adversaire giclent. Les hommes – même ses amis – ne sont plus que des mannequins de paille. C’est le premier symptôme de sa folie ou d’un conditionnement. Son clan rival le manipule pour en faire leur meilleur assassin alors qu’il cherchait des challenges pour prouver sa force.

Chiruran parle aussi de la masculinité, du besoin de ces samouraïs d’affirmer leur force, leur virilité. Quand il tue son premier homme, Izô Okada est vierge intimidé par les geishas. Le lecteur sera touché par le très beau portrait d’un enfant perdu et c’est une des multiples tragédies de Chiruran. Il n’y pas seulement la mort lors des combats mais la fatalité sociale ou psychologique. On n’échappe jamais à ce que l’on est depuis l’enfance. La succession de combats installe une ambiance sinistre d’un pays en proie à une violence constante. Par le scénario de Shinya Umemura, Chiruran mélange shonen et récit historique. Le lecteur reçoit une leçon sur les samouraïs à l’époque.

Le sixième volume de Chiruran est plus profond que les précédents. Même si le lecteur kiffe toujours autant ces combats bigger than life, on découvre derrière un récit léger un fond plus sombre en suivant Izô Okada. L’innocence mêlée à la sauvagerie de cet assassin en fait un personnage touchant.

Si cette chronique vous intrigue, vous pouvez retrouver des chroniques sur Le mandala de feu et Keiji.