Shigahime : Pénétrez en profondeur le monde des vampires

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Mangetsu propose avec Shigahime une série aussi sanglante que perturbante. Dans cette chronique du tome deux, nous allons vous faire pénétrez dans le monde nocturne de ces suceurs de sang très portés sur les contacts physiques…

Vampirisme et action

La noblesse de Shigahime

Depuis le premier tome de Shigahime, le jeune lycéen Osamu est devenu le familier Miwako, une créature de la nuit ayant recours à des serviteurs humains pour lui apporter le sang d’un cœur humain. Elle a promis de sauver la jeune Chika en échange du dévouement absolu du jeune homme. Cependant cette promesse est un mensonge. Devenu lui aussi une créature de la nuit, le jeune homme se réveille dans le manoir avec le même sac sur la tête et son bras est une immense faux en os. Tout ce qu’il a vécu n’est pas un cauchemar. Il devient un monstre et panique. Il souhaite se suicider, car cette nouvelle vie lui paraît sans espoir.

Pourtant, Osamu est doté de multiples pouvoirs et a un espoir : se libérer de ce statut en buvant du sang de vampire. Il décide donc de tuer sa maîtresse. Cependant, il découvre également qu’il n’est pas le seul familier et les autres n’ont pas son questionnement moral. En effet, un nouveau personnage ne fait pas tâche dans cette galerie de fous furieux. Habillée comme une sage lycéenne, mais très perverse, elle vient tuer Miwako et son serviteur, car ils ont tué un familier. Elle veut réparer cette faute au protocole.

En effet, il n’y a pas de solidarité entre vampires et ils existent même une inégalité sociale entre les quatre vampires, des originelles comme Miwako et des métisses plus tardifs. Se dénommant la lignée de sang, ces vampires se chassent entre eux pour préserver leur territoire, mais ne peuvent se tuer. Seuls les familiers en sont capables. On comprend d’ailleurs mal pourquoi Miwako explique cette faiblesse à Osamu. Ce nouveau volume de Shigahime nuance aussi le propos de départ. Une maîtresse refuse de s’alimenter, car elle veut mourir. Miwako n’incarne pas le mal absolu, mais elle est attachée à son esclave dans une relation de double dépendance… ou n’est-ce une nouvelle manipulation de sa part ?

Sexe et mort

La tradition dans de Shigahime

Shigahime est une série sombre et glauque, mais cela n’enlève rien de ses qualités. La mention « pour un public averti » se justifie dès la première attaque. La nouvelle vampire utilise des cheveux pour envahir le crâne du serviteur faisant tomber ses globes oculaires. Le dessin de la superbe couverture est terrifiant : on a une vue d’en haut de Miwako dans une robe de mariée tachée de sang et elle s’essuie le visage. Sato Hirohisa réussit à être très gore, mais en noir et blanc. Une vampire se fait littéralement dévoré par la faim.

Si Shigahime peut paraître féministe, car les quatre originelles sont des femmes, la série est surtout une parabole du sexe en mélangeant l’érotisme et la mort, éros et thanatos. Comme une dominatrice SM, Miwako enseigne le plaisir du corps et de la domination à Osamu … mais en mangeant un cœur chaud. Des scènes sont assez explicites comme le partage des restes d’un cœur. Dans Shigahime,  on est plus proche de Sade que d’Ann Rice aussi bien dans les dialogues à double sens que dans les dessins très suggestifs.

Cependant, les sentiments ne sont pas toujours négatifs. Amoureux, Osamu prêt à tout pour sauver Chika. Cependant, depuis qu’il a goûté à des relations bien plus épicées avec Miwako, cette relation adolescente lui semble fade et sa maîtresse en joue de manière perverse. De plus, Osamu ne peut tout dire à Chika et ce silence est un frein pour leur relation. Pour la première fois depuis le début de la série, Chika comprend que quelque chose ne va pas et rentre progressivement dans le monde secret d’Osamu.

Prévue en cinq volumes, Shigahime confirme sa qualité et sa description sombre d’un monde perverti. Sato Hirohisa sait manier la chaleur des émotions et des scènes d’actions avec la froideur des glaçantes remarques de Miwako et le destin de plus en plus sombre d’Osamu. En effet, une double page annonce une guerre entre familiers que l’on sera paradoxalement ravi de vous raconter.

Si vous avez encore faim d’horreur, vous pouvez retrouver les chroniques sur le premier tome et sur les chefs-d’œuvre de Junji Ito.