Ookami Rise, une géopolitique sauvage du Japon

0
662

Depuis le 11 septembre, le géographie politique du monde a changé et le manga Ookami Rise imagine une parabole sur ces transformations. Que se passerait-il si les puissants voisins du Japon l’envahissaient ? Les loups hurleraient dans les bois…

Un pays coupé en deux

Les animaux d'Ookami Rise

Dans Ookami Rise, le Japon a perdu son indépendance car, l’archipel a été envahi par ses deux puissants voisins. Dans ce futur proche, le Nord est occupé par la Russie et le Sud par la Chine. Entre les deux, un no man’s land subsiste. Le livre s’ouvre sur une escouade de garde-frontière qui, pendant leur patrouille découvre des hommes à tête de loup dévorant des vaches. Ces créatures affirment être des humains mais les soldats préfèrent réagir par une salve de mitrailleuse. Ces créatures sont des Wolang (des loups japonais en chinois) nés d’expériences génétiques de l’armée chinoise. Rejetés, ils trouvent refuge dans l’espace frontalier entre les deux puissances occupantes mais chacune veut les récupérer. Les Chinois agissent dans le premier épisode par un commando dirigé par un proche de ces Wolang.

Même si quelques pages décrivent la chute du Japon et la situation des habitants du côté chinois puis dans le camp adverse, le premier tome d’Ookami Rise raconte par des scènes de combat la lutte de ces mutants pour survivre. Le dessinateur Yu Ito réussit très bien à transcrire le dynamisme de cette lutte. Son style brut refuse les lignes courbes pour renforcer la violence de ce qu’il décrit. En effet, il n’hésite pas à montrer le sang qui dégouline des gorges quand la meute de Wolang attaque. Ses créatures sont à la fois impressionnantes par leur variété et peuvent être touchantes puis redoutables la case suivante.

Ces Wolang ne sont pas des agneaux abrutis mais des prédateurs qui pensent et se divisent. Certains autour de Ken estiment que l’humanité va les accepter alors qu’un groupe, plus radical, rassemblé par Maeda préfère la survie du plus fort. Pour réussir, ils possèdent de nombreux atouts. Non seulement ils ont la force des animaux dont ils ont reçu les gènes mais leur sang est un poison pour l’humanité.

Entre chiens et loups

Le trio d'Ookami Rise

Édité par Panini Manga, Ookami Rise est l’adaptation par le scénariste et dessinateur Yu Ito ,du roman Imperial Guards. Mais, le fan de manga pense aussi à Beastsars. En effet, Ookami Rise est une réflexion sur l’humanité à travers un récit animalier. Paradoxal, certes mais l’auteur utilise ces mutants pour montrer l’essence de l’humanité : la fraternité, la solidarité face au rejet et à la haine mais aussi la violence de la meute. Les références animales sont présentes aussi dans l’autre camp. La troupe d’élite chinoise chargée d’éliminer les Wolang porte un casque cybernétique ressemblant à la gueule de canidés pour se protéger de la contagion. Ils se surnomment les Chigou, les loups affamés en chinois.

L’essentiel de l’action se déroulant dans la zone tampon entre les deux Japons. La seconde moitié du livre présente cette zone vue par le camp d’en face à travers un explorateur russe et surtout plonge dans le passé d’un trio de personnages. Dans ce premier tome, on voit très peu le reste du pays. L’explication de la chute du Japon est d’ailleurs assez confuse. On sent seulement que l’auteur – du roman ou du manga, le doute subsiste – prône l’indépendance militaire du Japon car l’allié américain serait douteux et met en avant la force virile des loups. On peut trouver cela un peu réactionnaire.

Fermez vos livres de géographie et coupez le journal télévisé. Les nouvelles du monde viennent de ce premier tome d’Ookami Rise et elles sont violentes. Yu Ito propose une vision sombre du futur de son pays où les grandes puissances dominent. Seuls des loups restent libres. Il faudra découvrir dans la suite comment ils pourront survivre face aux armées chinoise et russe.

Si vous voulez découvrir d’autres séries sur l’histoire du Japon, vous pouvez retrouver les chroniques sur Toilet-bound Hanako-kun et sur Butterfly Beast.