Ochô continue sa chasse dans Butterfly Beast II

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Au fil des tomes de Butterfly Beast, le lecteur ou la lectrice découvre la double vie d’Ochô, à la fois ninja et geisha. Elle doit dans ce nouveau tome édité par Mangetsu lutter contre le christianisme…

Seule contre Jésus

Ochô dans Butterfly Beast II

Se situant en 1636, Butterfly Beast explore les débuts de l’ère Edo. Le Japon revient à la paix après des décennies de guerres seigneuriales. Jusqu’à présent, Ochô pourchassait les militaires dévoyés ou des opposants politiques. Dans ce nouveau tome, elle s’attaque à l’Occident. La magistrature de Nagasaki la charge d’assassiner Jihyôe Kintsuba, un prêtre japonais venu évangéliser le Japon sous le nom de Thomas de San Agustin. Une opération menée dans quatre départements n’avait pas réussi à la trouver.

En même temps, des shinobis pillent des commerces du quartier de Yoshiwara en laissant des chapelets. Ochô est totalement déstabilisée, car Kintsuba semble connaître tous ses secrets, sa voix brise toute résistance et il semble capable de disparaître. Comment cette tueuse pourra-t-elle s’opposer à un homme si proche du divin ? Voici un adversaire bien plu redoutable que les précédent et Ochô se retrouve seule. En effet, dans le tome précédent, son compagnon est parti pour Kyūshū, une île au sud du Japon afin de déjouer un possible complot contre le shogun.

Toute cette intrigue ne serait pas compréhensible sans le talent de Yuka Nagate. Son dessin très fin de plonge le lecteur ou la lectrice dans ce monde disparu. Elle impressionne par son réalisme des décors et des costumes, mais également lors des scènes de combat. Nagate sait parfaitement transcrire les différentes expressions sur les visages ou une impassibilité inquiétante. Elle installe une tension au fur et à mesure que le complot autour d’Ochô prend de l’ampleur.

Un Japon fermé sur le monde

Prostitution et religion dans Butterfly Beast II

A l’image des tomes précédents de Butterfly Beast, la scénariste et dessinatrice Yuka Nagate profite d’un récit d’action sur Ochô pour enrichir les connaissances historiques du lecteur. Elle réalise une page pour présenter le contexte. Par le personnage de Thomas de San Agustin, le lecteur français comprend la situation de l’archipel. Voyant les ravages de la colonisation en Chine ou en Asie du Sud-Est par les Européens, le shogunat prend des mesures drastiques. Le commerce avec l’Europe (et l’Amérique) est limité à une poignée de villes portuaires. Les Occidentaux et les métis sont en partis expulsés. La religion chrétienne est interdite. Même les symboles chrétiens comme les croix sont illégaux. Les prêtres occidentaux ou japonais sont exécutés. Les convertis sont torturés et le dessin des techniques est effrayant. C’était d’ailleurs le sujet du film Silence de Scorcese.

Les croyants qui échappent aux bûchers se cachent, mais la religion catholique se diffuse en raison de son message égalitaire. Pour poursuivre leur mission évangélisatrice, les prêtres sortent de leur réserve. Jihyôe est surnommé kintsuba, car son sabre a une garde dorée que l’on découvre dès la première page de ce volume. C’est pour le trouver que l’on a dressé le premier portrait-robot. Ochô ne lutte pas vraiment contre une religion, mais elle est engagée pour consolider le pouvoir central. En effet, le christianisme et le shinobis ont le même objectif : maintenir la division du Japon en des seigneuries puissantes.

Ce deuxième volume de Butterfly Beast se concentre sur un unique récit : la lutte entre Ochô et Jihyôe Kintsuba. Ce conflit donne un récit haletant, mais pas seulement. Derrière cette rivalité individuelle, Yuka Nagate présente la lutte contre la religion chrétienne et les luttes locales contre le shogunat.

Sur les liens suivants, découvrez la première série et le premier tome de la seconde série.