Osons le dire, tout le monde ou presque a entendu parler de Gundam, en tout cas de nom , un nom qui rime un peu vite avec l’avalanche de goodies et de figurines de l’époque à l’effigie de l’un des méchas les plus emblématiques du genre.
Moins connu en France, Gundam est cependant une franchise culte au Japon qui a débuté en 1979 avec la série animée Mobile Suit Gundam crée par Yoshiyuki Tomino, le début d’un univers qui a bouleversé les codes du genre Mecha.
Depuis cet animé, bon nombres de séries et de films Gundam se sont succédés, de quoi donner le tournis… Cela n’empêche pas Gundam de recruter de nouveaux fans que ce soit par le biais des animés disponibles sur des sites de streaming ou bien en terme d’édition manga. Et cela tombe bien puisque c’est du manga dont il est question ici et plus précisément de la réédition de Mobile Suit Gundam – the origin un titre adapté directement de l’animé original par le mangaka Yoshizaku Yasuhiko et édité dans une agréable version deluxe proposée par les éditions Vega-Dupuis.
Origines d’un mécha du manga
Le manga fut publié entre 2001 et 2011 dans le magazine Gundam Ace, un magazine consacré exclusivement au fameux mécha. A la barre, nous retrouvons Yoshikazu Yasuhido, dessinateur aguerri et character designer familier de Gundam depuis les débuts de la série. Mobile suit Gundam – The Origin fut par la suite publié en France par les éditions Pika pour un total de 24 tomes (incluant un tome complémentaire) et ce jusqu’en 2018.
Cette année, les éditions Vega-Dupuis nous font donc redécouvrir cette série par le biais d’une belle édition en format deluxe prévue en douze tomes. Une édition monumentale pour un monument du manga et qui représente l’occasion de découvrir cet univers qui a pour la première fois introduit la figure du mécha sous un autre concept, celui du real robot, un sous-genre du mécha où les robots sont pilotés de l’intérieur à des fins militaires.
Mecha de guerre
Mobile Suit Gundam est un space opera dans lequel l’humanité a colonisé l’espace. Cette expansion n’a pas empêché la division et l’une des colonies humaines, Side 3, a décidé de revendiquer son indépendance sous le nom de Principauté de Zéon au grand dam du reste des colonies réunies sous l’appellation de la Fédération. La guerre finit inévitablement par éclater…Et depuis ces deux bastions de l’humanité se font face à coups de Mobile Suits , des robots de combats pilotés de l’intérieur.
L’intrigue débute en l’année 79 du Siècle Universel dans une colonie épargnée par le conflit, Side 7. Malheureusement, la guerre finit par frapper aux portes de cette enclave lorsque des soldats de Zeon viennent discrètement enquêter sur une nouvelle technologie militaire secrète établie par la Fédération : un modèle révolutionnaire de robot Mobile Suit appelé Gundam. Alors que l’infiltration tourne mal, le Gundam croisera la route d’Amuro Ray, un jeune civil ingénieux qui prendra les commandes du robot dans une situation de crise. Contre toute attente, Amuro deviendra le nouvel instrument de guerre au milieu du conflit.
Grâce à un style acéré qui modernise tout en respectant le chara-design de l’animé originelle, Yoshikazu Yasuhiko délivre un manga de guerre prenant et immersif qui fait du robot, non pas un héros, mais une véritable arme de guerre.
En cela, la première apparition du Gundam est juste impressionnante. Des éclaireurs de Zeon , revêtus de leurs Zaku, font face au robot de la Fédération dans une confrontation mémorable où le Gundam est d’abord hors-champs avant de sortir peu à peu de l’obscurité. Une première apparition menaçante relatée à partir du point de vue des soldats de Zéon.
Cette volonté de débuter l’intrigue par le camps des « ennemis » prouve l’envie du créateur de Gundam, Tomino, de ne pas raconter une simple guerre ultra-manichéenne. Comme on le constate avec ce premier tome, la série suivra aussi bien le point de vue d’Amuro, le héros de la Fédération que de son principal adversaire, Char Aznable alias La Comète Rouge. Les deux camps seront mis en valeurs et bien que bon nombre de personnages soient des militaires, la série mettra aussi en évidence les nombreux civils qui demeurent les premières victimes du conflit.
Gundam – The Origin dénote donc par sa gravité qui nous plonge dès les premiers chapitres dans l’effondrement de la colonie Side-7, une entrée en matière un brin déroutante qui ne souffre d’aucun préambule si ce n’est une brève introduction en couleur qui nous fait passer de la conquête spatiale à la guerre en deux pages.
L’homme et la machine
Ce premier volume nous conte donc la rencontre entre Amuro, un jeune homme qui est tombé sur le dossier technique du Gundam, et ce dernier, une rencontre qui témoigne une nouvelle fois de la force dramatique de ce titre où le jeune homme s’installe dans le robot afin de survivre et de se battre sur une colonie tombée en ruines. La suite du volume illustrera la fuite de la colonie dont les survivants se retrouveront à bord d’un puissant vaisseau militaire appelé le White Star.
En terme de dramaturgie autour du conflit, Mobile Suit Gundam prouve qu’il n’a pas à rougir de la comparaison avec des séries comme L’attaque des Titans. L’ambiance est intense et ce, dès les premières pages. A noter que la colorisation aux tons infernales de certains planches apportent un plus non négligeable à la qualité dramatique de cette série. On se régalera du premier combat d’Amuro face à un soldat Zeon un peu trop zélé dans des décors en ruines sublimés par les couleurs ocres et écarlates.
Ce premier tome est d’autant plus intense qu’il est surtout concentré sur une fuite en avant, celle des survivants de la colonie Side-7 qui cherchent à regagner la Terre, poursuivie par Char et ses hommes.
Dans ce début de ballet conflictuel, la parole est aussi donnée à Char Aznable, un antagoniste tout simplement charismatique de par le mystère qu’il dégage et ses compétences au combat. Sa réputation glace les soldats de la Fédération hantés par sa bravoure et sa maitrise de son Zaku (le modèle de robot utilisé par les indépendantistes). Sans nul doute, Char est l’un des personnages les plus célèbres de la série qui aura d’ailleurs droit à quelques flash-backs sur sa jeunesse dans cette adaptation manga. Son apparition, visage masqué, lui donne une aura menaçante, inquiétante mais aussi séductrice.
Amuro, quand à lui, est un peu le précurseur du fragile Shinji d’Evangelion. Moins pathétique que ce dernier, Armuro n’est cependant pas un héros tout comme Shinji. Il se glisse dans le robot par instinct et subira par la suite l’autorité militaire incarnée par l’arrogant lieutenant Bright qui, lui aussi, doit composer avec son nouveau rôle de capitaine.
Des personnages imparfaits dans un univers en guerre, c’est aussi cela Gundam et on se rend vite compte à la lecture de ce premier tome que cette série n’a rien perdu de sa fraicheur et ce même si elle est une adaptation d’un animé de 1979.
Moins militariste que d’autres séries de cette époque, Gundam est un titre plus nuancé qui étoffe les motivations de chacun. A ce titre, sans trop en dire, ce premier volume soulèvera quelques interrogations sur le rapport entre Char et sa soeur Sayla, présente dans le camp adverse tandis que certains figures militaires se démarquent comme l’inexpérimenté lieutenant Bright dont le rapport houleux avec Amuro prête à sourire, ou encore le rigide colonel Wakkein.
Cette galerie de personnages réunis autour du Gundam apporte une certaine profondeur à ce volume donnant une vraie étoffe géopolitique à l’intrigue.
Un mécha flamboyant
Quoi de mieux pour redonner vie au manga Gundam qu’une édition de bonne facture, et là dessus, Vega-Dupuis a soigneusement redonné vie à ce manga, d’abord édité chez Pika en 24 tomes.
On comptera donc 12 volumes double pour une édition cartonnée en format deluxe avec un papier d’excellente qualité. Une édition qui peut freiner par son prix, 29 euros, mais qui ne détonne pas forcément avec ces rééditions de manga patrimoniaux, A titre d’exemple, la cultissime série Lone Wolf and Cub rééditée également dans une version deluxe chez Panini est vendu au prix de 32 euros.
A bien y réfléchir, pour un titre exceptionnel, sujet à un véritable culte au Japon, la réédition de Vega-Dupuis s’avère tout à fait honorable et on se plaira à savourer, à son rythme, ce fabuleux point d’entrée dans l’univers Gundam.
D’autant plus que le dessin de Yoshizaku Yasuhiko possède un style doucement old-school (les tenues découpés des personnages, les coiffures un peu seventies) en accord avec le style de la série animée mais sans en être cloisonnée. L’action est bien ordonnée, tandis que certaines planches sont tout simplement épiques entre les visions d’ensembles des vaisseaux et des bases spatiales et les confrontations explosives entre les méchas . Ce dessin fort et impactant relève sans doute encore plus la densité dramatique de l’animé de base et peut permettre de plaire à un public non familier de l’univers de Gundam sans être un peu gêné par l’aspect forcément rétro de l’animé de 1979…
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En somme, il serait dommage de passer à côté de cette découverte ou redécouverte d’un titre culte et adulé au Japon. Ce premier tome de Mobile Suit Gundam – The origine est une point de départ idéal pour découvrir cet univers complexe qui a révolutionné le manga de robot. Cette réédition de luxe débute avec un premier tome spectaculaire qui nous plonge directement dans ce conflit avec pour temps forts : la première rencontre entre Amuro et le Gundam, la première confrontation avec Char Aznable et surtout ce souffle épique qui vient transpercer les planches de part en part.
Un must-have du manga de mécha qui a su traverser le temps et mérite qu’on s’y attarde.
Envie d’en savoir plus sur Gundam ? Retrouvez ici un petit podcast avec le youtubeur Pink Platypus, spécialiste français de l’oeuvre de Tomino. En prime, n’hésitez pas à consulter notre article consacré à Gundam Seed, un animé fort apprécié issue de l’univers de Gundam !
