L’amour envoutant de Ma revenante bien-aimée

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La saint-valentin est passée et la Toussaint est encore loin. Pourtant, le premier volume de Ma revenante bien-aimée serait parfait pour ces deux fêtes. Découvrez dans cette chronique comme l’amour et la mort cohabitent dans cette nouvelle série

Une histoire d’amour mortelle

Le shopping inquiétant de Ma revenante bien-aimée

Dans les premières images de Ma revenante bien-aimée, Riku Ninose apparait comme un employé de bureau totalement banal. Alors qu’il dort encore, sa nouvelle épouse Remi vient le chercher pour déjeuner mais, en la voyant, il hurle. En effet, le visage de la femme de sa vie dégouline de sang. Le lecteur est choqué mais Riku ne panique pas. En effet, il a épousé un fantôme. Riku est profondément épris tout en n’arrivant pas à supporter le regard morbide de son épouse. Leur amour paraît impossible. Pourtant, le reste de ce premier tome montrent les énormes efforts du couple pour que cette relation hors norme fonctionne. Riku sort en public avec Remi.

Elle s’épanouie avec lui mais le reste de l’humanité panique en la voyant. En réaction, elle ne peut s’empêcher de se cacher derrière un rideau et d’y coller son visage. Remi souffre d’être une revenante. Elle ne peux pas porter de nouvelle tenue sans que son aura ne le déchire. Parfois, sa colère contre l’humanité déborde. Pourtant, cette attitude étrange devient un atout publicitaire. Ma revenante bien-aimée n’est en effet pas un drame mais une comédie sur l’horreur.

C’est par ce mélange des registres opposés que le rire arrive dans Ma revenante bien-aimée. Remi porte des vêtement en lambeaux mais avec une blouse. Elle veut faire plaisir à son mari adoré par un bento sauf qu’elle dessine avec les petits plats une stèle funéraire. Quand elle est heureuse, elle crie et ouvre des grands yeux. En effet, le dessin de Takeshi Wakasa illustre très bien cette cohabitation des contraires. En deux cases, on passe d’une comédie romantique mièvre à une inquiétante scène d’horreur. Le visage de Riku peut être celui d’une top-model ou d’un cadavre. La structure alterne entre la simplicité de la comédie avec beaucoup d’espace vide et les nombreux traits effrayants dans l’arrière-plan.

Un couple pourtant si banal

La transformation d'une fantôme dans Ma revenante bien-aimée

Chaque court chapitre détaille un moment quotidien de ce couple atypique. Remi reste à la maison pour garder le secret de sa situation de fantôme mais également pour faire le ménage. Le scénariste et dessinateur Takeshi Wakasa nous montre dans Ma revenante bien-aimée un couple très conservateur. Remi prépare à manger à son époux pendant qu’il dort. L’humour devient alors une arme pour ridiculiser la société patriarcale. Un voisin veut flatter Riku en vantant la beauté de sa jeune épouse mais quand elle apparaît à la fenêtre le malotru prend la fuite. Dans l’entreprise de Riku, des employés se plaignent du harcèlement au travail de leur supérieur.

Cependant, Riku reste un homme ne pouvant envisager ni l’égalité avec son épouse, ni qu’elle puisse avoir une vie indépendante. Il insiste beaucoup sur sa beauté physique. Il va présenter son épouse à sa mère. Les deux amoureux de Ma revenante bien-aimée sortent pour faire du shopping ou partent pour la journée à la plage. Mais tout déraille très vite quand prendre le métro devient un aventure.

Avec Ma revenante bien-aimée, le lecteur découvre le folklore japonais. Une légende urbaine affirme que des spectres apparaissent dans les toilettes des femmes. L’aura des fantômes forme une tache partout où elle reste longtemps. Le sel éloigne les démon. Le fan de J-horror s’amuse des nombreux clins d’œil au cinéma de genre comme la position corporelle de Remi : elle penche sa tête de 45 degrés, elle rampe comme une araignée.

Édité par Mangetsu, Ma revenante bien-aimée suit la vie quotidienne d’un jeune couple. Ce thème banal est bouleversé par l’étrange choix d’épouser un fantôme. L’horreur devient comique mais des passages en fin de volume montrent des évolutions possibles pour Remi. Si le premier volume peut vous hanter pendant quelques nuits c’est surtout par les scènes cocasses qu’il vous marquera. Reste à découvrir si l’envoûtement initial se prolongera dans la suite de la série.

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