Keiji rentre au cœur du pouvoir dans le tome 6

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L’arrivée de Keiji à Edo a été fracassante, mais jusqu’à présent, le samouraï était encore resté éloigné du pouvoir. Dans ce nouveau tome édité par Mangetsu, le dessinateur Tetsuo Hara, les scénaristes Keiichirô Ryû et Mio Asô font entrer l’incontrôlable samouraï dans les arcanes du pouvoir. Va-t-il savoir s’adapter aux stricts codes du palais ?

Un éléphant dans un jeu de pouvoir

Une danse de Keiji pour séduire

Venu dans la capitale pour rencontrer Hideyoshi, Keiji est enfin reçu au palais. Cette rencontre est déterminante pour sa carrière, mais aussi pour le destin fragile du clan Meada. Loin d’être intimidé, le héros tient à conserver sa légèreté ainsi que sa liberté. Il est censé se soumettre au nouveau régent, mais en raison de son passé et de l’exubérance de son caractère, Keiji refuse de s’incliner. En effet, il est venu tuer Hideyoshi.

Le tome précédent s’était terminé par un intense cliffhanger. Le kabuki-mono avait trouvé un moyen d’éviter de s’abaisser en changeant de coupe de cheveux : sa queue de cheval démesurée s’abaissait devant le seigneur, mais pas Keiji. On a craint le pire, mais lui-même ancien kabuki-mono, Hideyoshi en rigole et lui accorde même un kabuki gomen, le droit d’être libéré des nombreux engagements supportés par les autres samouraïs.

Ce passe-droit lui permet d’éviter la mort. Son oncle ne peut plus le tuer sans encourir la colère du régent. Paradoxalement, Keiji veut pourtant toujours tuer le régent. Mais, les maisons des princes étant truffées de pièges, il doit élaborer des plans si alambiqués qu’ils deviennent drôles pour le lecteur. Il devient un danseur pathétique imitant un singe, diffusant aussi son message politique contre le régent.

Mais, ce tome six retrouve également des combats aussi improbables que prenants. À cheval Keiji affronte seul treize cavaliers. Ce personnage est double : un froid combattant et un joyeux kabuki-mono. D’un côté, il échafaude des plans complexes et sait manier le sabre. D’un autre côté, il vit une histoire d’amour impossible et admire un cerisier en fleur. Il déteste la vanité des duels, mais adore l’ostentation vestimentaire. Il tue par honneur, mais sans plaisir.

L’honneur et le sang

Un clan inquiet de l'acte de Keiji

La série démontre que le code de l’honneur reste le plus important pour la haute société. Il faut défendre son statut face aux autres groupes, mais aussi à l’intérieur du clan quand l’ambition fait oublier les règles. Habile tacticien, Keiji sait néanmoins se tirer des affaires d’honneur avec talent et humour. Pour cela, il est aidé par son assistant qui prouve ses talents d’éclaireur… et fait parler les chiens. Ce code est aussi une façade, car tous ces hommes puissants sont d’anciens soldats qui ont du mal à garder leurs lames dans le fourreau.

Même si ce n’est pas le but principal, le lecteur découvre cette période historique. Le pays étant en paix les conflits militaires sont devenus des conflits de préséance ou de respect. Certains y perdent la vie et d’autres leur honneur. La génération des premiers combattants est devenue aujourd’hui le groupe social dominant et regrette sa jeunesse militaire. Elle ne cesse de s’y référer pour y puiser des leçons de morale. C’est un moyen pour le scénariste de remonter dans le passé complexe de ces puissants ou au contraire d’éclairer leurs motivations actuelles.

Ce sixième tome prouve les qualités comiques de Keiji, car il se sort par plusieurs pirouettes d’une situation à priori impossible. Mais ce n’est que le début. En devenant plus populaire, il devient aussi une cible de plus en plus évidente et accessible. Comment ce héros déjà très arrogant va-t-il gérer cette renommée croissante et dangereuse ?

Vous pouvez découvrir les débuts de la série dans cet article ainsi le tome précédent.