Hellbound, la série coréenne tant attendue, déjà sur Netflix

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Hellbound est basée sur la série webcomic « Jiok » (traduit littéralement par Enfer) écrite par Yeon Sang-Ho et illustrée par Choi Kyu-Seok (publiée pour la première fois le 25 août 2019) via comic.naver.com/webtoon. Les deux auteurs ont également travaillé sur le scénario de la série réalisée par Yeon Sang-ho. On doit à ce dernier des succès comme Train to Busan, Peninsula et Seoul Station, entre autres.

L’histoire

Jung Jin-Soo, leader de la religion appelée « La nouvelle vérité » (Saejinrihwe), annonce au monde que des anges de la mort viennent de l’enfer pour tuer les pêcheurs. Cette religion, qui ressemble plus à une secte, se proclame comme l’interprète de Dieu. Elle affirme alors que ces mises à mort, sont la révélation de la colère du divin, destinées à épurer le monde.

La police enquête sur ce phénomène inexplicable. Min Hey-Jin, avocate, se dresse contre le groupe « Hwasalchok » (« Pointe de flèche »), dont les membres suivent aveuglément Saejinrihwe. Les familles de ceux qui ont été tués par les anges de la mort, sont persécutées et le chaos règne dirigé par un dictateur qui fait croire à tout le monde qu’il s’agit de l’œuvre de Dieu.

Fiche technique

Drama : Hellbound (titre anglais) / Hell (titre littéral)
Romanisation révisée : Jiok
Réalisateur : Yeon Sang Ho
Scénariste : Yeon Sang-Ho (webcomic & scénario), Choi Kyu-Seok (webcomic & scénario)
Réseau : Netflix
Épisodes : 6
Date de sortie : 19 novembre 2021
Langue : Coréen
Pays : Corée du Sud

Distribution

Yoo Ah-in : Jung Jin-soo
Won Jin-ah : Song So-hyun
Park Jung-min : Bae Young-jae
Kim Hyun-joo : Min Hey-jin
Yang Ik-jun : Jin Kyung-hoon
Kim Do-yoon : membre Hwasalchok
Kim Shin-rok : Park Jung-ja
Ryoo Kyung-soo : Pretre Yoo-ji
Lee Re : Jin Hee-jung

hell3 Hellbound, la série coréenne tant attendue, déjà sur Netflix
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Hellbound : un scénario singulier

Il va de soi que regarder un drama pareil dans la situation sanitaire actuelle, ne peut que nous ramener des échos et des parallélismes. Des bêtes sorties de nulle part qui attaquent sans raison et d’une façon aléatoire. L’époque du sida où l’on pointait du doigt les homosexuels et les héroïnomanes en effet n’est pas loin. « C’est de leur faute, ils l’ont bien cherché ». Sans oublier que de nos jours, un cas contact provoque la quarantaine de tous ceux qui se trouvent autour. On ne les persécute pas, ce serait interdit, mais on les veut confinés.

Ces monstres terrorisent la population. Ils viennent nous prouver que devant l’adversité, un tremblement de terre, un volcan en éruption, un virus sorti du néant (heu….), on est tous à la même enseigne. Le statut social, l’argent ne peuvent rien contre les forces de la nature. Mais qui sont les monstres dans cette histoire ? Ces espèces de gorilles effrayants avec une petite tête ou les pseudo gourous qui profitent de la situation pour se faire du fric et faire tomber tous ceux qui se mettent en travers de leur chemin ?

La chasse aux sorcières sous la présence d’une religion inquisitoire émerge, s’installe. Envahi. Les exécutions publiques reviennent en masse, comme au Moyen Âge. Ici ce n’est pas les rois qui président l’exécution, mais les VIP, ceux qui ont de l’argent et qui se masturbent devant la détresse d’autrui (Squid Game, tu nous fais un coucou ?).

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L’éternel débat de la peine de mort. Le libre arbitre s’étiole. On croit être protégé, on croit que les nouveaux leaders veulent la même chose que nous, à savoir une société sans vols, meurtres, pédophilie (et tout et tout). Mais il ne faut pas se leurrer, ce qui compte est d’avoir le pouvoir. Le leader de la deuxième partie le dit très clairement. Et si on n’est pas d’accord, il faut assumer les conséquences. (Tiens, à nouveau des échos).

La Corée du Sud est truffée des sectes fanatiques. La World Mission Society, Temple du Tabernacle, Voie de la grâce… Hellbound joue à cache-cache avec ce sujet derrière les monstres titanesques. De prime abord, les leaders sont là et le peuple les écoute.

Mais quelle est la pire des sectes de nos jours ? Quelle est cette secte qui répand des rumeurs qui sont prises comme des informations ? Quelle est cette secte qui préfère filmer plutôt que de venir en aide ? Quelle est cette secte à laquelle on est tous adeptes qu’on le veuille ou pas ? Cette secte qui a pris une place proportionnelle au manque de place que le Covid nous a imposée ?

Internet, les réseaux sociaux. (Faire des papiers, remplir des documents de nos jours s’avère être de la science-fiction si on n’a pas un ordinateur. Ou qu’on ne sait pas s’en servir.) Ils racontent n’importe quoi n’importe comment, et on les écoute. Oui, ces mêmes réseaux sociaux qui poussent quelqu’un au suicide. Qui débitent des images à outrance. Qui ébranlent nos repères pour mieux nous manipuler (décidément, ces échos…). 

Le point primordial de cette série n’est pas toute cette richesse d’images qui nous submerge dans le cœur d’une bande dessinée. Le plus important ce n’est pas ce qu’on voit, mais ce qu’on ne voit pas. L’imagination. L’idée de ce qu’une catastrophe pourrait provoquer dans n’importe quelle capitale si des dirigeants avisés se l’appropriaient. La remise en question. La recherche d’une information à laquelle s’accrocher. Ne plus avoir le droit de penser, de choisir. La société qui nous accule. La délation. Le jugement.

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D’après Hellbound, l’enfer serait-il sur terre ? Serions-nous notre propre enfer ? Si chacun ne croit que ce qu’il veut croire et ne voit que ce qu’il veut voir, à quel genre de connexion bizarre et chaotique sommes-nous voués ?

Il est indéniable que le réalisateur Yeon Sang-ho aime bien aller jusqu’au bout d’un sujet qui pourrait nous donner une impression de déjà-vu. Deux minutes après le visionnage de Train to Busan on se dit, encore des zombies ? On regarde le teaser de Hellbound et on se dit, oui bon, des monstres, les Coréens n’ont rien inventé. Si, si, si… détrompez-vous. Peut-être que les sujets existaient déjà mais Yeon Sang-ho se donne les moyens, mélange tous les éléments et les genres avec une adresse inouïe, nous offrant un résultat aussi énorme que les monstres. Ces mêmes sujets prennent toute une autre amplitude. Une dimension inespérée, comme une galaxie cachée derrière la lentille d’un télescope.

Sujet existentialiste ? Une volonté ciblée à nous ramener à notre situation actuelle ? Si l’on empreinte cette voie, cette série aux monstres moches et lunatiques, pourrait peut-être être en train de nous dire que le plus important ce n’est pas la situation, mais ce qu’on en fait.

Les acteurs

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Un tout petit conseil. Ne regardez pas en version doublée. Vous allez rater une performance qui épouse parfaitement la diversité de cette série. La vraie voix des acteurs est absolument essentielle et même si Netflix a fait des efforts pour le doublage, laissez tomber. Rien à voir.

Yoo ah in est un acteur très charismatique capable de jouer des rôles à des années-lumière les uns des autres. Il crève l’écran, il le déborde. Il est le leader d’une secte qu’on ne peut qu’écouter. Et suivre. Et ça fait peur. L’annonce d’un tel acteur dans une série est synonyme d’intense, de profond. Et c’est avec une immense joie qu’on constate qu’il est à la hauteur, comme d’habitude.

Kim Hyun-Joo, connue surtout dans le monde des séries coréennes, suit la cadence. Et tout à son honneur car la barre est placée très haut et qu’il a fallu la tenir. Il faut dire que le drama se laisse regarder comme un film. Première partie, deuxième partie… et que chaque fois il y a des éléments qui nous accrochent. Kim Hyun-Joo a pu « escalader » ce scénario prenant appui sur ces points d’attention, ce genre de Cliffhanger placés aussi stratégiquement au cours des épisodes que des meubles sur le parcours IKEA.

Park Jung-Min se détache à nouveau de son dernier rôle. Comme à son habitude, il devient quelqu’un de complètement différent. Cette fois-ci, il ne rentre pas à tâtons sur la scène mais de front, nous donnant une impression d’assurance. Son jeu est propre. Il colore un personnage presque quelconque de son charisme et de son honnêteté. On le découvre en mari et père aimant. On le suit, on compatit, on partage son destin.

La fin

Si on parlait de Cliffhanger, la fin est l’un des Cliffhanger le plus Cliffhanger de l’histoires des Cliffhanger ! Il nous laisse entrevoir une deuxième saison. Sans vouloir spoiler, l’histoire avec le bébé laisse augurer un suspens réveillant tout un tas des questions encore plus existentielles que celles émergeant de chaque scène. Et la scène finale… nous n’en parlons pas mais nous n’en pensons pas moins.

Actuellement, on peut suivre 4 dramas qui ont déjà conquis la planète sur Netflix. D.P., Squid Game, My Name et Hellbound. Les producteurs coréens s’attendent à ce que ce dernier connaisse le même succès que les autres drama.