Bomber boy volume 1 : l’arme miraculeuse

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C’est une petite bombe qu’éditent les éditions Panini. La série Bomber boy propose en effet au lectorat une uchronie militaire explosive revisitant la guerre d’Asie Pacifique. Celle-ci, mélange des genres et des influences offre, un récit haletant, âpre et métaphorique. Elle a en plus la qualité d’être courte, quatre volumes disponibles chez l’éditeur. Nous revenons ici le premier tome, un coup de cœur inattendu.

Si Astro avait été engagé pendant la guerre d’Asie Pacifique

Bomber Boy prend place en 2732 de l’ère Tenki. Voulant rattraper les autres puissances mondiales, l’empire du Yamato a entamé une politique d’expansion agressive dans tout le Pacifique. Il a d’abord jeté son dévolu sur l’État continental du Karyô avant de se tourner vers l’Ashu, le Pacifique Sud. Ses ambitions l’amenèrent à entrer en confrontation avec la puissance de Mars, immense Etat continent à l’Est du Pacifique. Or le Yamato n’est qu’un archipel aux ressources limitées.

La guerre qui avait bien commencé avec l’attaque de la base d’Amber Harbor tourne mal. Les forces de Mars progressent partout et les troupes de Yamato sont en pleine débâcle. Notamment sur l’île de Gallé où le sergent Tatsumi et ses hommes sont au bord de l’anéantissement quand surgit Kitetsu membre des forces spéciales du Vent Divin. Leur sauveur est en réalité un enfant doté de pouvoirs surnaturels. Tatsumi décide d’intégrer cette unité mystérieuse qui semble capable de renverser le cours de la guerre.

bomber boy

Bomber boy : Inglorious Basterds

Mikumo Seto propose un récit puissant construit à hauteur d’hommes. Toute l’introduction présente en effet une unité livrée à elle-même cherchant avant tout à survivre. Elle place d’emblée l’histoire comme une plongée sans concession dans l’enfer de la guerre, l’isolement de l’Homme de troupe et la vacuité des objectifs. Ceci donne le premier ton à cette histoire qui emprunte autant au film La Ligne Rouge qu’à cet autre monument du 7è art Under the flag of the rising sun.

L’histoire évolue ensuite vers une deuxième ambiance : celle d’un groupe de soldats atypiques. Bomber boy célèbre en effet une unité composée d’excentriques ayant un rapport particulier à l’autorité et à la hiérarchie. Une seule règle : bien se battre et servir le groupe. Pour le reste ses membres font ce qu’ils veulent ou presque. Et le lecteur reconnaîtra sans peine les influences d’Inglorious Basterds ou des 12 salopards notamment à travers le chef de cette escouade croisement d’Aldo Raine et de Lee Marvin.

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Une uchronie audacieuse

Les œuvres proposant de revisiter la guerre d’Asie Pacifique sont peu nombreuses. On peut citer au cinéma l’excellent film sud-coréen Lost Memories ou le manga Zipang. Les conflits de mémoire entre les différents pays rendent en effet le sujet sensible surtout du côté japonais. Pourtant, Mikumo Seto s’attaque avec intelligence à ce matériau sulfureux. Il appuie son récit sur des références nettes à la seconde guerre mondiale. Si les noms ont changé, il est aisé d’identifier le Japon, les E.U.A, la Chine ou encore l’U.R.S.S. De plus, les grandes batailles du Pacifique sont aussi aisément identifiables : Pearl Harbor, Midway ou encore Leyte. Il en va de même pour les lieux : les îles Salomon, les Philippines, Iwo Jima.

Ce cadre strict donne toute la saveur à Bomber boy. Ce manga évite tout manichéisme ou volonté de revanche. Les officiers du Yamato sont des fanatiques prêts à sacrifier leurs hommes. Ils mentent à leur troupe afin de cacher l’ampleur du désastre. De même l’auteur présente Mars comme une puissance écrasante grignotant une à une les possessions de son adversaire. Et si l’antagoniste de nos « héros » se trouve être le cruel commandant en chef des forces de Mars, beaucoup de parts d’ombre entourent l’enfant miracle Kitetsu. Être à moitié mécanique, arme censée apporter la paix, il reste un enfant soldat omnipotent dont on ignore l’origine et les pensées. Froid, déterminé, implacable, il ressemble à Akira de Otomo. Une force prodigieuse, inarrêtable, une fois éveillée.

Sans titre Bomber boy volume 1 : l’arme miraculeuse

Bomber boy : un récit métaphorique

L’ambiance graphique accompagne brillamment la double histoire. En effet l’auteur offre d’abord des scènes de batailles prenantes que ce soit sur terre, sur mer ou dans les airs. Ce premier volume n’est donc pas avare en action et vous offrira un débarquement, des bombardements, des opérations commando. Ce dessin nerveux est complété par le soin apporté aux visages des personnages. L’auteur tient à ce que l’on ressente la douleur, l’isolement, les doutes de ses soldats. Il reprend dans son œuvre tout le questionnement des Japonais sur le sens de cette seconde mondiale, réflexion illustrée par cette citation tirée du film Under the flag of the rising sun :  « Le gouvernement n’a demandé à personne la permission d’entrer en guerre, mais nous sommes ceux qui en ont payé le prix »

Cette réflexion constante sur cette seconde guerre mondiale se retrouve dans les multiples métaphores présentes dans le texte. Le récit s’appelle Bomber Boy, référence à Little boy, la bombe atomique qui dévasta Hiroshima. Une arme affreuse pour mettre fin à un conflit sanglant. Une autre référence se retrouve dans l’unité de Kiketsu appelée « forces spéciales du Vent Divin ». En effet cette dénomination évoque les unités de pilotes suicides nippons plus connus sous les appellations « unité d’attaque spéciale » et « Kamikaze » (vent divin en Japonais). Jeunes, fanatisés, il furent sacrifiés alors que tout était perdu et leur mort ne fit que retarder l’inéluctable défaite. Est-ce le destin funeste qui attend Kiketsu et ses camarades ?

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La série Bomber Boy possède toutes les qualités pour plaire à un lectorat large. Passionné d’uchronies, fin connaisseur de la seconde guerre mondiale ou simple amateur d’oeuvres d’action mâtinées de fantastique, tous trouveront leur bonheur dans cette œuvre originale.