Sorti initialement sur PSP le 27 octobre 2011, Final Fantasy Type-0 n’a pas eu la chance de quitter le Japon. Cette maladresse est aujourd’hui rectifiée avec Final Fantasy Type-0 HD, car le titre débarque dans le monde entier sur PS4 et Xbox One. Mais l’écart de technologie séparant la console portable des consoles de salon ne risque-t-il pas de poser quelques soucis ?
Avant de s’attarder plus longuement sur le jeu, il est important de rappeler que Final Fantasy Type-0 fait partie de l’univers de Fabula Nova Crystallis Final Fantasy. Cet univers (dont wikipedia décrit relativement bien les événements) a pour thème des « cristaux », tout comme dans la trilogie Final Fantasy XIII. Ceux ayant joué et fini cette trilogie peuvent facilement deviner ce qui va suivre… Le scénario va être compliqué, enfin plutôt mal raconté et rappellera la confusion créée par Final Fantasy XIII avec les termes suivants : L’Cie, Cie’th et Fal’cie (qui décrivaient trois choses totalement différentes… Sinon, ça serait trop facile).
Le scénario n’a aucun lien direct avec la trilogie Final Fantasy XIII. L’univers seul est similaire, mais l’époque est totalement différente. Ainsi, vous êtes plongé à Orience, un continent qui se retrouve en guerre à cause de personnes mal intentionnée (un fait récurrent). Pour empêcher ce conflit, la Classe Zero s’engagera dans la bataille. Cette classe Zero est en fait un groupe de 14 élèves surdoués en combat et magie, et c’est précisément ce groupe que vous incarnerez.
14 personnages, ça peut faire peur, surtout lorsque les précédents Final Fantasy nous ont habitué à avoir entre 3 à 9 héros maximum. Mais ici, chacun des 14 protagonistes a un style de combat propre à lui-même. En plus, lors de vos affrontements vous serez relativement contents d’être aussi nombreux. Si vous combattez avec seulement trois personnages (dont deux contrôlés par l’IA), lorsque l’un d’entre eux meurt, il sera remplacé par un des 11 autres élèves, jusqu’à ce que vous réussissiez votre mission ou jusqu’à ce que toute la classe Zéro y soit passée. L’inconvénient de ce système est que seuls les personnages participant au combat gagnent de l’expérience. Ainsi, un personnage ne faisant jamais de combats se retrouvera très rapidement en manque d’expérience, et lorsque l’écart de niveau est trop élevé entre un de vos personnages et un ennemi, celui-ci se fait très rapidement « charcuter », et ce, en un seul coup. Il vous faudra donc trouver le juste milieu pour équilibrer votre équipe. Sachez par ailleurs que vous pourrez sacrifier un de vos héros afin d’invoquer une puissante invocation, ce qui donnera un bon coup de pouce lors de vos missions, mais au prix d’une de vos propres vies, un peu comme dans Valkyrie Profile (sans son côté définitif).
Le jeu se déroule principalement en deux parties. La première, c’est une mission qui permet au scénario de progresser, relativement classique. La deuxième partie est une sorte de quartier libre où vous pourrez vaquer à vos occupations en allant faire les boutiques, faire des missions secondaires, ou encore parler à des PNJ. Ces différentes actions vous coûteront du temps, et une fois un certain délai écoulé, une autre mission scénaristique se lance, et vous vous retrouvez à nouveau dans la première partie, jusqu’à la réussite de celle-ci. Si ce système peut rappeler l’écoulement du temps dans la série des Persona, elle agacera peut-être certains joueurs désireux de visiter pleinement tous les recoins ou encore de parler à tous les PNJ. C’est pour cela qu’il est important de préciser que le jeu propose un mode New Game +, permettant de conserver certaines données (niveaux, compétences…) mais également de débloquer certains détails dans le scénario. S’il est dommage de ne pas avoir accès à ces détails dès la première partie, il est d’autant plus regrettable que même une fois le jeu terminé, certaines questions semblent rester en suspens…
Le système de combat est quant à lui très agréable. Final Fantasy Type-0 HD adopte le style A-RPG, tout comme Crisis Core: Final Fantasy VII ou encore la série des Kingdom Hearts. Très dynamique, nécessitant de faire attention aux ennemis en esquivant leurs attaques (régulièrement répétitives par ailleurs, l’IA semble parfois tourner en boucle), le jeu est particulièrement exigeant, surtout contre des boss. Le leveling est parfois crucial sous peine de rester bloqué, même avec une bonne équipe. L’autre option reste celle de baisser la difficulté du jeu temporairement comme il est possible de faire dans un Tales of, mais le challenge s’en ressentira rapidement amoindri.
Ce qu’il faut rappeler désormais, c’est que le jeu est un portage d’une version PSP sur une next-gen. Si graphiquement le jeu a en effet subit un très joli lifting, certains décors, certaines textures ainsi que la carte du monde font vraiment honte à cette génération. Le jeu aurait très bien pu sortir sur PS3 et Xbox 360 avec des graphismes similaires. Pourquoi cela est-il arrivé ? Pour la simple et bonne raison que Square Enix n’a nullement touché au jeu. Le studio l’a simplement confié au Studio Hexadrive, qui a notamment fait le remake HD de The Legend of Zelda : Wing Waker. Zelda (ce jeu avait connu quelques améliorations de gameplay, notamment les trajets en bateau plus rapide mais uniquement parce que Nintendo avait retravaillé cela). Square Enix a décidé de se tourner les pouces et ça se ressent.
La caméra en combat ajoute un effet de flou très perturbant lorsque celle-ci est tournée. Nous vous conseillerons donc d’utiliser la touche de Lock pour pallier à ce souci. Ensuite, les touches R2/L2 ne sont tout simplement pas utilisées (car elles n’existaient pas sur PSP). Et c’est bien dommage, car vos 14 personnages possèdent énormément de compétences, et le nombre d’emplacements pour les placer est extrêmement limité. Des touches supplémentaires auraient été un plus non-négligeable. Enfin, le plus blessant à mon humble avis, c’est l’absence de travail sur les cinématiques. Je ne critique pas les graphismes (qui sont indignes de la next-gen), mais plutôt les chargements à profusion et le stoïcisme des personnages. Là où sur PSP il fallait parfois quitter une cinématique pour avoir un chargement, faire deux pas pour avoir un autre chargement, puis avoir une seconde cinématique, c’était partiellement excusable car il s’agissait d’une console portable. Sur next-gen c’est beaucoup plus dérangeant, car on a l’impression de perdre du temps, alors qu’avec un peu de travail de fond, ces deux pas inutiles entres deux chargements / cinématiques auraient tout simplement pu être supprimés pour gagner en rythme dans le scénario. Pour ce qui est des personnages, même constat, la PSP ne pouvait pas nécessairement animer un personnage pendant un dialogue, la next-gen si… Mais elle ne le fait pas.Dernier point négatif, ce remake HD a fait l’impasse sur le mode multijoueur qui existait sur PSP. C’est dommage car un multi local ou online aurait vraiment pu être possible, et aurait gonflé un peu plus la durée de vie et l’intérêt du soft.
C’est pour tous ces points noirs que Final Fantasy Type-0 HD semble n’être qu’un prétexte pour vendre des démos de Final Fantasy XV, on pourrait même se demander si ça ne serait pas pour aider à le financer vu les ventes de la précédentes trilogie Final Fantasy XIII. Oui la durée de vie est conséquente (grâce à un mode New Game +) et la bande son est plutôt de bonne qualité, mais ce remake HD aurait pu sortir sur PS3/Xbox 360, à moindre coût au vue du peu de changements. Le travail du studio Hexadrive ne suffit pas pour rendre Final Fantasy Type-0 HD exceptionnel. Une contribution de Square Enix aurait été nécessaire pour corriger les problèmes de caméra et de chargements qui cassent énormément le rythme du scénario. Malheureusement, ça n’a pas été le cas.
