Stellaris : la folle odyssée de l’espace (TEST)

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Paradox Interactive est sans conteste un des éditeurs/développeurs les plus emblématiques des jeux de stratégie (Crusader King, Europa Universalis…). Alors quand il annonce se lancer dans la stratégie type 4X à grande échelle dans l’espace, l’engouement devient viral pour les amateurs du genre. Discret et loin des campagnes AAA, Stellaris devrait néanmoins trouver son public sans grandes difficultés. Nous avons eu l’occasion de poser nos mains sur le jeu avant sa sortie, c’est pourquoi, nous faisons le point avec ce test, sans plus tarder.

Le Colon de l’espace

Stellaris n’a pas de campagne scénarisée, fait qui s’explique simplement : le jeu se veut immersif. Pour ce faire, les mécanismes sont très denses et les civilisations vivantes, personnalisables à souhait. Il est possible au début de chaque partie de modifier les huit races déjà existantes (chacune possédant son background détaillé), de créer la sienne en profondeur ou bien de la générer aléatoirement. Chaque race possède sa propre planète, ses traits négatifs et positifs, son système économique et politique, sa technologie et son look spécifique pour les vaisseaux. Le système de personnalisation est plutôt bien fichu, allant jusqu’à vous demander l’adjectif de votre race. Et il y a pas mal de type de départ : mammalien, reptilien, aviaire, anthropoïde, molluscoïde et fungoïde. Une fois votre choix fait, il est grand temps de choisir la grandeur de la carte et disons le sans détour, celle à 1000 étoiles est juste démentielle. D’autant que vous pouvez ajouter plus de 39 empires contrôlés par l’IA. Et quel univers ! Stellaris fait ressortir toute la beauté de l’espace de loin comme de près et met à l’honneur la richesse des dessins via les civilisations. Il est appréciable de pouvoir zoomer à ce point sur les unités, les planètes et autres éléments propres au cosmos.

Stellaris Race créée
Une race ancestrale que nous avons totalement inventée

Question difficulté, le jeu a de quoi faire plaisir à toutes les demandes, avec trois niveaux : normale, difficile, démente. Il est conseillé de faire le didacticiel, pour comprendre toutes les subtilités du jeu. Parce qu’il est vrai qu’il y a pas mal de choses à voir et à faire. Votre empire repose au commencement sur votre planète natale, et le but ultime est de s’étendre de force ou en faisant des alliances. Et pour que votre empire fonctionne, il devra compter sur sa population (abrégée Pop dans le jeu). La surface de votre planète de départ est matérialisée en cases. Ces cases permettent d’accueillir une Pop et un bâtiment. Il arrive néanmoins que certaines soient occupées par des animaux dangereux, des volcans, des crevasses, des plantes toxiques… Pour les utiliser, il faudra faire la recherche adéquate. Vous aurez besoin de générer de la nourriture pour que votre Pop se reproduise et grandisse, les petits incubant jusqu’à la maturité, ils ne peuvent être utilisés avant.  La rapidité de croissance dépend du surplus de nourriture et aussi des caractéristiques de votre race. Si une pop est sur une case vide, elle sera considérée comme au chômage. Le plus dur étant de gérer le bonheur de votre espèce, la mienne (Scyldaris) part avec un malus « solitaire », ce qui lui fait perdre -5% de bonheur.

Stellaris Pop
Cette planète manque de place !

Les bâtiments se débloqueront à mesure de vos recherches, plus ils sont efficaces, plus ils coûtent en entretien. Vous débuterez toujours avec un vaisseau scientifique, un vaisseau de construction, un spatioport et quelques vaisseaux militaires. Le vaisseau scientifique est indispensable pour reconnaitre les systèmes, détecter les ressources / mondes habitables ainsi que les anomalies à étudier. Le vaisseau de construction permet la construction de stations minières, frontalières, militaires, d’observation et de terraformation. Le spatioport en orbite autour de votre planète permet la création des vaisseaux ainsi que leur réparation. Enfin la flotte militaire représente la puissance de votre empire. Comme tout jeu de stratégie / gestion qui se respecte, Stellaris propose une courbe du temps modifiable, il est possible de jouer très lentement, de mettre en pause le temps ou au contraire de l’accélérer. Avec autant de données à gérer, il est préférable de rester en normal et ne pas abuser du temps outre mesure. Il y a de nombreux onglets et d’informations à connaitre, mais tout reste finalement très intuitif une fois qu’on a assimilé les bases. Vous n’aurez pas le temps de vous endormir en sélectionnant la pause, la superbe bande-son sera vous tenir en éveil, ainsi que les actions à réaliser et les décisions à prendre. On regrettera néanmoins le système de sauvegarde qui nécessite un compte Paradox, les sauvegardes valides se font dans le cloud, les sauvegardes locales ne sont pas disponibles en chargement. Un peu dommage quand même. Un empire sain, c’est un empire qui accumule des richesses et prospère !

Stellaris astre
C’est de toute beauté !

Les ressources, le nerf de la guerre

De ce postulat de base commun à de nombreux jeux de stratégie, le jeu va se densifier en proposant tout un système politique et diplomatique avancé. Stellaris est un 4X (exploration, expansion, exploitation et extermination) qui a plus d’une corde à son arc. Pour être opérationnelles, vos unités auront toutes besoin d’une Pop pour les diriger, ce sont des leaders (sauf le spatioport et le vaisseau de construction). Il existe ainsi quatre leaders spécifiques : les gouverneurs, les scientifiques, les amiraux et les généraux. Tous les leaders possèdent des bonus uniques et des étoiles pour les compétences (jusqu’à 5 étoiles). Le gouverneur comme son nom l’indique sera nécessaire pour maintenir à flot la planète, il en faudra un à chaque fois qu’une colonisation sera effectuée. Les scientifiques sont importants pour le vaisseau scientifique. Ils se divisent en trois branches d’expertise : physique, société, ingénierie. Ils ont un rôle crucial dans l’avancement des recherches, selon leur affinité avec chacune d’elle, ils réduiront le temps pour aboutir à l’acquisition du projet. Les amiraux sont utiles pour diriger les vaisseaux militaires et enfin les généraux pour constituer un bataillon lié à la sécurité d’une planète.

Stellaris leaders
Ici, on ne recrute que des experts de qualité !

Tous ces leaders vont prendre en expérience. Le gouverneur grâce à l’augmentation de sa pop, à la réussite de son mandat et l’évolution des bâtiments. Les scientifiques en réalisant des recherches ou faisant des reconnaissances de systèmes. Les amiraux et les généraux en participant à des combats. Facile de monter ces cinq étoiles ? Oui, mais chaque Pop à un âge, et il n’est donc pas rare d’assister à leur mort et de devoir recruter un petit bleu à la place. Tout est donc à refaire ! Ces leaders sont indispensables au maintien de votre empire. Le scientifique en charge du vaisseau éponyme devra reconnaitre les systèmes pour qu’ils soient exploitables. Ah mais si tout était aussi simple… La carte galactique deviendra vite votre outil indispensable, elle vous renseignera sur les systèmes qui font partie de vos frontières et sur lesquels ne sont pas encore sous votre influence. Pour revendiquer un territoire, il conviendra de créer une station frontalière autour d’une étoile. Dans la théorie, rien de bien méchant, dans la pratique, sortez les rames. La station demande des points d’Influence. Et c’est sans doute la « ressource » la plus dure à acquérir. Elle nécessite de déclarer des rivalités, de faire des recherches spécifiques et de promulguer des décrets.

Stellaris Carte
Cette carte à 1000 étoiles n’a pas encore révélé tous ses secrets

Outre l’influence, il vous faudra des crédits énergétiques pour fabriquer des vaisseaux, les entretenir, assurer le fonctionnement mensuel des bâtiments et celui des stations (tous genres confondus). Les minéraux servent pour la construction des bâtiments, vaisseaux et stations. Les ressources stratégiques sont des biens rares, qui une fois acquis servent à construire des bâtiments plus puissants et des modules de spatioport. Autant le dire, tout est prévu dans Stellaris pour être une grande et belle machine bien huilée, avec un gameplay intelligemment pensé. D’autant que le jeu inclut des objectifs de quêtes secondaires, toutes sont « scénarisées » avec parfois un choix de réponse (bien que primaire). Tout est conscrit dans le « journal de bord ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se passe toujours quelque chose dans Stellaris, c’est un monde vivant et plein d’interactivités. Mais, c’est sans conteste la politique (intérieure/extérieure) qui devrait en séduire plus d’un !

Stellaris Quêtes
Les mystères de la céramique et de la porcelaine perdues !

Gloire à l’Empereur

En voulant vous étendre, vous serez confrontés à d’autres civilisations. C’est là que Stellaris prend de la hauteur avec un système politique et diplomatique important. A échelle planétaire, votre gouverneur pourra passer des décrets, à condition d’avoir assez d’Influence (la ressource citée plus tôt), car tout se paie ici-bas ! Un onglet « Empire » vous permet de faire le point sur les effets de votre royaume, son budget, sa démographie et sa politique. Les fins stratèges jubileront de pouvoir modifier « l’économie de guerre » en passant par « la migration » et « le protocole de premier contact », tous les changements génèrent des variations dans votre royaume. Pour agrandir votre population, il faudra coloniser des mondes habitables et pour ce faire, envoyer un vaisseau de colonisation très couteux. Le processus devra être répété autant de fois que nécessaire ! Pour vous y retrouver dans votre magnifique royaume de la démesure, vous pourrez organiser vos planètes selon des secteurs et faciliter l’auto-gestion.

Stellaris decrets
Épousez la démocratie ou sombrez dans la tyrannie !

A grande échelle, vous rencontrerez très tôt des entités non-identifiées et d’autres royaumes se déclareront à vous. Vous aurez le loisir de décider qui sera votre allié et qui sera votre rival. Mais les choses ne se feront pas si facilement. Pour les alliés, il faudra d’abord gagner leur confiance : créer une ambassade locale, commercer avec eux, proposer une ouverture des frontières… Seulement après, vous pourrez peut-être espérer faire ami ami. Du côté des ennemis, s’attirer les foudres de plus puissant que soi peut nuire à votre évolution. Réfléchissez bien à votre façon d’être avec chacun, d’autant que sur une carte à 1000 étoiles et avec 39 factions, les choses peuvent tourner court. Avec la génération aléatoire, aucune faction ne se ressemblera et c’est tout là l’intérêt : que vous ayez la sensation d’être au cœur d’une bataille pour la conquête spatiale crédible. D’ailleurs notons que le système nombre/puissance est bien fichu. Plus vous mettrez d’ennemis sur votre carte en création de partie, moins les empires seront avancés. Si au contraire, vous ne sélectionnez qu’un seul royaume, il sera de base très évolué.

Stellaris contact
La riche élite vous salue bien !

L’IA est très bien gérée et suffisamment intelligente pour vous mettre des bâtons dans les roues. Un empire qui ne vous a pas assez en estime n’acceptera jamais un pacte de non-agression. Quand certains vous feront des demandes comme dévoiler vos connaissances des systèmes contre leurs données, ce ne sera jamais anodin. Si les relations sont au beau fixe, il sera peut-être envisageable de faire d’un allié, un vassal, et l’intégrer pleinement dans votre empire. Tout comme vous pouvez autoriser les flux migratoires et vous retrouvez avec une Pop d’une espèce différente sur votre planète. A noter que Stellaris approfondit son gameplay autour de la biologie et la science puisque les traits d’une espèce peuvent être génétiquement modifiés, à condition d’avoir fait la recherche liée. Les combats sont stratégiques plus que tactiques, ils reposent essentiellement sur les choix de vaisseaux que vous ferez via vos recherches. En effet, grâce aux différentes recherches réalisées, vous pourrez modifier les éléments de chaque vaisseau et créer vos propres modèles en choisissant le type de blindage, d’armes, de propulseurs… Chaque création pourra être sauvegardée sous le nom qu’il vous siéra, à l’instar des noms de systèmes. Il va de soi que toute amélioration amène une augmentation énergétique de l’entretien. Quand un combat éclate, une fenêtre apparaît avec une jauge de domination. La puissance de chaque flotte est matérialisée par un chiffre au-dessus de celle-ci. Pour réparer une flotte, il faudra nécessairement revenir au spatioport comme pour l’amélioration. La lutte pour la victoire sera longue et fastidieuse !

Stellaris Combat
Qui va gagner ? Suspens !

Stellaris est un petit bijou de stratégie / gestion à grande échelle. Avec sa bande-son épique, ses astres joliment modélisés, son soin du détail lorsque le joueur effectue un zoom, son gameplay riche et intelligent, Stellaris a tout d’un grand titre de Paradox ». Ce 4X n’est pas un énième jeu sans saveur, Stellaris propose une immersion soignée qui n’a pas besoin d’une campagne scénarisée pour prendre corps. Avec la taille de ses cartes solo, le nombre d’ennemis contrôlés par l’IA et la possibilité de créer et rejoindre des serveurs multijoueur, la durée de vie de Stellaris est démentielle. Pour tous les amoureux de conquête, de science-fiction et stratégie, c’est sans doute le titre qu’il convient de ne pas manquer.