PlayStation 5 : Grande révolution ou simple mise à jour graphique ?

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Elle se dévoile enfin ! Sony a présenté sa PlayStation 5 lors d’une conférence diffusée en direct le jeudi 11 juin au soir. Ou plutôt ses PlayStation 5, puisque deux modèles de consoles ont été présentés ainsi qu’une pléthore de jeux et d’exclusivités. Reste à faire le bilan : cette console est-elle la révolution qu’annonçait Sony depuis des années ? Focus !

Sony a fait fort : réussir à créer l’événement sans l’appui d’une conférence mondiale comme l’E3 n’était pas chose aisée. Pourtant, le pari est brillamment relevé et l’annonce de la PlayStation 5 semble faire l’unanimité. Retour sur une soirée qui aura fait briller les yeux de certains et qui en aura déçu d’autres.

Un départ en fanfare

Après l’annonce d’un nouveau portage de GTA V (qui aura donc traversé trois générations de consoles), la conférence débute par une promesse de taille : la PlayStation 5 sera « la plus grande transition générationnelle que notre industrie n’ait jamais connue ». La phrase est de Jim Ryan, PDG de Sony Interactive Entertainment. Une vraie leçon de marketing qui met la barre très haute. Et la marque l’affirme noir sur blanc : toutes les vidéos présentées au cours de la conférence proviennent bien de la PlayStation 5 et non de PC comme c’est souvent le cas. La promesse est d’autant plus grande : le constructeur promet implicitement qu’il n’aura pas ce fameux « downgrade graphique » que les joueurs ne connaissent que trop bien. Ce que l’on voit à l’écran, c’est donc ce que l’on aura dans notre salon.

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La PlayStation 5 se présente sous deux versions. La première est équipée d’un lecteur Blu-Ray 4K. La seconde nommée « Digital Edition » en est dépourvue : elle est uniquement dédiée aux contenus dématérialisés.

Commence alors le grand défilé de teasers et gameplays des jeux qui accompagneront le lancement de la PS5. Le premier jeu dévoilé, celui que Sony voulait donc présenter en priorité, se nomme Marvel’s Spider-Man : Miles Morales. Une suite très attendue par les fans de l’homme-araignée qui n’en est… pas une. Sony a précisé le lendemain matin que le jeu n’était finalement qu’un stand-alone issu du premier opus sorti en 2018, retravaillé pour la sortie de la nouvelle machine. Entre cette imprécision et la fausse joie concernant l’annonce un nouveau jeu Rockstar, la conférence part d’un mauvais pied.

Des reflets pleins les yeux

Après ce départ en demi-teinte, les vidéos de présentation s’enchaînent tout au long de la soirée avec efficacité. Gran Turismo fait son grand retour avec un mode campagne, l’agent 47 reprend du service dans Hitman III, Sackboy (la petite poupée de l’excellent Little Big Planet) devient le héros de sa propre aventure… Les univers s’enchaînent et les styles graphiques aussi. Au total, ce ne sont pas moins de 26 titres qui ont été présentés en moins de deux heures. Le point d’orgue final étant bien-sûr réservé à la suite d’Horizon : Zero Dawn, la dernière poule aux œufs d’or de Sony.

Le constat est évident : le rendu graphique de ces nouveaux jeux floqués PS5 est très propre. Les traits sont fins, les animations parfaitement fluides, et surtout, le rendu lumineux est très réussi. Peut-être même trop. Le Ray-Tracing étant l’une des caractéristiques phares de la nouvelle console de Sony, chaque bande-annonce a mis le paquet avec des rayons lumineux, des couchers de soleil et des reflets à n’en plus finir. Certaines bandes-annonces relèvent donc plus de la démo technique que d’une véritable découverte scénaristique (Gran Turismo 7 pour ne citer que lui).

PlayStation 5 : un bonheur pour les développeurs

Bien que peu mis en avant, la réelle surprise se situe plutôt du côté des temps de chargements. Comme Sony l’avait annoncé grâce aux caractéristiques techniques de sa console, ces derniers semblent littéralement inexistants. La preuve en est avec le gameplay de Ratchet & Clank : Rift Apart. Les niveaux visiblement imbriqués les uns dans les autres sont accessibles par le joueur en un simple passage de portail, sans aucune latence. Une bouffée d’air frais qui ferait presque penser à un Super Mario Galaxy aux capacités surboostées. Marcus Smith, directeur artistique chez Insomniac Games, l’évoque très clairement :

« Nous proposons des choses que nous n’avions jamais pu faire, comme utiliser des failles dimensionnelles pour sauter de planète en planète en un instant ou exploiter le Ray-Tracing sur Clank. Tous nos mondes aliens offrent une densité et une vie jamais vues auparavant. »

C’est ce point qui fait tout l’intérêt de la PlayStation 5 : d’après différentes déclarations faites par Sony mais aussi par des éditeurs externes, cette nouvelle console permet d’optimiser les jeux beaucoup plus simplement qu’aujourd’hui. Et ce, grâce à un CPU pensé pour les développeurs.

« Cela supprime tellement de restrictions quant au nombre de calculs que nous pouvons faire à la volée. Nous avons tant d’idées qui sont très difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre dans la génération actuelle de consoles. En outre, cela réduit considérablement le temps de développement, car il faut consacrer moins de temps à l’optimisation. » Tim Ash, développeur de Lost Wing sur PS5.

Si les titres présentés pendant cette conférence ne semblent pas toujours d’un niveau graphique supérieur à la PlayStation 4, il faut donc penser sur le long terme. Les développeurs vont devoir prendre en main un nouvel outil qui leur permettra, dans un futur proche, d’être bien plus efficaces dans la réalisation de leurs jeux.

Une révolution impalpable

Outre l’absence de révolution graphique, certains joueurs ont pu regretter l’absence de « l’expérience sensorielle » promise par Sony. Depuis plusieurs mois déjà, la firme nippone annonce « un degré d’immersion encore inédit ». Par les aspects visuels et sonores de ses jeux bien évidemment, mais surtout concernant le toucher.

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Il est bien difficile de faire ressentir un retour haptique en vidéo.

En avril 2019, date de la présentation de la manette DualSense, le « retour haptique » était l’argument numéro un de la marque. Une technologie encore peu connue du grand public qui permettrait de ressentir différentes sensations en fonction de la situation vécue dans le jeu : un arc bandé, un véhicule ralenti par la boue… Les possibilités sont infinies et l’attente de démonstration, très importante.

Seulement voilà : difficile de faire ressentir une quelconque révolution sensorielle grâce à de simples vidéos diffusées en direct. Plus dur encore : faire goûter à l’immersion totale, objectif ultime de Sony pour cette PlayStation 5.

Cette conférence de Sony a rempli son contrat, voire même plus : elle a présenté les premiers jeux disponibles sur la console ainsi que le design final de celle-ci. Seulement, la quantité ne surpasse pas la qualité. Les 26 jeux présentés étaient pour la plupart attendus et n’ont pas montré la « révolution sensorielle » tant annoncée par Sony. Tous étaient beaux, certes, mais est-ce assez pour convaincre ? Ne reste plus qu’à patienter bien gentiment jusqu’à la fin d’année pour poser nos mains sur la bête. Et on l’espère : découvrir une nouvelle manière de jouer.