Réparer les vivants : un succès littéraire bientôt à l’affiche !

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Retour aujourd’hui sur l’un des livres qui a le plus marqué l’année 2014. Il s’agit de Réparer les vivants, publié aux éditions Verticales, chez Gallimard, par Maylis de Kerangal. Le titre du livre est emprunté à une expression de Tchekhov, « enterrer les morts, réparer les vivants », qui résume, en peu de mots, l’essentiel du sujet de ce roman : la mort clinique et la transplantation d’organes.

Le récit d’une greffe

Le roman de Maylis de Kerangal s’ouvre sur une tragédie qui se joue en l’espace de 24 heures : entre deux levers de soleil, l’auteure raconte le récit d’une greffe. Après un terrible accident de la route, alors qu’il rentrait d’une session de surf matinale, le jeune Simon Limbres, 19 ans à peine, est plongé dans un coma irréversible. Le mot est terrible et lourd de sens : ses parents ne retrouveront plus jamais Simon. Si l’acceptation est déjà une étape difficile, la mission de Thomas Rémige auprès de la famille du jeune homme est tout autant délicate : en effet, dans ce genre de situation, la question du don d’organe se pose très rapidement.

Thomas est un des personnages qui permet à l’histoire de se dérouler naturellement. Il fait le lien entre le milieu hospitalier, qui peut parfois revêtir des aspects froids et impersonnels, et la famille de la victime encore sous le choc.

Un sujet encore tabou

Il s’agit bien évidemment d’un sujet très difficile à aborder, tant sur le plan humain que littéraire. Maylis de Kerangal s’en sort plus que bien puisqu’elle évite d’emblée tout le pathos. Elle mélange le point de vue du corps médical, juste et objectif, et celui des familles et parents, endeuillés et confrontés à des problématiques métaphysiques. Les descriptions médicales sont particulièrement précises. Elles permettent au lecteur d’immerger très rapidement dans le milieu hospitalier. Paradoxalement, au fur et à mesure que le roman progresse, il ressemble d’avantage à un hymne à la vie, à sa fragilité, un message destiné à vivre pleinement les moments forts qu’elle nous offre plutôt que de nous lamenter. Cet hymne à la vie prend également la forme d’un hommage rendu au don d’organe. Une étape particulièrement difficile à vivre pour les proches mais qui permet, bien souvent, de « réparer les vivants » afin de leur redonner une nouvelle chance dans la vie.

Réparer les vivants

Handicapée par une myocardite, Claire Méjan va pouvoir retrouver goût à la vie grâce à ce nouveau cœur qui bat encore. La mort de l’un marque alors la renaissance de l’autre. On retrouve ainsi l’idée de frontière, de passage, avec toute l’incertitude existentielle que cela implique. Le corps est envisagé dans toute sa matérialité la plus concrète. C’est encore plus vrai lorsque l’on parle du cœur, qui est assimilé par la tradition occidentale au siège des émotions. Dans celui de Simon il y avait l’amour pour Juliette : « que deviendra l’amour de Juliette une fois que le cœur de Simon recommencera de battre dans un corps inconnu, que deviendra tout ce qui emplissait ce cœur, ses affects lentement déposés… » ?

Le succès au rendez-vous

Le roman de Maylis de Kerangal a connu un vif succès au moment de sa sortie puisqu’il a raflé 11 récompenses littéraires, notamment le Prix littéraire Charles-Brisset, le Prix des lecteurs L’Express-BFMTV 2014, le prix Roman des étudiants France Culture – Télérama 2014…Il est d’ailleurs actuellement en cours d’adaptation cinématographique. En effet, la réalisatrice Katell Quillévéré a prévu de sortir sur grand écran l’adaptation du roman au cours du dernier trimestre 2016, avec notamment Kool Shen et Emmanuelle Seigner dans le rôle des parents de Simon ; Alice Taglioni ou encore Tahar Rahim qui interpréteront les membres du personnel hospitalier chargés du transfert des organes.

 

 « Marianne entend cet homme qui l’appelle et elle pleure, traversée par l’émotion que l’on ressent parfois devant ce qui, dans le temps, a survécu indemne, et déclenche la douleur des impossibles retours en arrière – il faudrait un jour qu’elle sache dans quel sens s’écoule le temps, s’il est linéaire ou trace les cerceaux rapides d’un hula-hoop, s’il forme des boucles, s’enroule comme la nervure d’une coquille, s’il prend la forme de ce tube qui replie la vague, aspire la mer et l’univers entier dans son revers sombre, oui il faudrait qu’elle comprenne de quoi est fait le temps qui passe. »

 

 

 

image : Télérama

1 COMMENT

  1. Merci Julie.
    Humain, hymne à la vie, hommage… Tu as trouvé les mots justes,
    Ce livre je pense bouleversera tous ses lecteurs.
    Reste à voir le film. En espérant qu’il ne trahira pas ce livre coup de cœur-coup de poing.
    Au plaisir de te lire Julie

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