C’est un retour dans le temps qui vous attend à la Tour Jean Sans Peur, nichée numéro 20 de la rue Etienne Marcel. Cette dernière, qui surplombe l’hôtel des ducs de Bourgogne depuis le XVe siècle et en est d’ailleurs le dernier vestige, vous invite à découvrir l’art de la table au Moyen Âge sous tous ses aspects.
Tout d’abord, il faut se faire à l’idée que le repas du Moyen-Âge, mis à part le fait d’avoir pour activité principale le fait de remplir voire régaler son estomac, n’a pas grand chose à voir avec notre conception actuelle de la chose. A commencer par le nombre de repas : les nobles et seigneurs se contentent de deux (le dîner qui est notre actuel déjeuner puis le souper), seuls les travailleurs ou les personnes faibles petit-déjeunent.
L’exposition balaye ensuite tous les éléments nécessaires à ce rituel. A commencer par la table en elle-même, le linge de table, la vaisselle de table, le contenu des assiettes, les bonnes manières et coutumes autour de ce rituel quotidien. C’est en quelque sorte le guide de l’hôte médiéval exemplaire, toute position sociale confondue, très utile si toutefois vous étiez victime d’un retour intempestif dans le temps.
En plus de son cadre : vous vous enfoncerez dans le sous-sol de la tour qui conduisait au passage secret de Jean Sans Peur menant au chemin de ronde de la muraille de Philippe Auguste, la principale qualité de cette exposition est sa pédagogie. Elle permet une réelle immersion en ne se contentant pas d’exposer une succession de reconstitutions et d’accessoires divers et variés mais en racontant, représentations à l’appui, les différents aspects de ce moment qui en dit long sur les valeurs d’une société donnée.
Le tout illustré d’anecdotes des plus insoupçonnées toujours autour du repas médiéval dont je m’autorise à en livrer une : des lois « somptuaires » règlementaient sous peine d’amende le nombre de convives et le contenu des plats servis lors d’un mariage, les milieux bourgeois étant trop tentés de faire la démonstration de leur richesse par d’interminables ripailles.
Marion Carré