Critique “Cendres vives” de Serge Brussolo : le feu de la paranoïa de la jungle aux terres de glace

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Publié le 13 février 2020 aux éditions H&O dans la collection Littératures de l’imaginaire, Cendres vives est le premier livre de Serge Brussolo à être publié par cette maison d’édition. L’ouvrage est disponible à la fois en format papier et en format numérique. La maison d’édition propose également d’autres romans de Serge Brussolo en format numérique, dont Les dieux aveugles sorti le 26 octobre dernier.

Une vie bercée d’illusions

Le héros de Cendres vives se nomme Jérémie Stalion. Le lecteur le suit depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte. Élevé au Chili, aux abords de la forêt amazonienne, Jérémie perd son frère très jeune et est tenu pour responsable de sa mort par ses parents. Après un retour précipité aux États-Unis, il est placé dans un pensionnat militaire isolé dans des contrées glacées proches du Canada. Suite au destin tragique de son frère, il n’est pas une seule période de la vie de Jérémie Stalion qui ne soit marquée par la découverte de mensonges, de trahisons ou de complots autour de lui. Comme dans de nombreuses œuvres du talentueux Serge Brussolo, la paranoïa du personnage principal tient une place prépondérante dans le récit et entraîne le lecteur, à tel point que ce dernier en vient à se demander continuellement : est-ce réel ou une invention de l’esprit malade du héros ?

Les fantômes des vivants

Au même titre que la paranoïa, les fantômes occupent une place capitale dans l’œuvre de Serge Brussolo. Jérémie Stalion est sans cesse hanté par les fantômes de son passé, qui ne lui laissent aucun répit même par-delà les frontières. Cette présence permanente contribue à le rendre humain, attachant et proche du lecteur. Les revenants du personnage principal ne sont pas les seuls à errer parmi les pages du roman. Cendres vives laisse la part belle à ceux qui sont accrochés aux personnages secondaires jusqu’à parfois leur dicter leur conduite, ainsi qu’aux lieux vidés de toute vie. Le lecteur se retrouve ainsi à déambuler dans une clinique abandonnée qui n’est plus que le spectre de l’établissement prestigieux qu’elle était quelques pages auparavant. 

Un voyage enrichissant

Serge Brussolo est un auteur curieux qui, loin d’effleurer les sujets, va les creuser en profondeur afin d’en extraire toute la richesse. A travers ses romans, il partage ses connaissances, ses passions et ses interrogations avec le lecteur. Maître en description, il sait décrire le détail tout en maniant les mots avec une habileté qui maintient toujours l’ennui à distance. Le lecteur est littéralement transporté au cœur de la forêt amazonienne, avec son mode de vie, les conflits qui s’y jouent et les légendes qui s’y propagent. Qu’il s’agisse des secrets de la civilisation aztèques, des techniques d’infiltration enseignées au pensionnat militaire ou de l’archéologie que le héros étudie à l’université, le lecteur est emmené par la main à la découverte de mondes nouveaux qu’il a toujours soif de découvrir.

Les 320 pages de Cendres vives se lisent en un rien de temps tant les aventures de Jérémie Stalion sont passionnantes et maintiennent le lecteur dans un état d’haleine constant.