Cette semaine, le Marvel Cinematic Universe (MCU) est de retour avec son 33ème long-métrage : The Marvels. Réalisé par Nia DaCosta, c’est à la fois une suite de Captain Marvel (2019), de la série Miss Marvel (2022), tout en continuant à développer l’intrigue de Monica Rambeau, débutée dans la série WandaVision (2021). Nia DaCosta (Candyman) fait donc ses débuts dans l’univers Marvel via ce nouvel opus chargé de réunir une équipe inédite : les Marvels.
The Marvels : le gril power est au rendez-vous
On avait extrêmement peur. Face aux échecs répétés de Marvel, que ce soit au cinéma (Ant-Man 3, Black Panther 2) ou sur le petit écran (Secret Invasion, She-Hulk), on était inquiet quant à la qualité de ce 33ème film. Une certaine lassitude se dégage auprès des spectateurs, moins concernés par le MCU, face à une qualité régressive des produits proposés par la firme. De même, la première bande-annonce de The Marvels, ne vendait clairement pas du rêve. Pour autant, la catastrophe est évitée.
Alors certes, The Marvels est un film qui manque cruellement d’ambition, une proposition totalement anecdotique qui ne fera pas date dans l’histoire du MCU (et on va y revenir). Pour autant, The Marvels n’est clairement pas un film déplaisant. Aussi parce qu’il ne dégage pas une ambition folle. Contrairement à Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, chargé d’introduire Kang et le multivers, The Marvels est un film de transition, une œuvre mineure qui se concentre sur le destin de ses trois personnages. En ça, The Marvels ne ment jamais sur sa cargaison. Moins ambitieux, le film permet aussi de resserrer son intrigue, de rester à une échelle plus intime, toujours au plus proche de ses héroïnes. Ici pas de récit à grande échelle, mais l’aventure un peu à l’ancienne de trois protagonistes attachantes.
Grâce à ça, Marvel Studios revient à ses fondamentaux. Un film sans pression, bourré d’humour, dont la seule ambition est de divertir un public pas trop exigeant. Il faut bien avouer que Nia DaCosta parvient à imposer un rythme plutôt agréable. Alors certes, de nombreux éléments de son intrigue et ses ressorts émotionnelles sont parfois trop expédiés (on y reviendra aussi), mais ce rythme effréné permet à l’assistance de ne jamais s’ennuyer.
Ce 33ème opus est une proposition certes trop sage, mais plutôt attachante, rythmée, dynamique, et sans fioriture scénaristique et émotionnelle inutile. Nia DaCosta manque cependant d’une créativité personnelle dans sa mise en scène qui fait de The Marvels une œuvre extrêmement calibrée dans le MCU. Un film qui ne sort jamais du cahier des charges Marvel, qui trouve sa quintessence dans une séquence de combat plutôt réussie où les trois personnages passent leur temps à permuter.
Un film ridiculement vide de profondeur
Voilà pour les quelques aspects positifs, parce que si on gratte le joli vernis de la surface, The Marvels demeure une œuvre extrêmement vide. Peu d’ambition, peu de courage, peu d’identité visuelle, peu de créativité dans sa mise en scène. Une œuvre plate, agréable, vite vue, vite oubliée. La faute premièrement, à une méchante de seconde zone passablement oubliable. Si Zawe Ashton donne tout ce qu’elle a dans le rôle de l’antagoniste Dar-Benn, l’écriture de son personnage est trop faible pour la rendre convaincante. Copie non assumée de Ronan l’Accusateur, cette méchante bas de gamme n’est pas une menace suffisante pour créer un peu de tension dans le récit. En ça, The Marvels est une œuvre légère, qui manque de gravité, de profondeur et évidemment de suspens…
On peut également regretter que Nia DaCosta n’ait pas mis de côté la famille de Kamala Khan. Franchement qui avait réellement envi de revoir les insupportables parents de la jeune fille, introduits dans la série Miss Marvel, et toujours incarné par Zebonia Shroff et Mohan Kapur ? Ressorts humoristiques lourdingues, ressorts émotionnelles mièvres, ils alourdissent chacune des scènes dans lesquels ils apparaissent d’une cacophonie ambiante détestable. Et leur utilité dans le récit pose encore question. Alors évidemment, ils sont un rappel de la thématique principale du long-métrage : la notion de famille. Mais Nia DaCosta pouvait totalement développer son intrigue sans utiliser les figures parentales de Kamala Khan.
La famille. Thématique principale du long-métrage, Nia DaCosta offre une réunion sobrement touchante. Sans en faire des caisses, elle ne parvient pas non plus à toucher les foules. Pourtant tout The Marvels parle de la culpabilité de l’abandon de Carole Danvers et de sa recherche de réconciliation personnelle avec la figure de « l’autre », et plus précisément de la figure familiale matérialisée en grande partie par Monica Rambeau. Une thématique passionnante mais traitée avec beaucoup de simplicité, sans entrer dans sa profondeur psychologique.
C’est le problème majeur de The Marvels : tout est survolé. Les thématiques sont à peine développées, les personnages secondaires sont effacés, et les situations s’enchainent à une vitesse folle sans réelles transitions. Une sensation de superficialité telle qu’on se demande encore si Nick Fury était réellement dans le film ou si on l’a tout simplement imaginé.
Enfin, il nous faut lâcher un petit mot sur la scène post-générique impressionnante. Sans la spoiler totalement, celle-ci ouvre un peu plus le concept du multivers dans le MCU. Et après Charles Xavier dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness, un autre X-Men de taille vient de rejoindre la franchise. Et force est de constater que tout ce petit jeu qui se met en place est très excitant…