Mobile Film Festival 2018 : un palmarès audacieux et engagé

0
589

Le 13 mars au soir s’achevait au MK2 Bibliothèque la 13ème édition du Mobile Film Festival, une manifestation cinéphile originale dédiée aux (très) courts-métrages réalisés avec un portable (1 Mobile, 1 Minute, 1 Film). Le cru 2018 compte 1055 films provenant de 88 pays différents et a enregistré plus de 10 millions de vues. Les 50 œuvres en compétition officielle ont marqué par leur engagement, leur qualité et leur originalité. JustFocus était présent à l’annonce du palmarès et vous raconte cette belle soirée de clôture.

Une cérémonie de remise des prix placée sous le signe de l’émotion

C’est aux alentours de 20h30 qu’a débuté la cérémonie. Après le discours du fondateur de l’évènement, Bruno Smadja, place à la projection de Louis dans tous ses états, un court de Violette Gitton et Paul Marques Duarte (lauréats 2017 du Grand Prix France), réalisé grâce aux 15.000 euros de la récompense. L’occasion pour Violette Gitton, présente sur scène, de parler de son expérience et prodiguer quelques conseils aux futurs lauréats 2018 : « Écrivez ce que vous souhaitez, laissez libre court à votre imagination, pour une fois que l’argent vient avant l’idée ». Et de tacler en passant l’actualité : « Désirez vos acteurs… mais pas trop ! ».

Puis vint la projection des 50 films en compétition. Le moment de (re)découvrir les œuvres courtes fortes, poignantes, puissantes et drôles qui ont fait l’édition 2018. Des films qui n’ont pas hésité, une nouvelle fois, à se faire l’écho des problèmes du monde : crise migratoire, violences faites aux femmes, handicap, question du genre, sort réservé aux homosexuels… Des courts-métrages plus que réussis auxquels le jury, présidé par Patrice Leconte et composé de Ruben Alves, Anne-Sophie Bion, Stéfi Celma, Amelle Chahbi, Alice David, Lola Dewaere, Pascal Elbé et Céline Kamina, a tenu à rendre un hommage global, soulignant une treizième édition de qualité, et des choix de récompenses durs à décider.

Le palmarès, qui est venu récompenser sept films d’autant de pays différents, marque par son audace et son caractère engagé. Si la gravité prime – drame des migrants à travers Raahha, peurs enfouies dans Monsters, question des genres avec Leo Never Gives Up, consentement dans Yes, No – la comédie, l’optimisme et l’espoir ont également la part belle. Coup de cœur du Jury et Prix SensCritque pour l’attachant et drôle Brother, Grand Prix International et Prix du Public pour l’extraordinaire Unsung Hero et Prix du Jury Digital pour le lumineux Zulu Rema. Enfin, pour la première fois cette année, le jury a décidé de regrouper les prix d’interprétation féminine et masculine en une catégorie et c’est l’actrice transgenre Csillag Tamara Szilvia (Leo never gives up) qui a été auréolée de la récompense.

A l’issue de la remise des prix, nous avons pu poser quelques questions à certains des lauréats. Leurs souhaits et projets ? Pour le réalisateur de Leo Never Gives Up, prolonger l’aventure de ce court-métrage en réalisant un documentaire sur Csillag Tamara Szilvia, l’actrice transgenre du film. Quant au réalisateur d’Unsung Hero, désormais habitué des festivals et des récompenses, il souhaite continuer « tout simplement à raconter des histoires, qu’elles soient courtes, grandes, simples ou universelles ».

C’est donc le clap de fin du Mobile Film Festival 2018. Une treizième édition qui a confirmé qu’avec une minute et un smartphone, il peut s’en raconter des histoires et s’en vivre des émotions… Pari réussi pour ce festival de courts devenu Grand.

 

Le palmarès 2018 :

  • Grand Prix International et Prix du Public : Unsung hero de Vinamra Pancharia (Inde) : comment un objet abandonné va devenir le moyen de faire de grandes choses pour un enfant

  • Grand Prix France : Monsters de Manon Gaurin : une illustration esthétique qui revisite la thématique des monstres sous le lit… et ailleurs

  • Prix du Scénario : Yes, No de Matteo Tibiletti (Italie) : inspiré du Not I de Samuel Beckett, ce court-métrage original s’intéresse au consentement et sens des mots

  • Prix de la mise en scène : Raahha de Farshad Qaffari et Payam Laghari (Iran) : une plongée dans le drame des migrants en mer

  • Prix d’interprétation : Csillag Tamara Szilvia dans Leo Never Gives Up de Balint Klopfstein-Laszlo (Hongrie) : quand la ténacité d’un enfant va tout chambouler

  • Prix Coup de cœur du Jury et Prix SensCritique : Brother de Boldbaatar Baasanjav (Mongolie) : une touchante déclaration à l’esprit de solidarité entre frères et sœurs

  • Prix du jury digital avec Golden Blog Awards : Zulu Rema de Haithel Sakouhi (Tunisie) : une véritable leçon d’optimisme à travers les pas d’un danseur de breakdance