Little Zombies : une œuvre généreuse et définitivement pop

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Initialement prévu pour sortir dans les salles obscures, Little Zombies finit finalement sa course sur OCS. Pourtant, le film de Makoto Nagahisa est une véritable réussite pop, surtout pour un premier long-métrage. Focus sur ce film japonais qui comptabilise deux nominations au Festival de Sundance. 

Little Zombies : un regard moderne sur la société

L’histoire est assez simple. Little Zombies raconte comment un groupe de jeunes enfants dysfonctionnels, dont les parents sont morts, décident de monter un groupe de musique. Plutôt que de tomber dans la tristesse, ils croquent la vie à pleines dents. Little Zombies est un film visuel, qui repose la plupart de ses ressorts sur l’image et le son. Via une mise en scène extrêmement généreuse, extravagante, voire parfois éreintante Makoto Nagahisa signe une œuvre en accord avec son époque. Par le biais d’un rythme effréné, le cinéaste aborde la société moderne, celle de l’instant T et de l’éphémère. Il aborde un monde toujours plus connecté, technologique, et pourtant débranché de la réalité, des sentiments, des émotions et tout l’aspect humain.

Little Zombies : une œuvre généreuse et définitivement pop

Avec Little Zombies, Makoto Nagahisa critique les dangers d’une société tout connectée, les dangers de la célébrité précoce, des réseaux sociaux, et de l’exploitation d’une jeunesse qui ne se rend pas forcément compte de la réalité. Il met en avant aussi une jeunesse désabusée, dépassée, mais surtout blasée, qui ne ressent plus, et se contente d’évoluer d’un côté ou de l’autre des écrans. Via une absence de réaction et de dramatisation du contexte, cette jeunesse est, elle-aussi, déconnectée de la vie et de la mort.

Une œuvre pop extrêmement généreuse

Mais c’est aussi un film de rebelles. Little Zombies raconte comment cette bande de jeunes surdoués va briser les codes, va s’amuser, et renverser la ville, la société, l’art, le temps de quelques jours. C’est une œuvre profondément adolescente, qui veut casser les codes, les normes, par le biais d’un récit d’émancipation sociétal intéressant. Pour son premier film Makoto Nagahisa est encore, certes, un peu maladroit, mais transpire la spontanéité et la générosité. Un film à l’image de l’adolescence perdue, avec ses défauts et ses qualités. 

Il impose énormément de créativité dans sa mise en scène qui touche à tout. Le cinéaste aborde toutes les influences de son enfance : la télévision, les jeux-vidéos, le cinéma, la mauvaise bouffe, avec une vision très personnelle. Little Zombie est ainsi un film hybride, qui accumule les genres et les influences, jusqu’à l’excès, et l’asphyxie. Le long-métrage offre ainsi des séquences diverses et variées, organisées sous forme de chapitres.

Little Zombies : une œuvre généreuse et définitivement pop

Little Zombies transmet alors des passages en noir et blanc, d’autres en animation, de la comédie musicale, des instants sous forme de jeux vidéo (avec pixels et 8 Bit à la clé), des explosions du quatrième mur, des apartés, des ralentis, des changements d’étalonnage, d’angle ou de format ou encore des scènes tournées à l’IPhone. Un mélange visuel délicieux et sensoriel qui fait sens, et qui permet une véritable expérience de cinéma. Makoto Nagahisa partage ainsi une générosité de tous les instants, et un film profondément méta sur la société actuelle.

Et si sa mise en scène est parfois boursouflée, elle est aussi étonnamment malicieuse, et reflète l’âme d’un grand gamin qui veut faire du cinéma avec ses yeux de rêveurs. C’est coloré, attachant, drôle, et dynamique, mais aussi un peu trop excentrique, et l’exercice est parfois trop long. Et c’est finalement le seul vrai bémol de l’œuvre. Une durée trop excessive, malgré une véritable volonté de bien faire. Dans tous les cas, Little Zombies est disponible sur OCS dès le 23 juin 2021, et ça vaut assurément le détour !