Limbo, la poésie du cinéma pour aborder l’exile

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Le film Limbo traite de manière poétique et lyrique la question de l’exile à travers le parcours héroïque de Omar et son Oud.

Synopsis : Sur une petite île de pêcheurs en Écosse, un groupe de demandeurs d’asile attend de connaître son sort. Face à des habitants loufoques et des situations ubuesques chacun s’accroche à la promesse d’une vie meilleure. Parmi eux se trouve Omar, un jeune musicien syrien, qui transporte où qu’il aille  le Oud  légué par son grand-père. Entre poésie, émotion et humour, Ben Sharrock livre un film poignant sur le sort des réfugiés.

Au vu de la situation géopolitique actuelle, la question du traitement des réfugiés se trouve au cœur de l’actualité. Il n’est donc pas étonnant que le film se concentre autour de cette problématique. Omar, le principal protagoniste, est un ancien joueur de Oud (instrument à cordes pincées voisin du luth, utilisé dans la musique arabe classique). Il est d’origine syrienne et arrive dans une île écossaise fictive. Malgré un blocage qui l’empêche de jouer de son instrument, il continue de l’emporter dans un coffre partout où il va.

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Omar et les autres personnes sont dans l’obligation  de suivre des cours d’intégration.

La relation qu’Omar partage avec son Oud traduit son évolution émotionnelle face à la situation. D’abord un musicien renommé, il subit un blocage qui l’empêche d’exercer sa passion mais s’accroche tout de même à cet instrument. Il est également accompagné de plusieurs personnages, plein d’espoir et de rêves eux aussi. Parmi eux, la professeure Helga qui, d’après son interprète Sidse Babett Knudsen, est ”une femme dotée d’un côté maternel qui propose ce cours comme moyen d’offrir un lieu pour exister.”

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Boris (Kenneth Collard)   Helga (Sidse Babett  Knudsen)

Lors de notre rencontre avec BEN SHARROCK, il a expliqué son parcours : « J’ai fait des études universitaires où j’ai pu étudier en Syrie, j’ai connu une Syrie qui était en train de s’ouvrir économiquement et culturellement. Puis le conflit armé a éclaté et j’ai dû partir pour ma propre sécurité. J’ai fait le choix d’aborder le sujet des migrants qui arrivent et non leur parcours, car j’ai travaillé dans des camps d’accueil. J’ai été au contact de ces personnes qui sont face à l’exil, à la perte. »

“Je me suis inspiré du cinéma iranien et syrien en abordant la migration par une approche poétique, par l’aspect de l’esthétique visuelle et de l’enjeu du héros. Le choix d’une île fictive représente ce sentiment de non-lieu. L’esthétique se traduit par le choix des couleurs aussi bien que le ciel gris, le dénuement des décors.” Confie Ben Sharrock.

Les visuels du film sont très parlants. On retrouve une tonalité de couleurs sombres, orageuses. Comme si l’île – son ciel, ses lieux, ses habitants– était envahie par un brouillard. Le spectateur est immergé et grandit en même temps que Omar, ce héros qui a tout quitté pour fuir la guerre en Syrie.

La relation qu’il partage avec son Oud traduit son évolution émotionnelle face à la situation. D’abord un musicien renommé, il subit un blocage qui l’empêche d’exercer sa passion mais s’accroche tout de même à cet instrument. Il est également accompagné de plusieurs personnages, plein d’espoir et de rêves eux aussi. Parmi eux, la professeure Helga qui, d’après son interprète Sidse Babett Knudsen, est ”une femme dotée d’un côté maternel qui propose ce cours comme moyen d’offrir un lieu pour exister.”

Limbo, synonyme d’incertitude

À travers ce film, le réalisateur prend le parti pris de traiter le sujet de la migration autour de l’attente de réponse. Il place ses personnages dans une situation d’entre-deux qu’il illustre par le titre Limbo, soit les limbes en français. À travers ce titre subtil, Ben Sharrock fait une métaphore de l’état d’incertitude dans lequel se trouvent les personnages, en attente de salut. C’est une référence biblique. Omar et les autres migrants sont dans un entre-deux; ils viennent de quitter l’enfer de la guerre mais n’ont pas encore atteint le paradis de la “terre promise”.

Omar est un joueur d’oud reconnu. Son Oud est son héritage familiale, sa vie passé, la personne qu’il était. La relation complexe entre Omar et son Oud illustre l’évolution du jeune homme ; Le traumatisme d’Omar s’illustre par  son incapacité à jouer.

Le spectateur fait face à la réalité des personnages et se retrouve complètement immergé dans cet état d’incertitude. À travers ce film, l’audience est en mesure d’aborder le traitement des migrants d’une nouvelle manière. En évoquant l’immigration par le prisme de la poésie au lieu de tomber dans le pathos et le misérabilisme, Limbo se veut à la fois poignant et poétique.

Le film a reçu un très bel accueil  par le public. Il a été primé dans de nombreux festivals  dont Festival du Film Britannique de Dinard 2021. Entre autres, il a été sélectionné Festival de Cannes 2020.

 

Réalisateur / Scénariste : BEN SHARROCK

Producteurs : IRUNE GURTUBAI & ANGUS LAMONT

Directeur de la photographie : NICK COOK

Ingénieur du son : BEN BAIRD

Monteur : KAREL DOLAK & LUCIA ZUCCHETTI

Musique : HUTCH DEMOUILPIED

Distribution

Omar : AMIR EL-MASRY

Farhad : IKASH BHAI

Wasef : OLA OREBIYI

Abedi : KWABENA ANSAH

Hamad : SODIENYE OJEWUYI

Helga : SIDSE BABETT KNUDSEN

Boris : KENNETH COLLARD

Plug : CAMERON FULTON

Stevie : LEWIS GRIBBEN

Cheryl : SILVIE FURNEAUX

Tia : IONA ELIZABETH THOMSON

Scooter Woman : BARBARA HUNTER

Nabil : KAIS NASHIF

Abdul : RAADI MAHDI

Vikram : SANJEEV KOHLI