Les Joker au cinéma

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A l’occasion du phénomène Suicide Squad sorti cet été, et le très attendu Jared Leto dans la peau du Joker, petit tour d’horizon des différents Joker sur grand écran.

Cesar Romero dans Batman :

Cesar Romero
Cesar Romero

Il est en 1966 le tout premier acteur à incarner le Joker sur grand écran. Il était à l’époque opposé à Adam West dans le rôle de Batman. Aujourd’hui totalement obsolète, il reste irréfutablement la toute première incarnation cinématographique du maître du crime. Une interprétation qui tentait de rester fidèle au protagoniste, déversant une certaine folie kitch.

Jack Nicholson dans Batman :

Jack Nicholson
Jack Nicholson

Réalisé par Tim Burton en 1981, cette adaptation demeure le premier véritable long métrage à mettre Batman sous un jour appréciable. Costume porté à l’époque par Michael Keaton, Batman apparaissait plutôt insipide. Tentant d’apporter un doute dans l’écriture de son personnage, Burton dresse le portrait d’un Batman taciturne et silencieux mais également relativement fade. Ce qui faisait la grande force du film restait son méchant, le grand ennemi de l’homme chauve-souris, le Joker. Vilain intime et célèbre de Batman, le Joker prenait les traits de Jack Nicholson. Grand acteur s’il en est, il est parvenu à s’approprier le personnage avec une conviction rare pour lui insuffler sa folie personnelle, une folie déjà présente dans Shinning et Vol au-dessus d’un Nid de Coucou. Un style légendaire de l’acteur qui convenait parfaitement à la bizarrerie du personnage. Cruel et violent, Jack Nicholson a offert une impressionnante prestation, ne faisant qu’un avec son protagoniste, lui concoctant un esprit génial, imaginatif, cocasse et destructeur. Chacun se souvient l’entrée du Joker dans le musée sur la musique du regretté Prince, scène percutante démontrant le manque total d’appréhension du personnage à faire tout simplement ce qui lui plait. Fuck l’art, fuck la logique, Jack Nicholson et Tim Burton étaient parvenus à dresser un portrait du Joker à la fois fidèle aux comics et issu de leurs univers respectifs. Merci Jack et as-tu vu danser le diable au clair de lune ?

 

Heath Ledger dans The Dark Knight :

Heath Ledger
Heath Ledger

Décédé peu de temps après le tournage, Heath Ledger avait la lourde tâche de passer derrière une légende du cinéma. Vivement critiqué, après trois décennies sans Joker sur grand écran, il faut dire que l’acteur australien aurait pu avoir la pression. Réalisé par Christopher Nolan, The Dark Knight est un très grand blockbuster, intelligent, passionnant, bien écrit et véritablement divertissant. Christian Bale offrait un Batman solide sans être transcendant qui trouvait tout son intérêt dans sa relation avec le clown. Véritablement habité par son rôle, Heath Ledger est allé plus loin que n’importe qui avant lui et est entré profondément dans son rôle, improvisant de visionnaires idées pour le personnage, entraînant un certain gêne chez le reste de l’équipe du film au vu de la crédibilité avec laquelle il incarne son méchant. Tout comme dans les comics, la relation qui anime Batman et le Joker est un condensé de haine, de fascination, de jeu et de violence. Ennemis intimes ils ne peuvent réellement exister l’un sans l’autre et Nolan parvient à parfaitement le retranscrire à l’écran, il met en avant le désarroi du chevalier noir devant le terrible génie du clown déchu. Finalement Heath Ledger est tellement convaincant dans son rôle qu’il éclipse totalement Batman, et les scènes les plus percutantes demeurent celles qui offrent la part belle au Joker, que ce soit la folle scène d’ouverture jusqu’au final malin et la victoire du méchant historique. The Dark Knight Rises aurait dû compter le Joker en ses rangs mais le décès de l’acteur a obligé les frères Nolan à revoir leur scénario.

 

Jared Leto dans Suicide Squad :

Jared Leto
Jared Leto

Dans Suicide Squad réalisé par David Ayer, c’est la toute première fois que le Joker apparaît comme un personnage secondaire. Dans ce long métrage sorti cet été, une équipe de supers vilains, la Suicide Squad, est montée pour faire les sales besognes du gouvernement américain. Composée entre autres par Deathstrock, Harley Quinn et de Boomerang, cette team hors du commun est amenée à croiser le chemin de Batman, incarné pour l’occasion par Ben Affleck, et donc celui du Joker qui prend les traits de Jared Leto. Un acteur talentueux qui a déjà prouvé ses capacités à ne faire qu’un avec ses personnages. Choisi pour ses capacités d’adaptation, la décision de prendre Jared Leto pour jouer le Joker était une merveilleuse idée. Seulement la Warner et David Ayer devaient simplement donner plus d’importance au Joker. Personnage secondaire si l’on veut mais ses rares apparitions ne sont pas percutantes, il apparaît davantage comme un pantin désarticulé et vide comme le véritable maître du mal ambigu, incongru et décérébré qu’on lui connait. Dès son introduction quelque chose cloche, introduit comme un vulgaire gangster de seconde zone, il est à la limite du pathétique dans sa relation avec Harley Quinn. Margot Robbie et Jared Leto ne parviennent pas à trouver l’alchimie qui anime ces protagonistes sur le papier. La suite n’est pas plus probante, Jared Leto est insipide, son personnage vide et inutile, bon qu’à gonfler un fan service peu subtil. Heureusement pour Margot Robbie, elle parvient à tirer son épingle du jeu plus tard dans le long métrage, lorsqu’elle se retrouve seule, et qu’elle parvient à utiliser relativement bien l’essence du personnage de Harley Quinn. Pour autant Jared Leto n’a pas le temps nécessaire à l’écran pour véritablement s’exprimer. Suicide Squad est donc l’introduction d’un nouveau Joker amené à réapparaître par la suite. En soit on n’a rien contre mettre un protagoniste aussi emblématique que le Joker au second rang, après tout c’est un choix scénaristique louable, non le véritable souci est l’utilisation maladroite du personnage. Qu’il soit secondaire ne pose pas de problème tant que celui si conserve sa verve et son identité, mais David Ayer a détruit le Joker en quelques minutes et aurait tout simplement dû s’abstenir d’utiliser le clown.