Le Petit Prince, et son adaptation animée

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Le 29 Juillet 2015 sortira l’adaptation tant attendue du livre préféré des Français : Le Petit Prince ; réalisée par Mark Osborne.

Présentée hors-compétition au festival de Cannes, cette adaptation annonce d’emblée un gros casting dans sa version originale : Jeff Bridges (L’aviateur), Rachel McAdams (La mère), James Franco (Le renard), Benicio Del Toro (Le serpent), Ricky Gervais (L’homme orgueilleux), Mackenzie Foy (La petite fille), mais aussi Riley Osborne (Le petit prince). Et pour la version française, rassurez-vous, la barre a été placée tout aussi haut ! En effet, les doublures seront assurées par André Dussolier, Florence Foresti, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Laurent Lafitte ou encore Vincent Lindon.

« Dessine-moi un mouton »

L’adaptation du Petit Prince est un projet d’initiative française mené en premier lieu par le producteur Dimitri Rassam, qui n’est autre que le fils de la comédienne Carole Bouquet et du producteur Jean-Pierre Rassam. Doté d’un budget colossal (81 200 000 dollars !) le film a tout de même mis neuf ans à se faire. Le livre d’Antoine de Saint-Exupéry fait certainement partie des œuvres littéraires les plus compliquées à adapter. Beaucoup d’illustres artistes s’y sont pourtant essayés, notamment Orson Welles qui a longtemps travaillé dessus et dont le projet avait même été proposé à Walt Disney avant d’être finalement abandonné.
Il existe indubitablement une relation dialectique (l’art de la discussion) entre le lecteur du Petit Prince et l’œuvre en elle-même. La mettre en scène aurait sans doute été la meilleure façon d’illustrer ce chef d’œuvre, qui fait naître des images indestructibles dans un cerveau enfantin. Pour cela, il peut être assimilé à un livre mythologique qui offrirait aux plus jeunes lecteurs une meilleure appréhension du réel, comme dans L’Odyssée par exemple. Cette dialectique (cf: vos vieux cours de philo!) narrative rejoint celle du cinéma, grâce au contraste entre l’animation 3D et papier qui fonctionne brillamment. Le savant mélange des techniques d’image de synthèse et de stop-motion a déjà montré son savoir-faire auparavant dans le cinéma d’animation puisque Mark Osborne, le réalisateur, a notamment réalisé Kung-Fu Panda en 2008, ainsi que certains épisodes de la célèbre série Bob l’éponge.

« Apprivoise-moi »

Depuis sa sortie en 1943, Le Petit Prince a été vendu à plus de 145 millions d’exemplaires partout dans le monde, ce qui fait de ce tout petit livre d’Antoine de Saint-Exupéry l‘ouvrage le plus traduit et le plus vendu aujourd’hui après la Bible. D’ailleurs transposé dans 243 langues et dialectes, il conserve la première place en termes de ventes chez Gallimard, l’éditeur du livre. Véritable phénomène littéraire, le personnage du Petit Prince est resté dans la postérité.
Le Petit Prince est un garçon aux cheveux d’or et au rire cristallin, qui ne répond pas aux questions qu’on lui pose mais ne renonce jamais à une question une fois qu’il l’a posée.

« Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications. »

Son histoire est celle d’une quête initiatique philosophique dans laquelle n’importe quelle personne peut se reconnaitre. Les différents personnages qu’il croise sont eux aussi des symboles ; par exemple la place de la femme, représentée par la rose, orgueilleuse et fragile à la fois, elle est l’âme du livre.

 

« J’aurais dû ne pas l’écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m’en réjouir [… ] Je n’ai alors rien su comprendre ! J’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir ! J’aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer. »

 

Forcément, en comparaison à l’histoire initiale, des personnages ont été inventés de toute pièce, ainsi qu’un récit autour du récit, car le livre de Saint-Exupéry était trop court pour être porté à l’écran. Puisqu’il s’agit d’une sorte de conte philosophique, la narration est difficile à respecter. L’aviateur (naturellement assimilé à l’auteur) est incarné par un vieux monsieur qui raconte ses aventures de jeunesse à qui veut bien l’entendre. On s’éloigne de l’histoire de base qui a touché des millions de lecteurs, et par la même, on perd en sensibilité et en onirisme.

Il vous reste un peu moins d’un mois pour découvrir une pépite de la littérature française, si vous êtes passé à côté. Vous pourrez ainsi vous faire une idée personnelle de ce classique et juger l’adaptation qui sort cet été à juste titre. Et comme le disait Antoine de Saint Exupéry lui-même, « L’essentiel est invisible pour les yeux », vous, qu’est-ce que vous en pensez ?

Note sur le film: Brillant hommage de Mark Osborne. Une adaptation habile qui ne dénature pas l’œuvre originale mais offre de la profondeur à l’univers de Saint Exupéry.

 

 

Photo: Paramount Pictures France

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