Avec cinq nominations majeures à la prochaine cérémonie des Oscars, Lady Bird est la première réalisation de l’actrice Greta Gerwig (Frances Ha) portée par la jeune et prometteuse Saoirse Ronan (Les Âmes Vagabondes). Avec des nominations dans les catégories Meilleur film, Meilleure actrice, Meilleur scénario original et Meilleur réalisateur, Lady Bird a ses chances tant le film peint une Amérique simple en perdition.
Un Boyhood au féminin
Le film de Greta Gerwig est une belle leçon de vie, une oeuvre sensible et spontanée qui veut ramener sur le devant de la scène la simplicité perdue d’une Amérique dépassée. Comme Boyhood, le film de Gerwig tente de dresser le portrait d’une jeunesse américaine qui ne trouve pas sa place, qui n’est pas en phase avec les aspirations d’une nation immense et en perpétuelle évolution. Très intelligent, Lady Bird dresse un constat sans jugement, avec objectivité, et prend les arguments des différentes parties.
Saoirse Ronan est attachante, dans la peau d’une adolescente rebelle mais maligne qui découvre sa sexualité, les affres de la vie en société et la dure réalité du travail. Dans la lignée d’un personnage féminin fort comme Juno, l’actrice brille par sa justesse de jeu et par sa folie extravertie et spontanée. Le film est à l’image de cette jeune femme : spontané, paradoxal, hésitant, parfois irritant, souvent touchant. Lady Bird distille une certaine vitalité revigorante, un message de simplicité, d’entraide et d’indépendance qui réchauffe le coeur. Mais Lady Bird cherche surtout à mettre en avant une Amérique familiale et simple qui disparaît peu à peu.
Lady Bird a le cœur sur la main
Grâce à ses personnages diverses et ses enjeux sociaux passionnants, Lady Bird est un film humain, sensible et touchant. Le cœur sur la main, Greta Gerwig dresse le portrait de plusieurs personnages attachants. Outre la protagoniste principale Christine, sa mère, son père, son frère et ses petits amis sont des apparitions passionnantes. Une mère forte, véritable combattante, qui essaye de trouver le juste milieu entre gentillesse et sévérité, prête à tout donner pour sa famille, confrontée à l’arrogance d’une adolescente en pleine crise existentielle. Avec beaucoup de finesse, sans jamais tomber dans le pathos, la cinéaste en herbe dresse un relationnel éculé mais pourtant ici attachant entre une mère et sa fille. Laurie Metcalf est elle aussi convaincante dans son rôle, et est nommée dans la catégorie Meilleure actrice dans un rôle secondaire. C’est la force de Lady Bird, ne jamais tomber dans le pathos et parler d’une réalité avec finesse.
En plaçant son oeuvre au lendemain du 11 septembre, Greta Gerwig veut confronter ses protagonistes à leurs peurs, les changements sociéteux, professionnels et religieux qui s’opèrent. La cinéaste cherche à trouver le juste milieu entre traditionalisme et évolution, notamment dans son approche de la religion, quelque part entre critique et respect. Dans un contexte professionnel difficile, son père et son frère n’ont pas d’emplois, Christine cherche à s’enfuir et faire ses études à New York. En choisissant Sacramento comme pied à terre, Greta Gerwig veut opposer la campagne et la ville, rappeler que les habitants extra-urbains sont délaissés, oubliés et déconsidérés, mais que c’est pourtant chez eux que les sentiments s’expriment, c’est chez eux que la simplicité prend son sens. Dans sa conclusion superbe, pleine d’émotion, Greta Gerwig rappelle que ce sont d’abord nos origines qui nous définissent, et que parfois la simplicité vaut mieux que la réussite.
Lady Bird est un film sensible, qui cherche à revenir à une simplicité perdue. Saoirse Ronan est parfaite et la première réalisation de Greta Gerwig vaut le détour.
