Le réalisateur irano-suédois Milad Halimi propose avec The Charmer une tranche de vie d’un homme essayant de s’intégrer dans un pays qui n’est pas le sien. Projeté en avant-première française dans le cadre du Festival de Cinéma Européen des Arcs, le long-métrage, en compétition officielle, est fort, louable et original.
The Charmer : récit d’une vie tiraillée
Esmail, jeune trentenaire iranien arrivé au Danemark deux ans auparavant et s’ayant vu refuser sa demande de permis de résidence, s’active à trouver une femme qui lui permettrait de rester dans le pays. Tombant amoureux de l’une d’elles, il va néanmoins être confronté à son passé.
Au casting, le personnage principal est interprété par Ardalan Esmaili. Lars Brygman, Stine Fisher Christensen ou bien encore Jesper Loham lui donnent la réplique.
Dans ses fragilités, ses faiblesses mais également ses forces, Esmael touche en plein cœur. Tout en aspérités, il incarne avec honnêteté l’humain dans ses contradictions et ses magnificences. Sans céder aux sirènes du misérabilisme ni à celles du désespoir, le long-métrage fait le portrait émouvant et sincère de cet exilé aspirant à une vie meilleure. Mais le film, sans parti-pris ni volonté d’engagement, ne se veut pas politique. Néanmoins, dans la description du combat du protagoniste résonne nécessairement celui de milliers de personnes dans la même situation.
Malgré la gravité inhérente, de réels moments de grâce légère parsèment The Charmer, contrecarrant la violence physique ou sociale inhérentes aux choix du protagoniste. Le film – long – n’en est pas pour autant rebutant. A contrario, l’histoire n’en a que plus de temps pour se déployer. L’œuvre va dévoiler ses cartes très progressivement jusqu’à proposer un final éclairant et éclatant.
Un film aux multiples atmosphères
Le cinéaste Milad Halimi, qui a signé auparavant plusieurs courts, ainsi que Void, son premier long-métrage (sorti en 2014 en France), choisit pour ce nouveau film de soigner avec minutie la photographie et les plans. Grâce à la lumière, extrêmement changeante et évolutive, le film oscille sans cesse entre différents genres et atmosphères (noire, angoissante, romantique ou poignante). En conférant au film cette universalité, le réalisateur approche avec brio son œuvre de la complexité de la vie.
La caméra, tour à tour mouvante et fixe, offre aux plans une diversité riche et de qualité. Quant aux recours fréquents à l’utilisation des reflets (vitres, miroirs…) ainsi qu’au flou, ils confèrent à l’œuvre un sentiment d’irréalité et une impression d’onirisme, qui viennent renforcer la quasi-absence d’éléments sur sa vie iranienne. De ses proches restés en Iran, on en verra longtemps très peu dans le film : quelques conversation téléphoniques éparses…
The Charmer, en proposant une fresque de vie variable dans ses tonalités, offre un bel exemple de cinéma d’auteur audacieux et exigeant. Avec distance et neutralité, mais beaucoup de puissance, le film se révèle efficace dans les thèmes qu’il aborde : la vie loin de sa culture, l’adaptation dans un nouveau pays, les difficultés pratiques pour y rester, l’amour et ses empêchements… En lice pour la Flèche de Cristal, rendez-vous le vendredi 22 décembre pour découvrir si ce long-métrage aura su marquer le jury 2017. Et pour les cinéphiles désireux de le découvrir, le film sortira dans les salles obscures en juin 2018 !
La bande-annonce de The Charmer :