Festival de Cannes: critiques des court-métrages en compétition

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9 court-métrages sont en compétition cette année pour remporter la petite palme d’or. Pour représenter la France, un film d’animation parmi les 2 ou 3 meilleurs qu’on a pu voir en projection. Si dans l’ensemble, le niveau des films est un peu plus élevé que ceux de l’an passé, certains sont décevants ce qui fait que l’on peut s’interroger sur les critères de sélection.

  • 1 – Le plafond de Teppo Airaksinen (Finlande) :

Olavi est un père de famille qui divorce et s’exile dans son chalet au bord de la mer. Après s’être aperçu que le plafond de sa demeure descendait, il reçoit la visite de son ami voisin accompagné de sa fille. Celui-ci lui suggère de faire quelque chose pour ce plafond mais Olavi est contre. Il est persuadé qu’il est descendu à la suite de sa séparation. Il pense que plus acceptera la situation, plus son plafond aura des chances de remonter, lui permettant ainsi de moins l’oppresser.

On ne peut qu’admettre que l’histoire est originale, et les situations amusantes. Ce petit film passe très vite jusqu’à une fin bien conçue. Malgré des mouvements de caméra mouvementés, on apprécie plutôt ce court. Pas mal!

  • 2 – Pépé le morse de Lucrèce Andreae (France)

Le pépé de la famille vient de mourir. Sa petite famille folle et bizarre suit mémé qui veut aller se recueillir sur la plage.

Malgré des dessins pas très beaux mais amusants, une animation réussie procure à Pépé le morse une vraie âme qui suscite tout notre intérêt . On se sent embarqué dans la balade de cette famille bizarre qui pleure, rit, et crie sans cesse. Un bel hommage à notre esprit bien franchouillard et aux belles plages normandes encerclées de grandes dunes sauvages. Drôle, fantasmagorique … C’est excellent.

  • 3 – A drowing man de Mahdi Fleifel (Danemark, Royaume-uni, Grèce)

Un jeune palestinien qui vit exilé en Grèce essaye de survivre à la pauvreté. Son quotidien : taxer des cigarettes, et quelques euros pour pouvoir manger. Quand il tombe sur une connaissance qui lui demande de voler une paire de chaussures en contrepartie de quelques pièces, il n’hésite pas.

Sans s’attarder sur les alentours (la ville, le pays, les gens…) le réalisateur prend tout le temps de filmer l’ennui du protagoniste. Même si sa situation est critique, il n’arrive guère à la rendre plus passionnante. Très moyen.

  • 4 – Lunch time de Alireza Ghasemi (Iran)

Une jeune fille de 15 ans souhaite voir le corps de sa mère à la morgue. Malgré un refus à cause de son âge, elle finit par y accéder.

Encore une adolescente mise en image, une autre jeune actrice douée et précoce. C’est elle qui est montrée du début à la fin des 15 minutes de ce film. Son parcours et sa tristesse sont des sujets profonds auxquels on prête vite attention. Mention Assez bien.

  • 5 – Accross my land de Fiona Godivier (USA)

Une famille américaine du sud des Etats-Unis, une prière avant chaque repas, un patriotisme sans faille. Le fils s’entraîne à démonter un fusil avec son père militaire, et la fille fait des activités ludiques avec sa mère. Dehors, la frontière mexicaine, et un mur parcourant l’horizon.

Une mise en scène qui parle d’elle même montre toute la tension qui rode le long de ces frontières. Petit film qui nous remémore le palpitant Desierto de Jonas Cuaron dans lequel un groupe d’immigrés passant la frontière de nuit se retrouvait la cible d’un chasseur américain et de son chien. Dans Accross my land, ce sont des militaires qui surveillent les environs. Une nuit, le drame n’est pas loin et la conséquence nous frappe en plein visage. Très bien.

Accross my land

  • 6 – Fin du parloir de Grzegorz Molda (Pologne)

Marta est mécanicienne dans le garage de son père. Elle va régulièrement voir son copain en prison. Arrêté pour trafic de drogue, il en a pour 2 ou 3 ans à moins qu’il témoigne et dénonce son commanditaire. Le jour où elle lui annonce qu’elle est enceinte, il lui avoue que c’est son père à elle qui est responsable de son emprisonnement. Marta se retrouve alors face à une décision difficile de choisir entre son père, son amoureux et leur futur enfant.

Avec talent, la charmante Zofia Domalik arrive parfaitement à faire passer les émotions que traverse Marta. Le jeune réalisateur profite d’un trio d’acteurs très convaincant pour raconter une histoire basée sur les choix d’une femme entre les 3 amours de sa vie : son fiancé, son père et son enfant. Excellent

Zofia Domalik
Zofia Domalik
  • 7 – Une nuit douce de Qiu Yang (Chine)

Des parents habitant en banlieue recherchent leur fille de 13 ans qui n’est jamais rentrée de l’école. La plus longue nuit de leur vie va commencer.

Filmé en 4/3, ce court-métrage est pourvu une belle image colorée et d’une photographie des plus seyantes. Mais… C’est tout. Si la nuit est longue pour ce couple, le film l’est aussi pour le spectateur. Arrivant au bout de l’ennui, la fin reste ouverte concernant le sort de la jeune fille. Plus que moyen.

  • 8 – Damiana d’Andres Ramirez Pulido (Colombie)

Un groupe de jeunes filles au fond de la jungle est entraîné et élevé par une femme dure. Un entrainement digne de celui des soldats américains.

Avec un discours semblable aux  répliques mémorables du sergent dans Full metal jacket, Le film ne montre quasiment jamais le visage de cette femme forte. Hormis ce passage, où chaque phrase qu’elle prononce est dite de plus en plus forte, il ne se passe rien pendant 15 minutes. Mauvais.

  • 9 – Push it de Julia Thélin (Suède)

Dans un gymnase, une classe d’adolescents suit leurs leçons de sport. Le synopsis du film prétend qu’il parle du fait de ne jamais pouvoir gagner, même si vous êtes la meilleure.

Malgré cette intention intéressante et primordiale, elle se trouve mal racontée car une vraie histoire manque au film. Là où on suit les exercices de cette classe, on a juste l’impression de regarder le film amateur d’un père venu voir ses enfants à l’entrainement. Très mauvais.

Avec 2 ou 3 court-métrages intéressants, on a déjà notre podium sur lequel figurera sans doute cette petite palme d’or. Ce prix sera décerné dimanche 28 mai lors de la cérémonie d’ouverture. Entre Pépé le morse, Accross my land, ou Fin du parloir, espérons qu’elle revienne au film d’animation français.