Cruella : Le dernier live action complètement « wouf » de Disney !

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Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes frères qui sont de véritables vauriens. Ces derniers apprécient ses compétences de voleuse et, ensemble, ils vont mener une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, les créations d’Estella se font remarquer par la baronne Von Hellman. Une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Leur relation va alors déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre. Au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance…

CRUELLA : UN SCENARIO QUI A DU MORDANT

Le succès de ce live action repose sur trois éléments principaux et le premier est le scénario. Ce petit chef d’œuvre est issu des mains de Tony McNamara. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce scénario a du mordant ! Il faut dire qu’il s’agissait là d’un pari audacieux. Concevoir la genèse d’un être machiavélique désirant massacrer de pauvres chiots pour se les mettre sur le dos… Ce n’est pas à la portée de n’importe qui. Cela demande donc une inventivité démesurée d’autant qu’il ne fallait surtout pas dénaturer le personnage. 

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La jeune Estella est une voleuse très talentueuse qui fait équipe avec deux frères voyous. La jeune femme veut à tout prix grimper les échelons dans le secteur de la mode, qui est très difficile d’accès. Jusqu’au jour où ses créations sont remarquées par la très influente (et snob) baronne Von Hellman (hell pour enfer, vous le saisirez en voyant le film). Toutefois, cette relation naissante va susciter une série de révélations qui feront basculer Estella dans la noirceur. le synopsis nous indique même que cette noirceur ira jusqu’« au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance ». Autant dire que cela promet ! 

Tout au long du film, on pourra donc vivre une lutte acharnée. Animée par la vengeance, entre deux visions de la haute couture : celle de la Baronne répondant à un système élitiste presque conservateur et celle d’Estella animée par une la fougue d’une jeune rebelle personnifiée par Cruella. De tous les bons choix que McNamara ait fait, deux attirent principalement notre attention. Tout d’abord, le choix du contexte.

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Le scénariste a choisi un lieu mythique doublé d’une période clé et légendaire. A savoir les années 70, à Londres, en plein cœur du milieu de la haute couture. Ensuite, on note que le récit ne date pas de notre période actuelle. On a donc une modernisation du récit mais toujours dans un esprit logique au regard du choix de la période. A titre d’exemple, Cruella et la Baronne ne disposent pas de réseaux sociaux tels que Instagram ou Facebook pour publier leurs créations. Cela nous permet donc de bénéficier d’une vision non aseptisée ou encore trop actuelle.

Face à un tel projet, on peut imaginer la pression pesant sur les épaules du réalisateur, Craig Gillespie, ainsi que sur celles du scénariste, Tony McNamara. En effet, en marge de la sortie du film Les 101 Dalmatiens de 1996, de nombreuses personnes avaient décidé d’adopter un chiot à pois noirs. Avant de finalement l’abandonner une fois que ce dernier avait grandi. Apprenant la création du live action Cruella, l’association de défense des animaux PETA a ainsi envoyé, le 18 février 2021, un message sur Twitter à la firme de Mickey :

« Personne ne montre mieux que Cruella la cruauté du dépeçage d’animaux. Mais PETA aimerait que Disney prenne des mesures pour éviter que l’effet 101 Dalmatiens de 1996 survienne encore quand les refuges avaient été submergés de chiens vraisemblablement abandonnés par des fans qui n’étaient pas préparés à ce que les chiots grandissent. »

Cela pourrait alors expliquer pourquoi ce live action de Craig Gillespie donne une belle part à l’une des plus grandes méchantes de Disney. Les dalmatiens ont un rôle secondaire loin d’être sympathique. Les héros principaux du dessin animé dont une apparition remarquée mais pas vraiment mise en valeur. En effet, Roger est présenté comme l’avocat maladroit de la Baronne. Tandis qu’Anita est la gentille camarade de classe de Cruella, qui deviendra par la suite reporter et aidera son amie à se faire une place dans le milieu de la mode. Pongo et Perdita sont  des chiots OFFERTS par Cruella respectueusement à Roger et Anita à la fin du film. La suite, on la connait… enfin presque. 

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Si Disney fait à la fin de son film un lien direct entre le dessin animé et le prequel, le personnage de Cruella semble complètement différent. Dans cette nouvelle version, Cruella est, certes, borderline mais pas avide de fourrure de dalmatiens. Ce n’est que pour se venger de la Baronne qu’elle fait croire avoir tué ses dalmatiens pour en faire de la fourrure. En laissant le doute planer dans les médias, la méchante de Disney crée elle-même la rumeur et cette image de vilaine qui lui colle encore aujourd’hui à la peau. Mais tout récit a besoin d’un ou d’une méchante. Et c’est ce qui expliquerait ce portrait peu reluisant que l’on a fait de cette femme aux cheveux bicolores 60 ans auparavant.

UNE REALISATION AYANT DU CHIEN

Outre le scénario bien peaufiné de Cruella, le succès du film réside aussi dans la réalisation. Et on peut dire qu’elle a du chien ! En regardant le long-métrage vous serez comme envoûté par les décors. Ils nous replongent carrément dans cette époque phare. A savoir les années 70 au cœur du monde de la haute couture dans la ville de Londres baignée dans l’univers punk rock. La ville est jeune, fougueuse et rebelle à l’image d’Estella. Autant dire que ce contexte a parfaitement bien été choisi en guise de cadre spatio-temporel pour ce live action.

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Par ailleurs, les tenues que l’on retrouve dans le film sont absolument sublimes. Et quand elles sont teintées d’effets spéciaux, on est subjugué par tant de réalisme. On pense notamment à cette robe de Cruella dont l’immense traine est faite de journaux froissés. Ou encore la scène dans laquelle Cruella met le feu à sa cape pour dévoiler sa magnifique robe rouge écarlate. Du grand art ! On se retrouve alors médusé face à un festival de mises en scènes colorées avec des tenues sublimes bien désignées. On note que la coiffure de Cruella se modernise dans le film. Ce qui donne un aspect revisité au personnage contribuant à lui donner une nouvelle image méliorative.

Au niveau des couleurs, outre les costumes très colorés que l’on peut admirer tout au long du film, on note une prédominance de deux couleurs à savoir le rouge et le noir (non, on ne va pas vous parler de Stendhal ni de Jeanne Mas). On les retrouve d’ailleurs sur l’affiche du long-métrage. Apparaît le visage de notre reine de la mode en noir et blanc avec le nom de celle-ci comme peint en rouge. Vous y verrez certainement là la marque du style punk rock mais pas que… On peut aussi y voir la part sombre de Cruella qui devra faire face à la mort et au sang à de nombreuses reprises.

Des lunettes de créateurs portées dans le film Disney Cruella parmi des centaines de paires volées lors d'un raid de 500 000 £ - Apk9to5

Le rythme est en absolument en raccord avec l’évolution du personnage. Tant et si bien que l’on a l’impression d’évoluer avec Estella. De petite fille à créatrice de mode notable, le spectateur bien immergé a l’impression de partager la vie de Cruella. C’est donc un véritable plaisir pour les yeux que de suivre le long-métrage. On vit l’action et, avec ce film débordant d’énergie, on en veut un peu plus chaque seconde qui passe.

Enfin, nous finirons cette étude de la réalisation en musique. Une chose que notre oreille aura bien retenu c’est l’ensemble des musiques choisies pour ce live action. Tous les titres phares de cette époque musicale ont été dévalisés pour être mis dans ce film. Ce dernier ne se prive même pas de reprendre la musique culte du Joker, Smile, d’un certain Charlie Chaplin.  Ces musiques entrainantes rendent l’action encore plus vivante aux yeux du spectateur qui se sent comme happé par la tornade Cruella. On citera à titre d’exemple  Feeling Good de Nina Simone ou encore These Boots Are Made for Walkin de Nancy Sinatra. Enfin, on félicite le choix de la bande originale du long-métrage. Celle-ci crée un rythme dynamique pour les aventures de Cruella. On s’y prend même à taper du pied au rythme de la musique !

UN CASTING AU POIL

Pour finir, on constatera que la grande force de ce film réside dans le casting. Traitons du duel entre les deux Emma. Deux actrices aux rôles obscurs mais qui illuminent le film ! 

Sans surprise, Emma Stone (La La Land, Birdman) est vraiment excellente dans le rôle de Cruella. Elle arrive parfaitement à donner de la prestance, du charme, et du charisme à son personnage. Elle saisit parfaitement les deux facettes de son personnage. A titre d’exemple, on peut citer l’ensemble des passages où Cruella commence à dominer petit à petit le monde de la mode avec des costumes folkloriques et colorés. Les moments de folie du personnage sont d’une grande réussite. Emma Stone arrive à y insuffler beaucoup d’humanité. Tout en embrassant le côté sociopathe du perso à travers des répliques, des gestes ou des regards. On ira même jusque la comparer à Joaquin Phoenix dont la fabuleuse interprétation du Joker fut récompensée par l’Oscar du Meilleur acteur en 2020.

Photo du film Cruella - Photo 20 sur 40 - AlloCiné

Le jeu de rôle d’Emma Stone fait donc ressortir toute la force du personnage de Cruella. Aussi bien dans sa voix, son rire, et surtout sa folie. On finit même par avoir de la compassion pour le personnage tant l’actrice l’interprète à merveille. A titre de comparaison, on peut citer Harley Quinn. Un personnage qui se veut maléfique mais pour lequel on ressent de l’empathie quelque part.

Dans ce live action, la sublime Emma Stone est secondée d’une excellente Emma Thompson (La Belle et La Bête, Nanny McPhee) dans le rôle de la monstrueuse Baronne.  Son interprétation démontre toute la puissance de son personnage tant dans la voix que dans les mimiques et surtout dans sa méchanceté. On ne peut que ressentir du dégoût et de la haine pour ce personnage acerbe. La Baronne semble être l’alter ego de Miranda Priestley incarnée par la sublime Meryl Streep dans Le diable s’habille en Prada. 

Cruella : une nouvelle featurette pour le film Live Action

En ce qui concerne le reste du casting, on peut dire que les acteurs sont plutôt bons, que ce soit Joel Fry ou Paul Walter Hauser qui avait fait mouche dans Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood. Ces deux là interprètent très bien les frères criminels Jasper et Horace Badun. Le personnage de Mark Strong est, quant à lui, fort intéressant.

Pour finir, dans ce live action, on peut voir un aspect progressiste dans les personnages de Anita et Roger. En effet, contrairement au dessin animé, Anita est incarnée par Kirby Howell-Baptiste, une actrice noire. Roger est interprété par Kayan Novak, un acteur iranien. Cela contribue donc au succès de cette version édulcorée de Cruella.

Vous l’aurez donc compris : Cruella est un très bon live action avec une âme et une vraie direction artistique dernière. Le film est le fruit de l’innovation non pas un projet suivi à la lettre comme pour Le Roi Lion ou le blockbuster sans art nommé Mulan. Un seul conseil de notre part : ce mercredi 23 juin, foncez en salles obscures rencontrer la brillante, très méchante et un tout petit peu démente, Cruella :