Trap – « Tout le monde est abimé »
J’avais dit sans lactose, pas au lait entier. Vous voulez que je me fasse dessus
Cooper emmène sa fille au concert d’une célèbre pop star. Celui-ci est un piège pour écrouer un tueur en série.
Le dernier M. Night Shyamalan est une cuvée exquise, même s’il serait de bon aloi de participer à la lapidation systématique de Shyamalan. Le metteur en scène est toujours capable d’insuffler de la tension mieux que quiconque ; il demeure un irrémédiable maître du suspense. Il crée un personnage principal aussi captivant qu’inquiétant. Bienheureux seront ceux qui croiront avoir déceler le twist vélocement nonobstant que c’était l’intention du cinéaste. La chanteuse est un pastiche sagace des célébrités proférant des paroles mièvres telles « Pensez à quelqu’un qui vous a fait du mal et essayez de lui pardonner » ou « On a tous besoin d’un mentor ». À noter qu’une deuxième de ses filles se lance dans le septième art : après Ishana en réalisatrice, vient le tour de Saleka en interprète. Néanmoins, il se permet des incohérences ahurissantes et des facilités scénaristiques déconcertantes. Malgré ces quelques réserves, l’histoire est terriblement trépidante.
Longlegs – « J’ai l’impression d’avoir de longues jambes à côté de toi »
Lee, une novice du FBI, se voit confier une affaire cabalistique sur un tueur en série. Le cas s’embroussaille lorsqu’il revêt des allures occultes.
Habituellement, je me défie des superlatifs octroyés par une presse dithyrambique, mais ici, j’aurais eu tort de douter. La promotion est assez fallacieuse car l’œuvre revêt des caractéristiques du thriller tel Le Silence des Agneaux, commentaire éculé, je l’admets volontiers. Le film laisse stupéfait longtemps après le générique de fin grâce à effets sobres pour inspirer l’effroi. Lonlegs, c’est ainsi qu’est surnommé le tueur, est instantanément mythique, ce qui est une performance vu le temps d’écran qu’il possède et il figure déjà parmi les icônes de l’épouvante telles Freddy Krueger et Michael Myers. La réalisation est somptueuse : par exemple, les mouvements de caméra peu véloces lors des travellings. Nicolas Cage est aussi méconnaissable qu’il est dérangeant en meurtrier clownesque.
Une affaire de principe – « On n’empêchera pas un fumeur de fumer. Mais on peut dissuader les jeunes de commencer »
Chaque année, en Europe, sept cents mille personnes meurent des effets du tabac. Huit millions dans le monde
José Bové investigue sur une potentielle incursion de lobbies du tabac au niveau des institutions européennes.
Déjà, le réalisateur n’a nullement choisi un sujet foncièrement cinématographique tant les fulgurances dans la mise en scène sont absentes. Le métrage pourrait captiver s’il ne peinait pas autant à vulgariser en devenant aisément accessible et didactique, et il nous égare irrémédiablement dans ce dédale de procédures. Néanmoins, Bouli Lanners parvient à convaincre allègrement en incarnant l’homme à la moustache affriolante et ce film a le mérite de redonner foi en la politique. Bref, un documentaire aurait été davantage idoine.