Le Moine et le Fusil – « Peu importe ce que Bouddha a enseigné il y a deux mille ans. C’est de la pensée moderne »
Le phallus est sacré dans notre culture
Des élections factices sont organisées au Bhoutan avant ses premières officielles. Parallèlement, un lama recherche une arme.
Premier métrage que je visionne de cette contrée feutrée et paisible (en effet, on rencontre rarement ce nom propre aux actualités). Pawo Choyning Dorji narre la lente ouverture sur la démocratie et par extension la mondialisation par le prisme d’une parabole hautement caustique car c’est un véritable pied de nez au capitalisme sauvage, à la recherche du bonheur par le consumérisme des Occidentaux et à ce système politique qui demeure fort impopulaire dans ce pays. Le film est foncièrement cocasse et décalé, par exemple, lorsque les Bhoutanais découvrent James Bond à la télévision, le fétichisme exacerbé du collectionneur d’armes ou encore la fidélité à leur souverain. Avec le suffrage universel, arrivent les dissensions familiales et relationnelles à cause des choix différents de candidats ; à se demander ce que peut bien apporter celui-ci au pays du Bonheur National Brut. Je ne peux que recommander cette œuvre qui fait connaître des acteurs non-professionnels de ce peuple, convier à découvrir les rites d’un autre monde et contempler des paysages magnifiques.(SPOILER ALERT : ) Quand le miston lance son pistolet en plastique lors de la séance d’offrande, il rejette l’héritage atavique de l’homme.
Stella, une vie allemande – « Pas de piquenique derrière les barbelés »
Vous n’êtes pas responsable du passé, mais il est de votre responsabilité d’éviter que cela se reproduise
Stella est une Juive qui se rêve artiste de jazz. Mais la guerre survient, elle usera de moyens infâmes pour échapper à la déportation.
Le métrage dresse le portrait aussi intransigeant que dérangeant d’une femme hautement turpide. La prestation de Paula Beer est composée de diverses facettes : inquiétantes comme poignantes, son personnage envoûte autant qu’il épouvante en même temps victime et collaboratrice de la tyrannie nazie et du génocide des Juifs, elle est divinement insaisissable. Je la décris comme une personne méprisable, mais qui suis-je donc pour la juger ; ai-je subi les mêmes sévices ou encore la concupiscence des hommes ? Qu’aurais-je effectué dans une situation similaire ? Mon courage aurait-il déserté ? C’est exactement ce genre d’interrogations qui sourdent une fois le film achevé.
The Bikeriders – « Les gens pensent que parce qu’ils font de la moto, les motards sont des êtres malsains »
Dans les années 1960, l’ascension d’un club de motards fictif du Midwest vu à travers la vie de ses membres passant d’un lieu de rassemblement pour les marginaux locaux à un gang plus dangereux.
Jeff Nichols s’attelle à réaliser un film empreint de contestation et de virilité pour un résultat plus que moyen. En effet, il y a des morts dont on se contre-flûte complètement, de l’ennui autant que l’on puisse désirer ; ironique pour un métrage qui devrait faire hurler le bitume. C’est juste une œuvre à propos de petits crâneurs qui veulent en mettre plein la vue car ils se sentent inadaptés à la société. Le comble, c’est que cette histoire de bikers n’avance pas le moins du monde.