Le 14 août dernier, Netflix a publié Project Power, son premier film de super-héros. La plateforme veut surfer sur ce genre très demandé, avec une production super-héroïque réalisée par Henry Joost et Ariel Schulman, le duo derrière Nerve. Pour l’occasion, le casting réunit Jamie Foxx, Joseph Gordon-Levitt et Dominique Fishback. Avec Project Power, Netflix veut offrir son propre film de super-héros, en donnant une approche un peu différente. Pari réussi ? Focus.
Project Power : un projet qui manque d’ambition
Avec Project Power, Netflix veut entrer dans la cour des grands, et surtout dans le game des films de super-héros. Mais avec ce genre qui est en pleine expansion depuis maintenant vingt ans, difficile de proposer quelque chose d’original. Donc forcément, la plateforme ne pioche pas la carte du scénario basique du genre. Elle préfère surfer sur la vague du moment créée chez les petits malins de The Boys. Donc ici, pas de héros prêt à sauver le monde, pas de super-vilain qui menace de détruire une ville. Project Power a pour ambition de partager un film urbain, où les enjeux restent à échelle humaine, parsemés de quelques touches fantastiques. Un film crasseux, corrosif, sarcastique et décalé. Netflix voulait une série B efficace et assez simple. Finalement, Project Power parvient relativement bien à atteindre ce statut. Pour autant, le film manque cruellement d’ambition.
Project Power souffre également de la comparaison avec The Boys. Henry Joost et Ariel Schulman empruntent beaucoup d’éléments à la série d’Eric Kripke. Déjà dans l’histoire, puisque comme dans le show d’Amazon, les pouvoirs sont issus de pilules. Pas de mutation naturelle, mais simplement une drogue qui confère à ses utilisateurs des capacités hors normes. Dans le traitement aussi, Project Power n’hésite pas à plagier son prédécesseur. Le film met en scène des anti-héros, des individus qui ne cherchent qu’à atteindre leur but personnel. Sans être aussi acerbe et trash que The Boys, Project Power veut lui aussi aller à l’encontre du genre dominant : le super-héros manichéen. Mais pour autant, le long-métrage ne décolle jamais vraiment, demeurant une œuvre relativement prévisible et souvent en panne d’inspiration.
Une réalisation limitée
La faute à un manque de vision artistique, et une absence de personnalité. Outre l’ambiance série B un peu fauchée agréable, le film ne propose finalement pas grand-chose de passionnant. L’histoire est ultra classique, et le scénario ne réserve pas beaucoup de surprises. En ressort une intrigue téléphonée et vue un milliard de fois qui ne serait totalement passionner son assistance. Ensuite, la réalisation est cruellement dénuée de panache. L’esthétique est dépourvue de cohérence, et ne sait pas vraiment sur quel pied danser. Henry Joost et Ariel Schulman offrent à la fois une approche assez sombre et qui tend vers le crasseux, tout en proposant des plans très blockbuster, bourrés de lumières vives et de slow motions pas forcément nécessaires.
Mais ce qui pêche le plus, ce sont les scènes d’action. Henry Joost et Ariel Schulman ne savent pas comment réaliser une séquence d’action. Celles-ci sont tournées avec les pieds, n’offrant aucune fluidité, ni aucune visibilité. Mais surtout, elles ne racontent pas grand chose, ne se matérialisant que par une succession de plans mécaniques et paresseux. Pour un film de super-héros c’est un peu embêtant. Ainsi, les combats ne riment pas à grand-chose, et sont d’une laideur abyssale. Bref, globalement c’est assez moche, et le film manque cruellement d’inventivité, autant dans l’écriture que dans la mise en scène. Reste un trio d’acteurs solide, et une ambiance relativement attrayante. Mais Project Power stagne dans le bas du panier du genre.
Bref, Project Power est donc une déception de plus. Même si le film a plus d’âme que la plupart des productions originales Netflix, il ne décolle jamais vraiment. La faute à un scénario téléphoné, à un rythme trop inégal et à des scènes d’action tournées avec le cul. Dommage…