Critique « Light of my Life » de Casey Affleck : un survival classique mais efficace

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Après I’m Still Here – The Lost Year of Joaquin Phoenix, Casey Affleck est de retour derrière la caméra pour la réalisation de son deuxième long-métrage : Light of my Life. Disponible au cinéma dès ce mercredi 12 août, l’histoire raconte le destin du personnage de Casey Affleck et de sa fille dans un univers dystopique post-apocalyptique. Dans ce futur peu avenant, les femmes ont pratiquement disparu. Ce qui conduit Casey Affleck à dissimuler sa fille, et à la protéger de la folie humaine. Côté casting, la distribution se complète de Anna Pniowsky, d’Elisabeth Moss et de Tom Bower.

Quelque part entre La Route et Les Fils de l’Homme

Light of my Life est globalement une réussite, mais ne révolutionne jamais le genre. C’est une proposition extrêmement classique de survival, qui ne se démarque pas de ses prédécesseurs. Quelque part entre La Route et Les Fils de l’Homme, le film s’inspire sans réellement réadapter ce type d’histoire. Comme dans La Route, les deux protagonistes arpentent un environnement froid et délaissé de vie. Le quotidien n’est plus le même, et Affleck doit protéger sa fille envers et contre tous. Evidemment, les thématiques empruntent fortement à Les Fils de l’Homme où Alfonso Cuaron imaginait un avenir où les enfants ne naissent plus. Light of my Life est le mariage parfait de ces deux classiques du genre. Mais le film de Casey Affleck souffre de la comparaison et ne peut exister que dans leur ombre.

Critique "Light of my Life" de Casey Affleck : un survival classique mais efficace

Après, Light of my Life est relativement solide. L’écriture est précise, le rythme plutôt bien géré, et les thématiques proposées sont bien traitées. Casey Affleck dépeint une relation père/fille crédible, attachante, parfois touchante et surtout plutôt pertinente. Il ancre cette relation paternelle dans un univers asphyxiant. A travers ce procédé, il aborde la crainte d’être parent, la perte de l’être aimé, le deuil, mais également l’éducation, l’évolution, le passage à l’âge adulte, et la disparition du parent pour l’épanouissement de l’enfant. Bref, des thèmes très classiques, mais que Casey Affleck utilise avec une certaine lucidité.

Un parallèle avec Hollywood ?

On ne peut s’empêcher de voir dans Light of my Life un parallèle avec le monde Hollywoodien. Casey Affleck semble faire une analogie avec le monde réel, et les dangers du milieu. On peut aisément comparer son œuvre avec une réalité terrible, où les femmes se font harceler par les hommes, par les puissants, par les producteurs. D’où cette proposition d’un monde où les femmes ont pratiquement disparu et où les dernières survivantes se cachent, fuient, et sont traquées pour être violées et exploitées. A travers cette histoire, Casey Affleck semble réellement faire ce type de rapprochement.  

Critique "Light of my Life" de Casey Affleck : un survival classique mais efficace

Pourtant, en 2010, l’acteur est lui-même accusé de harcèlement sexuel par deux femmes suite au tournage de I’m Still Here – The Lost Year of Joaquin Phoenix. Une accusation qui est ressortie pendant le mouvement #MeToo. L’une des plaignantes, la productrice Amanda White, a révélé que l’acteur lui avait fait à plusieurs reprises des avances sexuelles. Il se serait même montré violent face à ses refus répétés. Jamais condamné, l’acteur a toujours apporté son soutien à ce mouvement, et est resté très silencieux sur ces fameuses dénonciations. En 2019, il avait néanmoins réagi à ces incriminations :

« Je me suis dit que la meilleure chose à faire, c’était de rester silencieux pour que je n’ai pas l’air d’être en opposition avec quelque chose que je voulais vraiment défendre »

La rédemption de Casey Affleck ?

Il regrette la manière dont certains le perçoivent parfois. Alors, peut-être, peut-on voir à travers Light of my Life une certaine rédemption ? Certains y verront une forme d’hypocrisie. Mais semble-t-il que Casey Affleck voulait faire son expiation à travers son nouveau métrage où il se place en fervent défenseur de la gente féminine. Peut-être que ce procédé est un peu simple, mais il semble venir d’une véritable volonté de bien faire, tout en recherchant peut-être une forme de pardon. Mais tout ceci n’est que pure interprétation. Et cette analyse s’éloigne de l’intérêt premier du métrage : un survival humble et relativement maîtrisé.

Critique "Light of my Life" de Casey Affleck : un survival classique mais efficace

Bref, Light of my Life est bourré de bonnes intentions, même si parfois, le film souffre de la comparaison avec ses aînés. Mais pour son nouveau film, Casey Affleck s’en sort avec les honneurs, proposant une œuvre aux thématiques contemporaines fortes, que ce soit sur le féminisme ou la pandémie. Il emprunte également à son talentueux ami David Lowery, le réalisateur du superbe A Ghost Story, notamment dans son approche minimaliste et épuré.

Light of my Life est disponible en salles dès le 12 août 2020. Découvrez ci-dessous la bande-annonce.