Critique « L’échappée belle » de Paolo Virzi : un tendre et improbable road-movie

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Au cinéma, la vieillesse est souvent dépeinte comme triste et déprimante. Pour son premier film américain  (adapté du roman le cherche –bonheur de Michael Zadoorian), le réalisateur Italien Paolo Virzi fait l’inverse et nous délivre avec L’échappée belle une folle aventure où un vieux couple malade s’enfuit en camping-car sur les longues et magnifiques routes de la côte Est des Etats-Unis.

Une histoire drôle et touchante

Tout commence un matin où, afin d’échapper à l’hospitalisation qui les guette, Ella et John Spencer, décident sans avertir personne de prendre la route à bord de leur vieille caravane. Tout au long de leur périple, les deux protagonistes vont s’évertuer à passer pour un vieux couple en vacance, dissimulant avec soin le cancer de madame et l’Alzheimer de monsieur. Paolo Virzi s’amuse à flirter subtilement  avec les situations comiques et absurdes  provoquées par les pertes de mémoire de John et la tragédie dans le regard d’Ella qui sent que la fin est proche. A l’instar du film Sans plus attendre de Rob Reiner (2007), L’échappée belle est une douce et amusante rébellion contre l’hospitalisation forcée, qui en profite pour pointer du doigt la mort dans la dignité.

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Passé – Présent –  Futur ?

Le passé est le point d’ancrage du film, mais également son moteur. La vie d’Ella et John semble renaître à travers la bande son qui évolue du rock des années 70 aux nappes planantes classiques, en passant par des musiques au ton enfantin. De plus, Paolo Virzi réalise le tour de force en utilisant la maladie de John  pour apprendre aux spectateurs des événements antérieurs.  La caravane des deux protagonistes est renommée « le cherche-bonheur » et cela résume parfaitement l’état d’esprit de cette ultime traversée de l’Amérique et de leurs souvenirs. Tantôt la caméra filme en plan large la caravane roulant en quête d’une contrée lointaine tel un rêve. Tantôt elle capte en gros plan les visages marqués et souffrants du couple, nous ramenant à la réalité.

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Des acteurs au sommet

Le duo Mirren / Sutherland, à nouveau réunis après 27 ans (Bethune : The Making of a Hero,1990) porte le film à eux seuls. Donald joue un personnage attachant et très cultivé, ancien professeur de Français et grand amateur d’Ernest Hemingway. Tout au long du film, il doit osciller entre le sérieux et le ridicule pour se rapprocher au mieux de la démence du personnage et il le fait avec une telle humilité que jamais nous ressentons le moindre pathos. Quand à Hellen, celle-ci est remarquable en femme dévouée, coquette mais très malade. Elle est imprégnée d’une détermination exemplaire et magnifique, notamment à la fin du film, où le couple rayonne et où leur amour semble immortel.

Le couple Hellen Mirren / Donald Sutherland excelle et nous transporte dans un ultime voyage où se mélangent le souvenir des jours heureux et la dissimulation belle mais vaine de la maladie. Tant de finesse et d’ingéniosité de la part de Paolo Virzi pour nous raconter cette improbable virée teintée de nostalgie et d’amour, beaucoup d’amour !

 

Bande-annonce L’échappée belle :