Depuis le 16 septembre dernier, Le Diable, tout le temps est disponible sur Netflix. Réalisé par Antonio Campos, cette œuvre inédite réunit un casting impressionnant, notamment composé de Bill Skarsgard, Tom Holland, Robert Pattinson, Sebastian Stan, Mia Wasikowska et Jason Clarke. Antonio Campos, vous ne le connaissez sans doute pas. Ce jeune cinéaste américain s’est déjà illustré à travers de nombreuses séries comme Homemade, The Punisher ou encore The Sinner. Côté films, il a, entre autres, réalisé Simon Killer, Afterschool et Christine. Focus !
Une œuvre brillamment écrite
Ce qui frappe dans Le Diable, tout le temps, c’est avant tout la qualité d’écriture. Antonio Campos signe une aventure passionnante à travers le temps et le territoire américain. Il emmène son spectateur dans l’Amérique profonde, à travers différentes villes et différentes époques. Le Diable, tout le temps est une histoire d’affranchissement. Celle du jeune Arvin (Tom Holland) qui va devoir se battre pour s’émanciper des doctrines religieuses de son ère et affronter ses plus profonds démons.
Antonio Campos porte un regard sur une religion dangereuse et asservissante. Il retourne à une époque où la religion chrétienne était un moyen de contrôler la pensée, de contrôler les masses, et surtout un prétexte aux pires atrocités. Il rappelle que l’utilisation de Dieu comme témoin, de la religion comme règle à suivre, ont été l’outil des pires écarts, des pires scandales, des pires folies. Sans en faire des tonnes, sans jamais tomber dans le pathos, dans la gratuité ou la surenchère, le cinéaste décrit brillamment une époque de servitude, de soumission, avec la religion comme excuse universelle. Et globalement, Le Diable, tout le temps, est un film intelligent, et parfaitement maîtrisé.
Un casting hors pair
Le seul et unique bémol de cette œuvre, c’est sans doute son rythme un poil trop lent. Une durée de 2h20 qui aurait pu être légèrement élaguée. Mais sinon, Le Diable, tout le temps tient parfaitement la route. Le film doit évidemment beaucoup à son casting impeccable. Comme à son habitude, Robert Pattinson prouve qu’il est un grand acteur. Un comédien impressionnant, capable de tout jouer, du vampire au cinéma de David Cronenberg, en passant par le pire psychopathe, avec une aisance folle. Il est temps de respecter cet acteur incroyable et de lui rendre ses galons.
L’autre star, Tom Holland, s’en sort lui aussi à merveille dans ce rôle à contre-emploi. Difficile de passer dans un tel personnage derrière son interprétation de Spider-Man, le rôle auquel il sera éternellement associé. Mais le jeune acteur s’en sort grandi. Encore parfois légèrement maladroit, il est certain que le jeune homme a une belle carrière devant lui. Et son interprétation dans Le Diable, tout le temps, le prouve.
Antonio Campos propose une mise en scène presque minimaliste. Sans en faire des caisses, avec une simplicité salvatrice, il emprunte discrètement à ses aînés. Le cinéaste s’inspire délicatement du cinéma des frères Coen, de Clint Eastwood, voir même de Terrence Malick. Des frères Coen, notamment via la photographie sombre, et jaunâtre, qui rappelle le western, un genre cher aux deux frères. Mais également de par cette voix off qui narre l’histoire, un procédé souvent utilisé par les réalisateurs de No Country for Old Man. Des références à Clint Eastwood, dans le traitement de l’histoire, à travers ces personnages torturés, et cette violence profonde. Enfin, quelques effets techniques rappellent le génie de Terrence Malick, avec, parfois, une caméra en apesanteur, et des plans d’une beauté certaine. Les thématiques religieuses sont également souvent traitées par le réalisateur du récent Une Vie Cachée.
Bref, Le Diable, tout le temps, est une profonde réussite. Un produit parfaitement écrit et sublimement interprété, qui propose un regard intéressant sur l’Amérique profonde du XXème siècle. Même si la réalisation manque parfois de force et de rythme, c’est un film puissant, où Tom Holland se révèle être un acteur à la carrure impressionnante.