Critique : Le chasseur et la Reine des glaces

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Quand « Game Of Thrones » rencontre « La reine des neiges » ! Ce mercredi sort « Le chasseur et la reine des glaces » réalisé par Cédric Nicolas-Troyan. A la fois suite et prequel de « Blanche neige et le chasseur », « le chasseur et la reine des glaces » nous emmène sur les traces du chasseur, interprété par Chris Hemsworth.
Surfant allégrement sur le succès de la « Reine des neiges » et autres classiques Disney, tout en y ajoutant des éléments d’heroic-fantasy, « Le chasseur et la reine des glaces » tente d’unifier divers ingrédients à succès pour un résultat assez boiteux.

  • Un scénario bancal  :

Côté scénario, il est vrai que l’on n’attend pas de fulgurances philosophiques dans ce registre qui est avant tout un divertissement. Néanmoins, à aucun moment l’histoire ne semble faire un effort pour s’élever, là où des idées intéressantes auraient pu être plus développées. Si le recyclage de vieux clichés n’est pas plus dérangeant que dans d’autres films, le postulat Disney comme quoi « L’amour est plus fort que tout » est outrancièrement exploité et devient rapidement lassant.Cela est évidemment cohérent si l’on se rappelle que l’histoire toute entière est basée sur les forces et les faiblesses que procurent l’amour et l’attachement. Néanmoins, étant la seule et unique base de la morale du film, « l’amour est plus fort que tout » ne laisse aucune place aux autres éléments du film qui auraient mérités d’être développés (comme les pouvoirs du miroir), et préfère se reposer sur cette vieille rengaine propre aux films les plus édulcorés de la franchise Disney. La construction de l’histoire pose également quelques problèmes concernant l’avancement du film. Passant difficilement d’une scène à l’autre, sans savoir sur quels personnages se focaliser, le film se construit de manière assez anarchique, ce qui empêche parfois de nous immerger totalement dans le récit.

le chasseur et la reine des glaces
Copyright Universal Pictures International France
  • Des effets visuels réussis :

Bien que le scénario en lui-même soit bancal, nous pouvons néanmoins saluer une réalisation et des effets visuels réussis et plutôt efficaces. Moins sombre que le précédent opus, « Le chasseur et la reine des glaces » embrasse de manière plus assumée la fantaisie propre à son univers et nous immerge dans une ambiance féérique appréciable. Cela est notamment dû au travail sur les décors, fourmillants de détails et nous plongeant allègrement dans un univers fantastique et envoûtant. Cela est également dû aux magnifiques créations de costumes menées par Colleen Atwood, grande costumière récompensée 3 fois aux Oscars et notamment connue pour ses très nombreuses collaborations avec Tim Burton.

  • Des scènes d’actions appréciables :

Bien gérées et efficacement mises en scènes, les scènes d’action sont d’assez bonnes factures et faciles à suivre à l’œil nu. Ni trop courtes, ni trop longues, celles-ci sont dynamiques, sans pour autant tomber dans le piège (pourtant si commun) du « une image pas seconde ». L’action profite également du contexte fantastique pour se permettre quelques petites fulgurances visuelles, notamment avec les pouvoirs maléfiques de Ravenna ou encore lors des déchaînements de colère de la reine des glaces. Les scènes de combat sont également bien chorégraphiées. Sans être particulièrement novatrices, celles-ci allient la grâce des arts martiaux asiatiques aux techniques plus abruptes du combats médiévales. Elles harmonisent ainsi la de manière intéressante la brutalité et la souplesse et sont pour la plupart de bonne qualité malgré quelques petites imperfections (n’étant pas dommageables).

Copyright Universal Pictures International France
Copyright Universal Pictures International France
  • Des performances d’acteurs en demi-teinte :

D’une manière générale, le panel d’acteurs qui nous est offert s’en sort particulièrement bien. Chris Hemsworth et sa partenaire Jessica Chastaing sont tous les deux très bons dans leurs rôles respectifs. Chris Hemsworth tient toujours aussi bien son rôle de combattant intègre et n’ayant pas peur de laisser paraître au grand jour ses sentiments amoureux. De son côté, Jessica Chastaing est parfaite en femme guerrière refoulant sa sensibilité. Tous deux forment une agréable équipe et donnent une dimension très attachante à leurs personnages. Charlize Theron, de retour en reine Ravenna, est également très appréciable. Se complaisant parfaitement dans le registre de méchante froide et séductrice, celle-ci semble interpréter ce rôle avec plaisir et sans aucune difficulté. Le seul rôle principal qui peine à se mettre en valeur est malheureusement celui de la reine des glaces, interprété par Emily Blunt. Sur-jouant ou sous-jouant à tour de rôle, celle-ci peine à trouver le registre adéquat pour ce personnage qui bénéficiait pourtant du meilleur potentiel émotionnel du film. Les seconds rôles quant à eux, sont tous plutôt appréciables bien qu’ils soient rapidement oubliables. Une petite mention spéciale peut être attribuée à Nick Frost (Paul, Shaun of the dead…) interprétant le rôle d’un nain de manière aussi cocasse et hilarante que le reste des rôles dans lesquels nous avons l’habitude de le voir.

4. Conclusion :

Sans être un ratage complet, « Le chasseur et la reine des glaces » souffre du même problème que beaucoup des blockbusters actuels, à savoir le manque d’identité propre ! Préférant se baser sur des succès préexistants plutôt que sur des idées originales, celui-ci se retrouve rapidement face à ses limites. Même si le principe de revisiter des contes et légendes ne date pas d’hier, nous sommes actuellement face à un problème d’aseptisation et d’uniformisation des histoires et de leurs modèles de narration. Néanmoins, la fin laissant présager une hypothétique suite, nous pouvons peut-être espérer que celle-ci ne se reposera pas trop sur des facilités scénaristiques et de réalisation et que cette tentative de revisiter ces diverses légendes sera plus aboutie.