Critique « La Femme la plus Assassinée du Monde » (Netflix) : plongée manquée dans le théâtre des horreurs

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« La Femme la plus Assassinée du Monde » : c’est le surnom bien mystérieux et sordide de Paula Maxa, comédienne morte plus de 10 000 fois sur les planches du fameux théâtre parisien des années 30, le Grand-Guignol. En faire un film était une idée bien ambitieuse, que Franck Ribière parvient à réaliser par moment, mais sans jamais convaincre réellement. Une histoire passionnante mal exploitée, de laquelle on se détache bien trop facilement.

L’intrigue de départ de La Femme la plus Assassinée du Monde n’est pas bien loin de la réalité : au coeur de Paris, dans l’un des quartiers mal famés de la capitale, un théâtre ébranle le voisinage. Le Grand-Guignol est au théâtre de ce que sont pour nous les films d’horreur au cinéma : un spectacle cathartique truffé d’effets sanglants et d’illusions morbides, mettant en scène les pires vices et les meurtres les plus atroces. Le long-métrage de Franck Ribière y prend place avec une grande aisance, et y place les personnages-clés du théâtre : Paula Maxa (Anna Mouglalis, actrice à la voix magnétique), la fameuse comédienne tuée plus de 10 000 fois sur scène, André de Lorde (Michel Fau), le directeur quasi-tyrannique du Grand-Guignol, ou encore Jean (Niels Schneider), le journaliste du Petit Journal, se croisent et s’affrontent dans un scénario malheureusement trop confus et qui nous laisse sur notre faim.

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Le sujet nous laisse rêveur : les mises en scène minutieusement réalisées des spectacles du Grand-Guignol nous transportent magnétiquement dans les années 30, avec une réalisation plutôt bien menée. Cinéma et théâtre se confrontent avec une belle justesse, qui aurait mérité malheureusement un meilleur développement. Et c’est là que le bât blesse : sous un sujet passionnant se développe un scénario bien trop complexe et confus, où toutes les intrigues se chevauchent et se suivent dans une logique bien trop obscure. Le flou scénaristique qui mêle le passé de Paula Maxa, l’avenir du théâtre ou les aventures de Jean, nous perdent rapidement jusqu’à aboutir à des situations insensées, où chaque fil de l’intrigue s’emmêle avec les autres. Le thriller, le personnel et l’universel se croisent pour donner des moments bien étranges, où tout ressurgit à un moment inattendu.

Mais la force de La Femme la plus Assassinée du Monde réside dans la mise en scène du monde des illusions et du réel, les nuances et mélanges entre l’imaginaire et la réalité. Les images de Paula et du théâtre se déforment dans une torpeur onirique toujours plus sombre, malheureusement encore une fois trop peu exploitée. Le directeur de la photographie Laurent Barès compose et décompose ses plans en véritables tableaux vivants, tels cette photographie dans le miroir qui prend vie, ce souvenir perdu dans la tragédie. Si tout le film est très sombre, la lumière n’en reste pas moins maîtrisée de bout en bout, et nous offre de beaux moments de répit, entre deux actes sanglants. 

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La direction des acteurs peut, quant à elle, être assez déroutante : avec un texte très écrit, les acteurs se rapprochent plus des comédiens, et s’ils s’attachent fondamentalement au monde du théâtre, ils ont parfois bien du mal à convaincre dans un monde cinématographique. La Femme la plus Assassinée du Monde souffre également de nombreux défauts de mixage son, et la musique originale, très bonne au premier abord, finit par lasser à force de se répéter. 

Sous de belles intentions et une réalisation bien menée, La Femme la plus Assassinée du monde souffre de quelques défauts, qui nous font malheureusement trop souvent sortir de l’intrigue et de cet univers pourtant si fascinant. Un film à découvrir tout de même dès maintenant sur Netflix ! 

Bande-annonce de La Femme la plus Assassinée au Monde :