Critique « Keeper » de Guillaume Senez

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Guillaume Senez signe avec Keeper, drame social belge, son premier film, porté par deux jeunes interprètes plutôt inconnus : Kacey Mottet Klein, aperçu dans Gemma Bovery et Galatéa Bellugi, déjà crédité au générique d’A 14 ans.

Synopsis : Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent leur sexualité avec amour et maladresse. Un jour, Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle, mais peu à peu se conforte dans l’idée de devenir père. C’est maintenant décidé : du haut de leurs quinze ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents.

Keeper : un film d’auteur à l’humanité rare

Keeper

Porté par un scénario assez classique singularisant des situations inadaptées à de jeunes adolescents, en l’occurrence une grossesse inattendue, Keeper est un film d’auteur abouti. Guillaume Senez présente le questionnement interne d’un jeune couple quant à la conservation de leur futur enfant. Il transmet l’impuissance de la jeunesse dans cette situation bancale, intégrant ces jeunes protagonistes dans la société, face aux aprioris sociaux et politiques de l’entourage. Les deux jeunes acteurs, pourtant débutants, portent leurs personnages avec conviction et spontanéité. La réalisation de Guillaume Senez se veut réaliste pour capter toute l’attention, la contrariété et la perte de repères des deux jeunes protagonistes, capter leur sentiment, subtil mélange de peur et d’émerveillement. Il cherche à montrer la fragilité des adolescents, leur légèreté, leur insouciance et leur amour par-dessus tout. Guillaume Senez ne recherche pas l’originalité dans son histoire mais la justesse d’un point de vue sur la trajectoire de cette épreuve, selon l’aspect masculin et l’aspect féminin. Une justesse de jeu dans une forme cinématographique réaliste, Guillaume Senez ne construit pas ses personnages à l’intérieur d’un cadre, d’une histoire fictive, mais les relève dans une histoire émanent de la vie elle-même, difficile à capter.

Keeper

Le cinéaste aborde cette histoire à travers le prisme de la paternité et plus précisément de son impuissance par rapport à l’évolution juridique des choses. Tiraillés par une décision difficile et les opinions de leurs mères, l’une compréhensive quant au choix du jeune couple de garder le nouveau-né, l’autre intransigeante, définitivement contre, les jeunes personnages avancent dans un flou. Ces deux mères vont être les positions sociales que le public choisira selon son vécu et sa sensibilité, il va en adorer une et détester l’autre, ou inversement. Guillaume Senez n’impose pas son opinion, il se contente simplement d’exposer des faits et laisse la liberté de choix et de réflexion à son public. Car, les deux arguments s’opposent : la jeunesse inexpérimenté ne peut s’occuper d’un enfant en bas âge sans risquer de passer à côté de sa vie ou à l’inverse notre société actuelle est à même de protéger l’enfant et les jeunes parents en leur offrant un avenir digne de ce nom. Jusqu’au cut final, assez somptueux et renversant, Guillaume Senez va poser les bons questionnements, va exposer des faits avec objectivité et respect.