Le Dernier Duel : Ridley Scott signe son meilleur film depuis longtemps

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Ridley Scott n’avait rien sorti depuis Tout l’argent du monde en 2017. Le cinéaste, aujourd’hui âgé de 83 ans, est de retour avec sa nouvelle production : Le Dernier Duel. Ecrit par Nicole Holofcener, Matt Damon et Ben Affleck, le long-métrage retrace les événements inspirés de faits réels qui se sont déroulés en France au XIVème siècle. Le film dévoile d’anciennes hypothèses concernant le dernier duel judiciaire connu en France, entre Jean de Carrouges, incarné par Matt Damon et Jacques Le Gris campé par Adam Driver. Ces deux anciens amis en viennent à se confronter en duel à la mort, lorsque Jacques Le Gris est accusé de viol par Marguerite de Carrouges, interprétée par Jodie Comer, d’une efficacité incroyable. Le Dernier Duel marque en tout cas le retour en force de Ridley Scott.

Le Dernier Duel : un montage intelligent en trois parties

Ça fait plaisir de retrouver Ridley Scott à un niveau aussi élevé. Après une série de films décevants comme Exodus, Cartel, Alien : Covenant, ou quelques propositions relativement agréables mais pas inoubliables comme Seul sur Mars et Tout l’argent du monde, le cinéaste est de retour à son meilleur. Il faut dire que les films médiévaux, il connaît. Après Kingdom of Heaven, Les Duellistes, Robin des Bois et évidemment Gladiator, Scott est de retour dans cet univers qui lui sied tant.

Le Dernier Duel : Ridley Scott signe son meilleur film depuis longtemps

Avec Le Dernier Duel, le cinéaste propose une relecture impressionnante de ce fait judiciaire méconnu. Il adapte les éléments de l’époque pour mener une enquête méticuleuse, en racontant la vérité selon chacun des protagonistes. Via un montage intelligent en trois chapitres, il narre les événements selon le point de vue de Jean de Carrouges, puis de Jacques Le Gris, pour terminer sur la vision de la principale intéressée : Marguerite de Carrouges.

Par ce procédé, Ridley Scott offre à ses spectateurs une triple histoire passionnante. Enfin, plus exactement la même histoire prise par trois prismes différents. Trois versions des faits qui se répondent, ou au contraire qui se contredisent, à travers des détails extrêmement pertinents : des dialogues qui changent, des détails visuels qui ne sont pas les mêmes, etc… Une manière également de sublimer sa mise en scène, qui se ressemble dans chaque histoire, sans pour autant être totalement à l’identique.

Le Dernier Duel : Ridley Scott signe son meilleur film depuis longtemps

Avec ce montage en trois parties, le cinéaste couvre toute l’histoire, toutes les possibilités, en optant pour un découpage moderne et inattendu, qui offre la part belle à ses trois interprètes. Adam Driver, Matt Damon et surtout Jodie Comer sont tous les trois d’une précision hallucinante. Ils crèvent l’écran dans des rôles musclés, et ambigus, qui jettent un regard perspicace sur une époque barbare. Jodie Comer, qu’on a récemment vu dans Free Guy, prouve que c’est une actrice incroyable.

Des thématiques étonnement actuelles

Outre ce montage intelligent, Ridley Scott aborde des thématiques extrêmement actuelles. Si les événements se déroulent au XIVème siècle, les sujets développés offrent un miroir surprenant avec notre propre époque. En pleine période post me-too, Ridley Scott livre un film qui traite de l’émancipation de la femme et de la libération de la parole. Jodie Comer incarne la première femme qui élève sa voix face à un viol, à une époque où la gent féminine n’a évidemment aucune place. Envers et contre tous, elle se dresse contre une hiérarchie politique religieuse et intransigeante, contre des mœurs sexistes et violentes, et face à une terrible vérité qui va raisonner jusque dans la cour du roi. Le Dernier Duel est donc une œuvre terriblement actuelle, qui se place du côté de la femme, et fait entendre des propos contemporains, issus d’une époque ancienne de plusieurs siècles.

Le Dernier Duel : Ridley Scott signe son meilleur film depuis longtemps

Et toute cette histoire, que ce soit ce montage en trois parties, où les enjeux définis tout au cours de ce film finalement très politique, servent un combat final d’une puissance rare. Ou plutôt, paradoxalement, c’est ce combat final qui sert le propos instaurés au cours du film. Loin d’être gratuit, il magnifie les thématiques abordées pendant les 2h de métrage. C’est une confrontation finale qui cristallise tous les enjeux du récit dans une joute physique d’une beauté visuelle qui n’a rien à envier à Gladiator. Un point final grandiose, pour une épopée sociale et politique d’une puissance théâtrale qui signe peut-être le renouveau de Ridley Scott.